Tremors 2 : Les Dents de la terre – S.S. Wilson
Tremors II : Aftershocks. 1996Origine : Etats-Unis
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Désormais seul depuis que son camarade Val s’est marié, Earl (Fred Ward) vit reclus dans une caravane où il médite sur sa richesse manquée. Avoir vaincu les graboïdes l’a rendu relativement célèbre mais, incapable de s’adapter au monde des affaires, il n’a pas touché le pactole. Une seconde chance lui est proposée lorsqu’un industriel mexicain lui demande de venir dans la province du Chiapas, où une raffinerie est régulièrement attaquée par des graboïdes. Convaincu par l’argent proposé et par l’enthousiasme pressant de l’américain Grady (Christopher Gartin), un fan qui se propose de l’assister en lieu et place de Val, Earl se rend donc là-bas, où il bénéfice de toute l’aide matérielle qu’il demande. La tâche est malgré tout un peu plus complexe qu’il n’imaginait, et il doit appeler son vieil ami Burt (Michael Gross), qui se ramène avec un véritable arsenal de guerre. Ce ne sera pas de trop pour affronter des graboïdes mutés.
Attendre six ans pour tourner la séquelle d’une série B, c’est assez long. Entre-temps, Kevin Bacon se sera fait un nom avec entre autres Des hommes d’honneur et Apollo 13 et il ne faut plus compter sur lui. Le réalisateur Ron Underwood est quant à lui parti frayer dans le cinéma familial et tournera bientôt Mon ami Joe pour le compte de Disney. Qu’à cela ne tienne, on peut facilement les remplacer. Lorsqu’il tourna dans Tremors, Bacon n’était pas une star, et ce ne sont pas les acteurs ambitieux qui manquent. Et derrière la caméra, qui mieux que S.S. Wilson peut remplacer Underwood ? Scénariste, producteur et réalisateur de seconde équipe sur le premier film, il est à l’origine de ce qui n’était pas encore la saga Tremors. Et pourtant, cela ne l’empêche pas de procéder à des changements douteux, en premier lieu justement celui de la personnalité donnée à Grady, le remplacement de Val. Tremors évitait de créer l’inégalité entre ses deux protagonistes principaux, ce dans quoi la séquelle fonce à toute allure. Lèche-cul excessif, comique au rabais et tête brûlée, Grady est tout simplement ce que l’on appelle un sidekick, collant aux baskets de Earl. Dès lors, il n’y a pas de complicité entre les deux hommes mais une relation largement plus convenue entre un faire-valoir et un personnage moins fantasque. De son côté, Earl n’a pas beaucoup changé depuis le premier film. Il est toujours un homme à tout faire, qui s’attèle à l’extermination des graboïdes comme il s’attèlerait à une quelconque tâche manuelle, sans tambour ni trompette. Mais privé d’un alter ego comme l’était Val, il n’est plus aussi sympathique que dans le premier film. Les échanges ne sont pas les mêmes, et l’humour en pâtit, devenant bien plus primaire, axé sur les reparties plutôt que sur les personnalités. En ressortant le personnage de Burt, Wilson semble d’ailleurs s’en rendre compte, et revient à ce qui ce faisait dans le premier film, c’est à dire le centrage sur l’action seule. Car aussi cinglé qu’il soit avec ses armes et son comportement militaire, Burt est un personnage qui ne dessert que l’action, y insufflant un peu de folie. La guerre est sa vie ! D’ailleurs, avant qu’il n’arrive pour s’ajouter au tandem Earl / Grady, le film avait tendance à n’être qu’une partie de plaisir. Les graboïdes étaient répétitivement explosés à coup de voitures téléguidées piégées, ce qui laissait toute latitude à l’agaçant Grady pour ses remarques pas drôles. La parenté avec le premier film était assez mince, et les personnages creux prenaient le dessus. Par la suite, cela change par la mutation des graboïdes. Preuve de la volonté de se renouveler, mais mauvaise idée.
Que sont donc ces nouveaux graboïdes ? Ils cessent d’être des vers pour devenir des espèces de poulets déplumés et voraces. Du coup, le sous-titre “Les Dents de la terre” est rudement mal choisi. Il serait allé comme un gant au premier film, puisque les vers étaient en fait des équivalents au requin de Spielberg et attaquaient par en-dessous, obligeant les personnages à se percher sur des toits. Le sable était comme la mer, une vaste zone de danger. Mais puisque les nouveaux graboïdes sont au sol, à portée de fusil et que de simples obstacles tels qu’un mur peuvent les bloquer, il est bien difficile de considérer que les humains sont assiégés. C’est juste un jeu de cache-cache s’apparentant à n’importe quel film de monstres. Jurassic Park, par exemple, pour rester chez Spielberg. En insistant sur l’origine préhistorique des monstres, en plaçant son film dans un cadre de collines verdoyantes et dans l’animation de ses bestiaux, Tremors 2 fait pas mal songer à Jurassic Park, film qui conjointement à Terminator 2 a marqué le coup d’envoi du tout-numérique, entraînant dans sa foulée de nombreuses séries B “monstrueuses” (que ce soit des dinosaures, des animaux ou des mutants). Tremors 2 fait tout bonnement partie du lot, et lui utilise des CGI. A quelques incrustations maladroites près, il se tire honnêtement de son mélange entre numérique et mécanique. C’est d’ailleurs le seul point sur lequel il dépasse le premier film. Malgré tout, on ne peut rapprocher le film de S.S. Wilson à la médiocrité caractéristique des films de monstres en numérique qui font les beaux soirs des chaînes de télé. Au moins, si les nouveaux graboïdes sont loin de valoir les anciens, et que la mise en scène “evil-deadesque” fait défaut, le réalisateur a le mérite de faire comme son prédécesseur, du moins dans la seconde partie de son film : plonger dans le vif du sujet pour ne plus en sortir, sans casser son rythme par des parasites aussi futiles qu’une histoire d’amour ou des brouilles artificielles entre des personnages creux. La volonté affichée par Ortega (directeur de la raffinerie) de récupérer un spécimen vivant de graboïde ne débouche heureusement pas sur un sous-texte politique gros comme une maison, la fille de service n’est comme dans le premier film qu’une jolie aventurière et l’inévitable histoire d’amour n’est que vaguement amorcée. Même Grady ralentit ses pitreries pour laisser place à l’action, quasi non-stop, au sein de laquelle Earl et Burt se sentent comme des poissons dans l’eau, renouant au passage avec l’humour du premier film.
Bien sûr, on pourra regretter qu’il ait fallu autant de temps à Wilson pour se mettre en route, et même là on restera déçus de voir que la nouvelle nature des graboïdes rend le film moins captivant que son prédécesseur (et aussi moins beau, puisque le décor n’y possède pas la même importance) en même temps qu’elle ouvre la porte à d’éventuelles dérives dans les chapitres suivant de la saga. Cela dit, au fur et à mesure de sa progression, le film aura redressé la barre pour atteindre un niveau honnête, en s’inspirant de ce qui faisait le charme du premier film.
Une suite tardive qui n’aura pas à rougir de son aîné. Elle souffrira d’images de synthèse moins convaincantes et du départ progressif des acteurs phares du premier film ( Kevin Bacon, Fred Ward), jusqu’au retour de l’acteur Kevin Bacon dans le pilote de la série réalisé par Vincenzo Natali, jamais diffusé. Quand je vois la médiocrité de certaines séries ( Walking Dead, Van Helsing, American Horror Story), il y a de quoi être en colère de l’injustice que subissent certains films ou séries.
Tout ça tient à l’engouement du public. Tant qu’il suit, les séries perdurent. Dans le cas contraire, elles stoppent net. A moins qu’elles ne soient diffusées par une chaîne privée qui maintient le cap contre vents et marées, convaincue de ses qualités et par la vision de leurs auteurs.
Sauf qu’elle n’a même pas passé le cap de la diffusion. Elle a été arrêtée par la chaine Syfy qui l’a rangée au placard. Petite anecdote : Chris Carter avait lancé le premier épisode d’une série, sur Amazon, The After. 8 étrangers sont obligés de survivre ensemble dans un monde devenu hostile. Celle-ci, malgré un très bon accueil sera classée sans suite par le vice président d’Amazon, qui a l’air de s’y connaitre plus en série de qualité que Chris Carter lui-même. C’est vrai que les épisodes Jack Ryan, produit par Amazon sont un gage de qualité. Chris Carter est arrivé 5 ans trop tôt, et n’a pas profité de l’explosion des séries sur Amazon Prime.