Un cri dans l’océan – Stephen Sommers
Deep rising. 1998Origine : Etats-Unis
|
Si Stephen Sommers a définitivement plongé dans les films d’action horrifiques, ce n’est pas pour rien. En 1998, le réalisateur nous offrait Un cri dans l’océan, son initiation dans le domaine après notamment les plus enfantins Les Aventures de Huckleberry Finn et Le Livre de la jungle. Un film disons le tout de suite vraiment bon dans son genre, dépourvu de l’hystérie continuelle des films qui viendront plus tard dans la filmographie du réalisateur (La Momie 2, Van Helsing). Un film de monstres au scénario somme toute classique : une équipe de mercenaires et leurs méfiants chauffeurs maritimes investissent un paquebot de croisière flambant neuf, que les mercenaires auraient dû abattre, mais que l’étrange immobilité du navire alliée aux dommages de leur propre embarcation poussent à investir. Ils découvriront sur place que la quasi totalité de l’équipage et des passagés sont morts, bouffés par une sorte de monstrueux calamar géant. Seuls restent à bords l’armateur du bateau, ses amis de l’équipage, ainsi qu’une débrouillarde passagère pick-pocket.
Aujourd’hui, Sommers ferait de cette histoire propice à l’action une bouillie d’images assemblées et filmées en dépit du bon sens. Mais alors, si son penchant pour l’action était déjà présent, il s’accompagnait d’un style de mise en scène lisible sinon très efficace. Un montage certes rapide mais qui ne nuit jamais à la comprehension, et qui joue parfaitement son rôle, qui est celui de donner au film le côté actioner qu’il recherche. Mais si l’attention du spectateur est retenue durant la quasi totalité du film, c’est aussi parce que Sommers installe de temps à autres des scènes de calme, qu’il parvient à combler via la découverte petit à petit d’un bateau qui prend des allures de labyrinthe parsemé de pièges, mortels ou non (notons aussi la légère parodie du Titanic de James Cameron lors de certaines scènes). Grace aussi à des personnages qui à défaut d’être franchement malins sont en tout cas plutôt sympathiques, puisque les boulets, à l’exception de celui campé par Kevin J. O’Connor, la pénible touche comique du film, sont très vite mis hors jeu. Les autres, incarnés par des acteurs dignes de ce nom, se révèlent plutôt agréables à suivre. Il s’agit de ceux du basané Wes Studi (le chef des mercenaires), de Treat Williams et surtout de Famke Janssen, actrice généreuse dans tous les sens du terme comme l’a bien compris le réalisateur qui en fait une femme sexy (décolleté ou débardeur mouillé) et musclée, et qui retrouvait ici son collègue du Maître des illusions de Clive Barker, Kevin O’Connor. Qui plus est, le film de Sommers se révèle étonnament gore. Bien sûr, il ne s’agit pas de gore allemand à la Jörg Buttgereit, mais tout de même, les plans sur les charniers ou les cadavres disseminés ici ou là sur le bateau sont assez suprenants et réjouissants. Sommers gère en outre très bien son monstre à l’écran : d’abord discret, il provoquera davantage le suspense que des scènes d’action maousses, avant que la tendance ne s’inverse peu à peu au fur et à mesure du film, jusqu’à arriver à un cadrage intégral de la partie centrale de ce monstre tentaculaire. Notons à cette occasion des effets spéciaux très bien réalisés. Dommage que la fin, purement hollywoodienne, vienne achever le film de façon assez ennuyante… l’overdose d’action a fini par menacer, mais heureusement le film s’arrêtera à temps.
Bref, aussi bête et bateau que soit son scénario, le film de Sommers se révèle très plaisant. Dommage que le réalisateur soit depuis tombé dans la bêtise la plus crasse.