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Week-end de terreur – Fred Walton

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April Fool’s Day.1986

Origine: États-Unis
Genre: Slasher déconcertant
Réalisateur: Fred Walton
Avec: Deborah Foreman, Amy Steel, Ken Olandt, Deborah Goodrich…

A l’occasion du springbreak, Muffy invite ses amis pour un week-end de folie dans la maison familiale, sise sur une île. Malgré l’accident survenu lors du trajet en ferry, la première soirée se déroule dans une humeur bonne enfant. Les choses se corsent le lendemain, lorsque Kit et Rob pensent avoir aperçu le cadavre de l’un d’entre eux, flottant sous la remise. Les recherches se soldant par une nouvelle disparition, la tension commence doucement à monter parmi les convives, sans que leur hôtesse ne s’en émeuve outre-mesure. Voilà qui est bien étrange…

Ah, le slasher… En voilà un sous-genre décrié. Canevas éculé et trop simpliste, personnages caricaturaux, médiocrité de la mise en scène et de l’interprétation, etc… comptent parmi les griefs les plus répandus à son sujet. Il y a indéniablement du vrai là dedans. Devant l’attrait du public pour le genre, tous les studios se sont mis à produire du slasher à la chaîne et à bas coûts. Alors forcément, la qualité des films en a pâti, et l’intérêt du public s’est émoussé. Et pourtant, nous ne sommes pas à l’abri de bonnes surprises. 1986 est par exemple l’année de Jason, le mort-vivant, sixième et meilleur chapitre de la saga Vendredi 13, laquelle synthétise pourtant toutes les insuffisances du genre. Preuve qu’un miracle est toujours possible, même si le genre tend à s’essouffler, en dépit de quelques éclats annexes. Je pense en particulier aux Freddy, saga qui en était alors à deux volets, et dont l’univers ouvertement fantastique tranchait avec le tout-venant de la production de l’époque. C’est dans ce contexte que débarque sur les écrans Week-end de terreur de Fred Walton. Le film présente tous les atours du slasher lambda, à commencer par l’utilisation d’une date-clé du calendrier, en l’occurrence celle du premier avril, ce qui j’en conviens, n’est évident qu’à la lecture du titre original, April Fool’s Day.

Auteur d’un Terreur sur la ligne où il faisait étalage d’un habile savoir-faire dans la gestion du suspense (éprouvante première partie autour d’une double conversation téléphonique), Fred Walton n’a curieusement plus rien fait pendant 5 ans. Week-end de terreur marque donc son retour aux affaires, après un passage à la télévision et le pilote de la série Alfred Hitchcock présente. Un retour en mode mineur puisque ici, l’entame accumule les poncifs avec un bel entrain. Le casting n’est qu’un défilé de bellâtres inconnus au bataillon, à moins de se souvenir du moindre second rôle dans les séries Shérif, fais-moi peur !, L’Agence tous risques ou encore Deux flics à Miami, duquel émerge néanmoins – pour les connaisseurs – Amy Steel (adversaire de Jason Voorhees dans Le Tueur du vendredi) et, plus évident, Thomas F. Wilson, le Biff Tannen de Retour vers le futur. Tous composent un groupe d’amis homogène, comprendre sans diversité (pas de grassouillet, de noir, de latino, etc…). Des fils à papa qui vivent en vase clos. Ainsi apprend-t-on que Muffy (l’hôtesse) a fricoté par le passé avec Arch (le plaisantin de service), avant que celui-ci ne goûte aux douces caresses de Nikki (l’amie envieuse). Laquelle sort depuis avec Chaz (le caméraman coquin), tout en repoussant les molles avances d’Harvey (le gars de la campagne qui se rêve cadre dans une grosse boîte). Ledit Harvey qui pense avoir également ses chances avec Muffy. Et au milieu de tout ça, Kit et Rob forment le gentil petit couple, mais pas sans histoires. Rob se pose des questions sur son avenir, quelque peu angoissé depuis qu’un conseiller d’orientation lui a signifié que ses notes sont insuffisantes pour espérer intégrer l’école qu’il convoite. Tout déboussolé, le voilà qui remet en question sa relation avec Kit, s’estimant plus assez bien pour elle. Heureusement, elle sait y faire lorsqu’il s’agit de rassurer son homme. Quel dommage qu’un cadavre vienne les couper dans leur élan.

Enfin… c’est dommage pour eux, parce que nous, nous sommes un peu là pour ça. C’est qu’à force d’enfantillages, entre blague macabre (le faux couteau dans le ventre), gags potaches (l’indémodable coussin péteur, la chaise molle) et farces malsaines (chaque chambre dispose d’une surprise pour son occupant : des coupures de presse relatant des accidents mortels d’adolescents, un nécessaire sadomasochiste dans « la suite nuptiale », un kit de cocaïnomane dans l’armoire de la salle de bain, etc…), on en vient à douter que nous nous trouvons face à un slasher. Et sur ce plan là, Week-end de terreur demeure assez frustrant. Les meurtres s’effectuent tous hors-champ et le résultat, lorsqu’il nous est montré, s’avère particulièrement propret (des têtes coupées dans un puits, les traces d’une castration – un simple trou sanguinolent dans un pantalon de pyjama –, un pendu). C’est bien simple, Fred Walton ne joue la carte du gore qu’à une seule reprise, l’accident à bord du ferry. Léger. Aussi léger que le suspense, lequel n’a pas vraiment le temps de s’installer puisque le film perd la moitié de son temps à suivre les enfantillages des personnages. Pourtant, avec cette maison perdue au milieu d’une île, dont le seul moyen de regagner le continent se résume au ferry qui ne repassera pas avant deux jours, l’ombre d’Agatha Christie semble vouloir planer sur cette histoire. Elle est d’ailleurs évoquée par l’une des convives, Nan, l’effacée amatrice de théâtre. En vain. A l’image de la scène de l’exploration du puits, ratée à force de surligner ses intentions, Week end de terreur grille ses cartouches à une vitesse effarante. L’essentiel du casting y passe en une vingtaine de minutes, alors que l’identité de l’assassin nous apparaît évidente depuis belle lurette. Fred Walton fait montre d’une déconcertante volonté à saborder son film, jusqu’à un final surprenant par son côté casse-gueule.

En dire davantage serait criminel. Disons que Fred Walton et son scénariste Danilo Bach devancent d’une bonne décennie le duo Kevin Williamson-Wes Craven dans sa volonté de mettre en boîte un genre qui en était alors à son chant du cygne. A la différence qu’ici, cela s’effectue de manière plus pernicieuse. Pour raté qu’il ait l’air d’être, Week-end de terreur joue la carte du slasher lambda avec sérieux. La fin n’en paraît que plus abrupte, au risque de s’aliéner un public forcément déçu d’avoir été pris pour un con. Et c’est justement sur ce point que réside la grande réussite du film, avoir su nous mener par le bout du nez jusqu’à son terme. Cela n’en fait pas un grand film pour autant, mais une expérience pour le moins singulière dans le cadre si balisé du slasher. Ce qui n’est déjà pas si mal.

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