Les Contes de la crypte 5-03 : Objectif meurtre – Gary Fleder
Les Contes de la crypte. Saison 5, épisode 03.
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Célèbre photographe de guerre sur le déclin, Dalton Scott part en Amérique Centrale pour le reportage de la dernière chance. S’il ne ramène pas à son employeur une photographie qui l’émeuve, il peut dire adieu au métier. En guise de difficulté supplémentaire, il doit composer avec la présence d’Isaac Forte, un jeune photographe très prometteur. Plutôt que de s’en offusquer, Dalton Scott préfère s’en accommoder en trouvant le moyen d’utiliser les talents de son confrère à son profit.
Au fil des saisons et des épisodes, la série finit par offrir un panel élargi de divers corps de métiers. Par le passé, elle avait déjà frayé avec le milieu du journalisme (En faire son deuil et Dernière limite, respectivement épisode 10 et 12 de la deuxième saison) mais jamais via les photo-reporters. C’est désormais chose faite par l’entremise de Gary Fleder, qui après son hommage au film noir de la saison 4 (Séance) renoue avec son époque en orchestrant cette quête à la photo choc en terrain hostile. Et pour cela, il ne craint pas d’écorner l’image de ces photographes aventureux, généralement loués pour les risques encourus, via les vicissitudes de l’un d’entre eux ramené à ses plus bas instincts.
Il s’avère toujours délicat d’être et d’avoir été. De tous les conflits, Dalton Scott a été couronné de nombreux prix tout au long de sa carrière dont le prestigieux prix Capa. Il est une sommité de sa profession dont l’œuvre est étudiée dans les écoles spécialisées. Sauf que les années passant, son regard sur les événements qu’il couvre a perdu de son acuité, ses photos ressemblant au tout-venant. Dalton en a conscience mais s’en accommode. Après tout, elles lui permettent encore de gagner sa vie, et c’est bien là tout ce qui lui importe. Néanmoins, sa désinvolture masque une fêlure. Il n’aime guère le photographe qu’il est devenu et nourrit en conséquence une grande gêne devant l’idolâtrie affichée par le jeune photographe Isaac « Ike » Forte, laquelle le renvoie constamment à son glorieux passé, et partant à son présent bien morne. Deux événements concomitants l’amènent à prendre réellement conscience du mauvais tour qu’a pris son existence. Il y a en premier lieu cet ultimatum que lui adresse son employeur, puis il y a sa rencontre avec Bobbi. Bobbi n’est autre que l’épouse d’Ike ainsi que sa raison de vivre. Elle représente tout ce sur quoi Dalton a tiré un trait, lui qui a préféré brûler la vie par les deux bouts plutôt que de se poser. Au cours du dîner auquel son collègue l’a convié, un jeu de séduction s’installe entre Bobbi et lui avec la complicité fortuite d’Ike. Un jeu dont Dalton est le dindon, Bobbi prenant un malin plaisir à le chauffer pour mieux refroidir ses ardeurs dans la foulée. Mais il n’en a cure puisque cette soirée lui fournit le déclic nécessaire qui doit l’amener sur le chemin de la rédemption professionnelle.
L’intrigue quitte alors les intérieurs chaleureux de la demeure des Forte pour la touffeur de la jungle d’Amérique Centrale. Pour dépaysant que cela puisse paraître sur le papier, la vérité est toute autre. Pour raisons budgétaires, ladite jungle se limite à quelques arbres et une clairière. Gary Fleder filme au plus près de l’escouade, composée de seulement quatre mercenaires, auxquels s’ajoutent les deux photographes. On ne verra donc rien de Vamalera, ce village totalement décimé par des armes bactériologiques envoyées par l’armée américaine. En ce qui le concerne, place est laissée à l’imagination du téléspectateur, titillée par la description détaillée qu’en fait Roarke à Dalton dans l’avion qui les mène en Amérique Centrale. Lors de ce récit est évoqué le douloureux souvenir de My Lai, le massacre de villageois vietnamiens par des soldats américains, et de manière générale cette manie qu’a l’armée américaine de mener des actions aussi confidentielles que destructrices pour les populations locales. Sans l’air d’y toucher, Gary Fleder ne se prive donc pas pour dénoncer les dérives impérialistes des États-Unis en rappelant des horreurs bien réelles, lesquelles contrebalancent avec celles plus classiques proposées par l’épisode. Car le clou du spectacle réside dans la lente décomposition de ce pauvre Ike, sacrifié sur l’autel des ambitions de Dalton. Des scènes riches en effets gores qui viennent rappeler la réelle nature de la série.
Particulièrement retors envers son personnage principal, Objectif meurtre s’amuse à lui faire toucher du doigt son Graal ( le terme est approprié) pour le faire chuter de manière encore plus vertigineuse. Dans le rôle de Dalton, on retrouve Roger Daltrey. Libéré de ses obligations de chanteur des Who, il continuait d’étoffer une carrière de comédien qui doit beaucoup à la télévision. Cette même année, il allait intégrer de manière durable le casting de la série Highlander. Face à lui, on retrouve un Steve Buscemi alors en phase ascendante, Reservoir Dogs venait de faire parler de lui. Gary Fleder lui donnera d’ailleurs un rôle pour son premier film, l’injustement méconnu Dernières heures à Denver. Mais ça, je crois vous l’avoir déjà dit.
Un épisode qui m’a plu, mais qui me fait regretter que la carrière de Gary Fleder n’ait pas décollé avec dernier heures à Denver, qui est sorti en même temps que Pulp fiction. Le film lui ayant fait de l’ombre, le réalisateur n’a jamais pu montré son potentiel devant se contenter de commandes. Retenons quand même Impostor une des meilleurs adaptation de l’univers de Phillip K Dick et le maitre du jeu qui vaut surtout pour l’interprétation magistrale de Gene Hackman, que pour son intrigue qui part un peu en roue libre malgré un postulat de départ intéressant, et une fin moralisante au possible mais comme c’est du John Grisham.
J’avoue n’avoir pas plus avant creusé la carrière de Gary Fleder, passés Le Collectionneur et Pas un mot… de triste mémoire. Néanmoins, je prends bonne note pour Impostor.
Il y a aussi les maitres du jeu qui vaut surtout pour la prestation de Gene Hackman qui est fabuleux, en crapule qui tire les ficelles dans un film de procés plus anecdotique. Pour ce qui est de Gary Fleder, il rejoindra les réalisateurs qui n’ont jamais confirmer leurs début de carrière prometteurs et qui ont fini par réaliser des épisodes de séries quelconques, voie de garage luxueuse mais injuste quand on voit la carrière de certains tacheron comme roland emmerich, brett ratner. Donc une dédicace pour John Dalh réalisateur de the last seduction mais aussi de mémoire suspecte, red rock west, et dont le dernier film a être sorti en salle est une virée en enfer, en 2001 avec feu Paul Walker; même chose pour Vincento Natali, qui avait marqué l’année 1999 avec Cube mais dont le dernier film est sorti en dvd. On pourra aussi parler de David Twohy ( Pitch Black, Abimes) David Mamet ( la prisonnière espagnole, homicide, braquage, engrenages)