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The Snapper – Stephen Frears

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The Snapper. 1993

Origine : Royaume-Uni
Genre : Chronique d’une naissance annoncée
Réalisation : Stephen Frears
Avec : Tina Kelleghar, Colm Meaney, Ruth McCabe, Colm O’Byrne…

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Sharon Curley, fille aînée d’une famille de six enfants, annonce à ses parents qu’elle est enceinte, tout en refusant de leur révéler l’identité du père de l’enfant. Et pour cause, puisqu’il s’agit du père de l’une de ses amies. Mais dans son quartier, un secret ne le reste jamais bien longtemps…

The Snapper marque en quelque sorte un retour aux sources pour Stephen Frears, du moins professionnellement parlant. Bien que n’ayant jamais cessé de résider en Angleterre, il a enchaîné les tournages aux Etats-Unis jusqu’à l’échec public de Héros malgré lui. A cette grosse production hollywoodienne succède un “petit” film, proche par bien des aspects du cinéma de Ken Loach, le côté politique en moins.

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Adapté d’un roman de Roddy Doyle (tout comme The Commitments de Alan Parker et The Van du même Stephen Frears), The Snapper nous plonge au coeur d’une famille irlandaise qui vit dans un quartier pavillonnaire, et dont les habitants aiment à se retrouver au pub autour d’une bonne pinte de Guinness. Cette vie de quartier, en apparence idyllique, possède ses revers que la révélation de l’identité du père de l’enfant de Sharon met rapidement en lumière. La nouvelle se répand telle une traînée de poudre, et les sarcasmes et autres railleries ne tardent pas à fuser en tout sens. Dans ce quartier où tout le monde vit les uns sur les autres (le père de l’enfant habite en face de chez les Curley), se cacher paraît aussi illusoire qu’impossible. De toute façon, Sharon n’a nullement l’intention de fuire ses responsabilités. Le film s’ouvre le jour où elle prend son courage à deux mains pour annoncer la nouvelle à ses parents. Elle ne cherche pas leur assentiment, elle souhaite tout simplement les mettre au courant. Son choix est déjà fait, elle garde l’enfant et l’élévera seule. A son grand étonnement, ses parents prennent plutôt bien la nouvelle. Tout juste tiquent-ils sur l’absence du père. Enfin… Ce n’est pas ça qui va les empêcher de fêter l’événement ! Et le père, Dessie, d’emmener sa fille vider quelques pintes. Fondamentalement, la grossesse ne change pas grand chose à la vie de Sharon. Elle continue de travailler, faire la fête et boire abondamment. Elle connaît une période de lassitude consécutive aux divers quolibets mais celle-ci ne s’éternise pas. Elle affronte vaillamment le quotidien sans se départir de sa bonne humeur coutumière. Et c’est ce qui confère toute sa valeur à The Snapper. Avec un tel sujet, il aurait été aisé pour Stephen Frears de sombrer dans le mélo pur et simple et de s’apitoyer sur le sort de Sharon. Or, il a préféré prendre le parti d’en rire et ce, pour notre plus grand plaisir. Le cinéma anglais possède cette faculté de pouvoir rire de tout sans jamais sombrer dans la simple parodie.

Le quotidien de la famille Curley n’est pas des plus roses. Elle vit dans une banlieue triste et seuls Dessie et Sharon travaillent. Dans ces conditions, et au sein d’une famille déjà nombreuse, la venue au monde d’une bouche supplémentaire à nourrir pourrait devenir problématique. Seulement ce n’est pas là que réside le sujet du film. Stephen Frears s’intéresse davantage à la nouvelle tournure que prennent les relations père-fille. Lorsque la réalité éclate à propos de l’identité du père de l’enfant de Sharon, Dessie encaisse le coup puis joue son rôle de chef de famille à plein régime, allant jusqu’à molester les moqueurs de tout poil. Dans le même temps, il se montre très froid envers sa fille jusqu’au jour où elle annonce son départ de la maison familiale. Dessie se rend alors compte à quel point il tient à elle, et au maintien de l’unité familiale. Dès lors, il se révèle être un véritable papa poule, souhaitant accompagner sa fille jusqu’au jour de l’accouchement. Lui, le père de six enfants, a toujours vécu avec un profond regret chevillé au corps : n’avoir jamais été présent lors de la naissance de ses enfants. Sa fille aînée lui offre l’occasion de pallier à ce manque.

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Il existe parfois des personnages magnifiquement écrits qui sont du pain bénit pour les acteurs. Dessie est de ceux là. Râleur, rigolard, attentionné et profondément gentil, Dessie se révèle attachant dès sa première apparition. Colm Meaney s’avère parfait dans le rôle. Il parvient à transmettre toute la bonhomie du personnage. Il fait la paire avec Tina Kelleghar (Sharon), dont le naturel et l’énergie font merveille. Conçu par accident, jamais un enfant n’aura été à ce point désiré.
Le retour au bercail de Stephen Frears lui a fait l’effet d’un véritable bain de jouvence. Avec The Snapper, il a réalisé un film alerte et drôle qui devrait plaire même à ceux qui ne goûte pas particulièrement la Guinness. Alors, à la vôtre!

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