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True Lies – James Cameron

truelies

True lies. 1994

Origine : États-Unis 
Genre : Comédie d’action 
Réalisation : James Cameron 
Avec : Arnold Schwarzenegger, Jamie Lee Curtis, Tom Arnold, Bill Paxton…

Trois ans après Terminator 2, Arnold Schwarzenegger et James Cameron se retrouvent, à l’initiative du premier nommé. Depuis leur dernière collaboration, l’acteur a découvert un petit film français, La Totale ! de Claude Zidi, dont il apprécie beaucoup le postulat de départ : un mari un brin ennuyeux qui s’avère être en fait le meilleur des agents secrets. A première vue, son intérêt pour une comédie bien de chez nous peut sembler curieux. Pourtant, ce serait omettre les velléités comiques de l’acteur qui depuis Jumeaux de Ivan Reitman en 1988 ne cesse de vouloir alléger le ton de ses films. Il presse donc James Cameron d’en acquérir les droits, ce qu’il fait. Pour cette commande, James Cameron ne déroge pas à ses habitudes, réalisant un mastodonte bourré d’action et d’effets spéciaux tout entier voué à sa star. Bien que moins personnel que ses précédents films, True Lies s’inscrit pleinement au sein d’une filmographie dont chaque nouveau film constitue un jalon de plus dans la surenchère.

Harry Tasker, super agent secret aux yeux de ses collègues, incarne pour sa femme et sa fille le prototype parfait de l’employé assommant complètement absorbé par son travail. A tel point que Helen, son épouse, cherche l’aventure auprès de Simon, un illustre inconnu qui l’a abordée par hasard en prétextant être un agent secret en danger. Lorsque Harry l’apprend, il est effondré. Oubliant la menace nucléaire qui pèse sur les Etats-Unis, il met alors tous les moyens en oeuvre pour reconquérir sa femme.

La Totale ! était un vaudeville mâtiné d’action, True Lies en est l’exact inverse. D’ailleurs, pour les éventuels sceptiques, la scène d’ouverture est là pour leur mettre les points sur les i. Démarquage éhonté des James Bond (Schwarzie nous refait le coup du smoking caché sous la tenue de plongée), cette scène nous dévoile Harry Tasker dans ses œuvres. Autrement dit, il fait tout péter et dégomme plein de méchants, non sans avoir pris le temps de danser un petit tango avec Juno Skinner, personnage interprété par Tia Carrere. Cette dernière l’ignore encore mais ce rôle constituera l’apogée de sa carrière cinématographique. Et maintenant que les présentations sont faites avec le Harry Tasker super agent secret, il ne reste plus qu’à introduire le Harry Tasker banal père de famille. James Cameron ne s’appesantit guère sur ces dernières, expédiant rapidement les scènes familiales. On aura juste le temps d’apercevoir Jamie Lee Curtis en mode godiche et la fille Tasker en pickpocket juvénile avant que l’action ne reprenne ses droits. N’oublions pas que le film s’adresse avant tout au public américain et que si ce dernier aime bien rire, il n’apprécierait que très modérément que Arnold Schwarzenegger se contente de faire le zouave ou de roucouler en famille. A ce propos, le public des projections tests l’a bien fait comprendre à James Cameron en rejetant catégoriquement toutes les scènes ayant trait aux relations père-fille. Alors le réalisateur échafaude une grande scène d’action qui, non contente de réaffirmer les aptitudes guerrières de Harry, en profite pour nous présenter le méchant de service, le terroriste Aziz. Et ce n’est donc qu’après cette scène et la personnification du danger que James Cameron consent à se plonger dans le nerf du film, à savoir le vaudeville.

Pour toute cette partie qui tourne autour de la jalousie de Harry envers sa femme et sa relation supposée avec l’affabulateur Simon, James Cameron reprend au mot près le scénario de Claude Zidi et Didier Kaminka. Moins à l’aise avec la comédie, il préfère se reposer entièrement sur la formule gagnante du duo français, se limitant à quelques apports spectaculaires, dont la danse d’abord hésitante puis d’une grande sensualité de Jamie Lee Curtis, qui n’a pas joué dans Perfect pour rien, n’est pas le moindre. Mais c’est surtout Bill Paxton, vieux complice de James Cameron, qui tire le mieux son épingle du jeu. Dans le rôle de Simon, il campe un séducteur vorace, véritable menace pour les épouses délaissées, mais au pathétisme latent. Une baudruche qui se dégonfle à la première alerte qu’il réussit néanmoins à rendre sympathique, nous offrant par la même occasion les rares moments vraiment drôles du film. Comme je l’ai déjà évoqué, James Cameron n’est vraiment pas doué pour la comédie, genre qu’il maîtrise plutôt mal. Lorsqu’il s’y essaie, cela donne les intermèdes lourdauds du pauvre badaud coincé aux toilettes alors qu’une fusillade fait rage tout autour de lui. Et puis il n’est pas non plus aidé par un Arnold Schwarzenegger qui en dehors de ses bons mots, marque de fabrique de l’acteur depuis Terminator, brille davantage par son monolithisme que par ses talents humoristiques. A moins que vous ne trouviez drôle de le voir enguirlander un cheval de la police montée pour avoir refusé de sauter d’un immeuble à un autre à la suite de Aziz… En fait, James Cameron a voulu son film comme une farce. En ce sens, la majorité des scènes d’action relève de l’absurde avec pour seul objectif de nous en mettre plein la vue. L’utilisation d’un super jet à décollage vertical participe de cette volonté et constitue le clou d’un spectacle qui, à ce moment là, n’a déjà que trop duré.

Depuis Aliens, James Cameron a pris la mauvaise habitude de rendre ses films interminables, peinant à faire concis au moment de les conclure. Il en va ainsi de True Lies qui plutôt que de s’achever sur Harry sauvant sa femme, préfère broder autour du fameux super jet et d’un autre sauvetage à effectuer, celui de sa fille. Le mélange action à gogo, gags poussifs et refonte de la cellule familiale prend une tournure des plus indigestes. Ça pétarade à tour de bras, ça crie, ça invective, et pour finir, ça préserve les Etats-Unis d’une catastrophe nucléaire. Mais cela ne fait qu’ajouter à la lourdeur de l’ensemble. True Lies manque cruellement de rythme, ce qui est patent lors des morceaux de bravoure, tous plus mou les uns que les autres avec en outre un abus de ralentis. Un comble de la part de James Cameron, qu’on a connu plus percutant. Quant à la tonalité générale du film, elle s’inscrit dans la droite lignée du virage amorcé avec Terminator 2. La violence est constamment désamorcée, là par un gag visuel, ici par un bon mot. Et si, contrairement au T-800, Harry tue, tout cela n’est pas bien grave puisque comme il le dit si bien à son épouse, « ce ne sont que des méchants ».

Avec True Lies, James Cameron a plus que jamais remisé toute noirceur au placard. Ses films, il ne les pense plus qu’en terme de spectacle et à ce titre, se concentre davantage sur la forme que sur le fond. Le spectaculaire l’emporte définitivement sur l’intimiste et le réalisateur de se chercher des projets toujours plus fous. Féru des nouvelles technologies digitales, James Cameron a créé sa propre compagnie d’effets spéciaux, Digital Domain, dont True Lies constitue le premier travail. Acte fondateur qui aboutit à la démesure de Titanic et à la “révolution” Avatar. Des projets pharaoniques desquels l’humain est délaissé au profit de la technologie. A croire que James Cameron a finalement pris le parti de Skynet.

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