Les Diamants de l’Amazone – René Cardona Jr.
El Tesoro del Amazonas. 1985Origine : Mexique
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Amazonie, années 50. Plusieurs aventuriers sont à la recherche d’or ou de diamants. Il y a deux géologues et la copine de l’un d’eux, il y a deux baroudeurs, il y a un nazi (Donald Pleasence) accompagné d’une amazone, et il y a surtout Gringo (Stuart Whitman), seul rescapé d’une expédition qui s’était terminée par la mort de ses quatre camarades, tous tués par les jivaros, ces fameux indiens réducteurs de têtes. Les jivaros ne seront pas les seuls obstacles de cet environnement naturellement hostile, rendu encore plus dangereux par l’intransigeance d’un agent gouvernemental chargé de sanctionner quiconque quitterait la jungle sans payer les impôts de ses découvertes. En plus de ça, les aventuriers eux-mêmes ne se feront pas de cadeaux…
Bien sûr, tout ceci est adapté “de faits réels”, quoique se déroulant “dans un pays imaginaire…”
Période faste pour le mexicain René Cardona Jr, deuxième maillon d’une lignée cinématographique courant pour l’heure sur trois générations. Ses repompes des Dents de la mer ont bien marché, et on lui attribue désormais des budgets plus conséquents, ce qui lui permet de s’attacher les services de stars déclinantes (ou déjà déclinées depuis longtemps). Les Diamants de l’Amazone s’enorgueillit donc de la présence de Stuart Whitman, Donald Pleasence, John Ireland et Bradford Dillman. Un casting qui aurait été apprécié à sa juste valeur dans les années 60 ou 70, mais qui est ici mis au service d’une vague tentative pour profiter du succès des Indiana Jones (après tout, pourquoi abandonner les films de Spielberg quand ceux-ci sont à ce point porteurs pour les plagieurs), avec une cuillerée d’inspiration du côté des cannibales italiens.
Gringo n’a pourtant rien d’Indiana Jones. Il est grisonnant, il est bedonnant, il parle comme un charretier et il affiche beaucoup moins de respect pour ses semblables que son estimé collègue archéologue. Sitôt entré dans le film, la première tâche qu’il effectue est de couper à un doigt à un indigène qui tentait de piquer dans son sac, puis après la colère du pauvre bougre de le balancer par dessus bord au milieu des crocodiles et des piranhas. Ses collègues ne sont pas non plus des tendres : même les géologues, qui sont pourtant vus comme des personnages sympathiques, s’amusent à dégommer les oiseaux qu’ils rencontrent lors de leur arrivée en avion. Le représentant du gouvernement aurait tout pour être un gentil fonctionnaire prenant soin du confort de ses hôtes honnêtes (il tient même un hôtel !), sauf que l’on apprendra vite qu’il vit entouré de plusieurs amazones avec lesquelles il couche… Ce sont ses propres filles, qu’il a eu avec une autre amazone qui l’a laissé tomber pour partir avec le nazi von Blantz. Celui ci est venu sur place dans l’optique de trouver de quoi financer son armée en Argentine, prête à réinstaurer le IIIème Reich ! Autant dire que la frontière séparant les “gentils” des “méchants” est très ténue. Les alliances se font en toute connaissance de cause, personne ne se fie à personne, ce qui participe à faire des Diamants de l’Amazone un film plein de surprises. D’autant plus que les trahisons ne sont pas forcément des plus propres et participent à leur tour à la très généreuse présence de gore. Plusieurs têtes coupées, un personnage pendu par la langue à un crochet de boucher (le contrôleur des impôts ne plaisante vraiment pas !), un autre bouffé par des jivaros un peu cannibales et, surtout, une énucléation en très gros plan imputable à de vilains petits crabes d’eau douce. Le danger est partout : il vient des blancs, il vient des indigènes (jivaros ou non), il vient de la nature… Les Diamants de l’Amazone est un film délicieusement immoral, n’hésitant pas non plus à envoyer ses amazones combattre dans la boue pour divertir les touristes (qui, toujours très poètes, parient sur la victoire de “celle au gros cul“). Qui dit jungle et budget réduit dit aussi stock shots et irréalisme des décors. Pourtant, René Cardona Jr. semble bien avoir tourné dans une vraie jungle avec des natifs sud-américains, à la différence par exemple de certains européens ayant envoyé leurs amis plein de talc faire les zouaves dans des bois provinciaux. Les stocks-shots animaliers sont effectivement nombreux, mais la texture de leurs images se rapproche de celle du film, ce qui donne donc une assez bonne intégration. Tout n’est d’ailleurs pas que stock shots, puisque animaux sauvages et acteurs se retrouvent parfois dans le même plan. En revanche, on pourra rester dubitatifs sur la présence de cerfs et de biches en pleine jungle amazonienne…
Le plus grand reproche pouvant être adressé au film est la mollesse de son montage, qui ne rend pas justice à toutes ces images de grande violence. Il est regrettable aussi que l’épopée du nazi et de son amazone soit séparée de celle des autres personnages, les un cherchant de l’or et les autres des diamants. Enfin, les acteurs assez apathiques auraient pu se décarcasser un peu plus. Malgré tout, Les Diamants de l’Amazone, aussi bête soit-il, est un beau représentant du cinéma d’exploitation mexicain.