Petite philosophie du zombie – Maxime Coulombe
Petite philosophie du zombie. 2012Origine: France
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Ou comment penser par l’horreur.
J’aime les zombies. J’aime les films de zombies, j’aime les BD de zombies, j’aime les romans de zombies, j’aime les jeux vidéo de zombies, j’aime les jeux de société de zombies. Bref, j’aime les zombies sur la plupart des supports existants. Ce qui est intéressant c’est que selon les supports utilisés, le traitement du zombie est différent.
Je ne suis (hélas!) pas là pour parler de ma passion pour la figure du zombie, mais pour parler d’un livre: “Petite philosophie du zombie. Ou comment penser par l’horreur” de Maxime Coulombe. Ce dernier est présenté comme un sociologue et professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université de Laval, donc plutôt intelligent sur le papier, le genre de mec qui doit savoir de quoi il parle.
La philosophie du zombie… pour les élites…
L’approche de la figure du zombie par Maxime Coulombe est plutôt intéressante. Il fouille dans la philosophie classique, mais aussi dans la psychanalyse pour expliquer en quoi finalement le zombie est aussi intéressant, aussi apprécié, aussi sublimé par ses amateurs. Je dois avouer que je n’aurais jamais pensé qu’il était possible d’associer le cinéma de Romero à la critique de Kant ou à la psychanalytique de Lacan. Pourtant, Maxime Coulombe le fait fort bien !
Quoiqu’il en soit, sur le fond, le livre est une grande réussite. Maxime Coulombe creuse de façon intelligente et pertinente son sujet, et même s’il donne l’impression parfois de s’embourber dans ses concepts philosophiques, il retombe toujours sur ses pattes, nous surprenant par la finesse de son analyse.
Pertinente, la réflexion de l’auteur pousse le genre zombie dans une ambition qu’il ne lui avait jamais été prêtée avec autant de sérieux. Pourtant, cela fait des dizaines d’années que les fans du genre cherchent à montrer que les histoires de zombies ne sont pas que des histoires gores, qu’elles permettent d’être critique envers la société et les comportements humains. Maxime Coulombe l’explique d’ailleurs très bien, la figure du zombie renvoie à nos fantasmes.
Mais voilà, si sur le fond le livre est une réussite totale, sur la forme, je dois avouer que j’ai été souvent agacé à la lecture des pages. Je m’explique:
- des auteurs (philosophes, sociologues, bref, des gros bonhommes) anglais/ricains sont cités dans la langue de Shakespeare et jamais traduits. Du coup, si vous ne pipez mots à l’anglais, bon courage à vous (une traduction en bas de page aurait été plus que bienvenue).
- le style hyper universitaire est très frustrant. L’auteur donne l’impression d’écrire son livre pour ses copains de l’université, sans jamais se dire que le zombie est une figure emblématique de la culture populaire, et que donc, son livre pourrait être lu par beaucoup de personnes qui n’ont pas besoin de relire une phrase 3 fois pour la comprendre.
Bien sûr, je comprends cette approche. Ecrire contre nature (c’est à dire se forcer à écrire différemment), c’est difficile. Mais je trouve ça très agaçant. Avec une telle approche on décide sciemment de réaliser un livre qui ne sera pas à portée de tout le monde. Pourquoi s’enfermer dans un tel élitisme alors qu’il serait si simple d’écrire un livre tout aussi intelligent à la portée de tous ? Je pense que c’est le genre de bouquin qui doit sortir du cadre universitaire pour viser un public plus large.
Du coup, le plaisir de lecture se perd lorsqu’on doit relire certains paragraphes afin de bien comprendre de quoi il s’agit.
Autant j’ai envie de remercier l’auteur de montrer qu’on peut parler intelligemment des zombies, genre tant méprisé par les élites intellectuelles, autant ça me gonfle de devoir déchiffrer certains passages. Le livre et son choix de traitement auraient pu être très ludique. Au final, sans plaisir à la lecture, le livre perd de son intérêt. Dommage.