CinémaScience-Fiction

Les Envahisseurs de la planète rouge – William Cameron-Menzies

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Invaders from Mars. 1953

Origine : Etats-Unis 
Genre : Science-fiction 
Réalisation : William Cameron Menzies 
Avec : Jimmy Hunt, Helena Carter, Arthur Franz, Leif Erickson…

David MacLean (Jimmy Hunt), un enfant américain, se réveille en pleine nuit à cause du raffut provenant de dehors. Par la fenêtre, il assiste à l’atterrissage d’une soucoupe volante au-delà de la colline, à quelques hectomètres de là. Alarmé, il s’en va prévenir ses parents. Son père le rassure, mais, en bon scientifique, il va tout de même vérifier par lui-même. Lorsqu’il reviendra à la maison, pas mal de temps plus tard, il ne sera plus le même homme. Agressif voire violent, il s’emportera contre les soi-disant hallucinations de David. Celui-ci sera dès lors persuadé que les extraterrestres ont pris possession de son père, prenant pour preuve l’étrange implantation sur sa nuque. L’invasion a commencé.

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Les Envahisseurs de la Planète rouge n’est pas que l’un des films les plus importants de la science-fiction des années 50, c’est aussi l’un des premiers. Dès 1950, le script était déjà prêt, mais dût attendre deux ans avant de se finaliser à l’écran, en couleurs s’il vous plaît (la rumeur dit même que le film était prévu pour être en 3-D). Entre-temps, le magnifique Jour où la Terre s’arrêta de Robert Wise était passé par là, ouvrant le terrain aux envahisseurs de tous poils, très souvent moins bien intentionnés que le vénérable Klaatu. Ceux du film de William Cameron Menzies le sont en tout cas bien moins, avec leur discrète invasion anticipant de quelques années celle de la fameuse Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel. Comme eux, les martiens (puisqu’il s’agit d’eux) prennent l’allure de citoyens respectables pour mieux tromper l’ennemi. Mais à la différence de Siegel, ceux de Cameron Menzies n’escomptent pas conquérir la terre par ce moyen, concentrant uniquement leurs activités parmi une petite communauté de gens liée à un projet aérospatial jugé menaçant pour les habitants des sous-sols martiens. De ce fait, l’optique des Envahisseurs de la Planète rouge est différente de celle des Body Snatchers. Si les deux films peuvent à la rigueur partager une vision anti-rouges de bon aloi (l’infiltration, la déshumanisation et ici l’obéissance à un chef éclairé sont autant d’éléments dignes de la vision caricaturale de l’Union Soviétique), Cameron Menzies ne se montre pas intéressé par la paranoïa liée à l’invasion. Celle-ci ne restera d’ailleurs pas bien longtemps secrète : le jeune héros, David, parviendra sans trop de mal à ranger à sa cause deux adultes influents, le Dr. Pat Blake (Helena Carter) et le Dr. Stuart Kelston (Arthur Franz), qui, en plus de devenir les parents de substitution de l’enfant, parviendront à leur tour à alerter l’armée. Le film partira donc dans ce qui est certes une guerre minimaliste, concentrée sur une petite bourgade, mais une guerre tout de même. L’opposition entre les vrais humains et les martiens se construit par étapes logiques (phase d’observation, puis assauts désordonnés avant un mémorable combat final), évitant ainsi au film de tomber dans le travers de la facilité parfois de mise dans les productions de science-fiction des années 50, où on ne compte plus le nombres de militaires ou d’envahisseurs tout de suite prêts à employer la manière forte au mépris de la crédibilité (ou du budget qui ne suis pas forcément). Cette construction progressive, William Cameron Menzies la met au service d’une atmosphère générale, celle de la fascination éprouvée pour l’un des plus grands mystère de la conquête spatiale, donc du contexte historique de son film : la vie extra-terrestre. Plutôt que de verser tout de suite dans une guerre des mondes standard, le réalisateur s’intéresse à l’étrangeté de la situation, et dès lors, il fait tout son possible pour faire naître la peur autour de ces aliens. Le comportement des “contaminés”, le chant de sirènes appelant d’autres victimes et même la contamination puis la mort d’une fillette seront autant d’éléments entretenant cette peur et la fascination sur laquelle elle se base. Le vaisseau-mère martien, enterré sous une étendue de sable, sera la principale interrogation du petit David McLean et par extension du public dans son ensemble. En habile conteur, Cameron Menzies préservera l’attente et le mystère, faisant planer sur son film cette sensation d’irréel qui influencera plus tard Joe Dante pour son superbe Explorers (et qui se trouve ici renforcée par les couleurs étranges du procédé “Supertechnicolor”). Cette démarche vise ostensiblement un public jeune voire enfantin (qui s’identifie à David) mais n’exclut par pour autant les adultes, du moins les plus imaginatifs d’entre eux (qui se retrouveront dans Pat et Stuart, l’homme et la femme protégeant David). Les Envahisseurs de la planète rouge s’adresse ainsi à tout le monde, pour peu de ne pas rester insensible aux mystères de l’espace. En guise de récompense, ce public se verra offrir la tant attendue excursion dans le vaisseau. Sans lever toutes les interrogations, cette dernière partie de film saura se montrer digne de l’attente l’ayant précédée, et montrera ainsi un monde et une technologie totalement différente de celle de la terre. Cameron Menzies ne lésine pas sur l’étrangeté de cet environnement, avec ses extraterrestres hautement improbables (qui feront plus tard les choux gras de la série américaine de merde qu’est Mystery Science Theater 3000), avec ses décors surréels et avec ses éclairages saturés.

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Le terme de classique n’est pas galvaudé : Les Envahisseurs de la planète rouge compte parmi les films les plus intrigants qui soient au sein d’une époque de grandes découvertes scientifiques propices à ce genre de cinéma aujourd’hui désuet. Si l’œuvre de Cameron Menzies demeure un niveau en dessous du Jour où la Terre s’arrêta, de Planète Interdite ou des Survivants de l’Infini, si elle ne dépasse jamais vraiment son statut de “film de drive-in”, elle en est en tout cas l’un des meilleurs représentants.

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