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Messaline, Impératrice et putain – Bruno Corbucci

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Messalina, Messalina !. 1977

Origine : Italie 
Genre : Érotique 
Réalisation : Bruno Corbucci 
Avec : Anneka Di Lorenzo, Vittorio Caprioli, Tomas Milian, Lino Toffolo…

Panique à bord de Caligula, alors en plein tourments ! La fresque mégalomane de Tinto Brass connaît des soucis qui paraissent inextricables, faisant croire en une possible annulation pure et simple du projet ! Franco Rosselini, l’un de ses deux producteurs (le second étant Bob Guccione) décide donc de profiter des investissements effectués (décors, accessoires, équipe technique, figurants) pour essayer de sauver les meubles. Le fruit de cette agitation se nomme Messaline, Impératrice et putain, parfois connu sous le nom de Caligula II (à ne pas confondre avec le film du même nom signé Joe d’Amato) et destiné à sortir avant le film de Tinto Brass. L’ambition n’est bien entendu pas la même, et cet excroissance du film de Brass n’a certainement pas demandé le même niveau de préparation. Preuve en est le choix de son réalisateur, Bruno Corbucci (frère de Sergio), un ex-habitué des comédies italiennes qui, à cette époque là, était en plein milieu d’un cycle polar mettant en vedette Tomas Milian dans le rôle de Nico Giraldi, alias Monnezza (dix films entre 1976 et 1984). Pour ne pas être trop dépaysé, Corbucci arrive donc sur Messaline en compagnie d’un Milian arborant toujours la coiffe afro et la barbe touffue de son personnage de polars. Quant au scénario, il est lui aussi rédigé par Corbucci, en compagnie de Mario Amendola, son collaborateur sur cette même série de Monnezza. Enfin, “rédigé” est un bien grand mot, puisque de toute évidence la chose fut écrite au jour le jour. Il n’y a donc pas véritablement d’histoire. Il subsiste tout de même un contexte : Messaline (Anneka Di Lorenzo, empruntée à Tinto Brass), épouse de l’Empereur Claude, est une nymphomane sautant sur tout ce qui bouge. A partir de là, Corbucci et Amendola inventent tout un tas de petites histoires imbriquées les unes dans les autres, juste pour dire qu’il ne s’agit pas d’un film à sketchs.

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Et pourtant, pas de scénario, mais une fidélité historique assez exemplaire. Claude fut en effet le successeur de Caligula (d’où le titre pertinent de Caligula II), Messaline fut en effet connue comme une nymphomane notoire prête à se faire passer pour une putain dans les rues de Rome, elle transforma une partie du palais en lupanar et trahit politiquement son mari avec le consul Gaius Silius. Même l’infirmité de Claude (il est bègue), qui aurait pu passer pour une exagération, fut avérée.
Ce respect de l’Histoire antique ne tient cela dit pas une seconde devant les pitreries systématiques qui forment l’humour du film de Corbucci. La dyslalie du pauvre Claude semble ne pas suffire, et il faut en plus que le réalisateur lui attribue d’autres défauts tout aussi subtils : il pète dès qu’il se penche, ce qui lui vaut une réputation de puant, et il passe pour l’idiot de service en étant le seul homme à Rome à ne pas être au courant de la nymphomanie de son épouse. Qu’il rencontre un homme sortant de la carriole de Messaline, et il gobera l’excuse de Messaline, à laquelle il se réfère comme à “une innocente enfant”. Même lorsqu’il organise une blague en faisant passer un opposant pour l’empereur, il accepte de bon gré que sa femme couche avec l’intrus, louant le “don de sa personne”. Cette charge systématique pour faire passer Claude pour un abruti témoigne de la lourdeur de l’ensemble, très pipi-caca-quéquette. Les dialogues sont grivois, à l’image des situations, et se rapprochent à plusieurs reprises du beauf. Il n’y a pas cette touche de naïveté burlesque propre aux sexy comédies avec Edwige Fenech. D’ailleurs l’érotisme très suggestif de ces films laisse place à une vision très crue de la nudité et de l’amour. L’érotisme demeure soft mais se montre explicite, ce qui conduisit d’ailleurs les distributeurs VHS français (à moins que ce ne soit la production ? peu importe) à rajouter de très laids inserts porno à une scène de lesbianisme entre Messaline et sa nièce Agrippine.
La démythification de l’antiquité n’atteint donc pas la même saveur que celles du service public des sexy comédies. Diviser le film en plusieurs historiettes contribue aussi à cet échec. Un vénitien venu à Rome pour raisons administratives cherche un lupanar, un opposant nommé Bibi (Tomas Milian, qui avec ses simagrées se prend encore pour Monnezza) passe son temps à arnaquer l’aubergiste et à dénigrer les politiciens jusqu’à ce que Claude décide de le droguer pour le faire se réveiller dans la défroque de l’Empereur, le consul Gaius Silius repousse les avances de Messaline, un Centurion glorieux est reconverti en “mesureur de queues” pour Messaline… Tout ceci est confus et répétitif, et c’est précisément ce qui trahit l’écriture au jour le jour du scénario. Le manque de spontanéité est remplacé par une surenchère de grivoiseries qui ne porte que rarement ses fruits. La meilleure scène du film est encore son climax sanglant : dans le palais en proie à la révolte, les têtes sont coupées, les bras aussi, le sang jaillit en geyser jusqu’à inonder les lieux. L’ancêtre du dénouement de Braindead, servi par des effets spéciaux lamentables accentuant l’aspect grand-guignol.

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Messaline, Impératrice et putain est vraiment une œuvre produite dans l’urgence. Les beaux décors de Caligula ne font que faire ressortir davantage sa stupidité. En fin de compte, Franco Rosselini y gagna peut-être un peu de sous, mais il contribua à rajouter un peu plus de disgrâce sur la production de son projet principal.

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