Les Démons du maïs 3 – James D.R. Hickox
Children of the Corn 3 : Urban Harvest. 1995Origine : Etats-Unis
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Mine de rien, la saga céréalière initiée en 1983 en est aujourd’hui à sept films, dont six produits dans les 15 dernières années. Ce qui nous fait une moyenne honnête d’un film tous les deux ans et demis, bien que la plupart furent tournés à la fin des années 90 (le dernier remontant à 2001). Le troisième film de la franchise, celui qui nous intéresse ici, est cependant le dernier a avoir eu l’honneur d’une sortie au cinéma, tout le reste, difficilement trouvable en France, étant sorti directement en vidéo. Ce qui n’empêcha pourtant nullement leurs concepteurs de dégotter de temps à autres quelques futurs acteurs aujourd’hui reconnus (Naomi Watts dans le 4, Eva Mendes dans le 5, ou encore Charlize Theron, qui tient un tout petit rôle dans le 3), quelques autres déjà connus venus on ne sait trop pourquoi (Michael Ironside dans le 7) voire même de ressortir l’acteur jouant le prêcheur Isaac dans le premier film, devenu adulte entre le premier volet en 1983 et le sixième en 1999.
Mais trêves de présentation, passons donc à l’épisode 3, Urban Harvest. La récolte urbaine… Cette fois les adorateurs du maïs habitent Chicago. Oui je sais, c’est con, mais c’est comme ça : Eli et son aîné Joshua sont deux frères élevés au milieu des champs de Gatlin, qui se retrouvent placés dans une famille de Chicago. Joshua s’adapte plutôt bien à sa nouvelle vie, mais par contre Eli, qui a toujours été le plus fanatique des deux, ne veut rien savoir : il continue à vénérer le dieu du maïs (Satan, je suppose). Et, pis (de maïs) : délaissé par son frangin, il va s’amuser à convertir ses camarades de classes, à tracasser son curé de professeur, à ennuyer sa mère et à encourager son père, négociant en céréales, à exporter le maïs de Chicago à travers le monde… “Quel maïs de Chicago ?”, me demanderez-vous. Et bien c’est simple : habitant près d’une usine désaffectée, Eli en a profité pour réquisitionner les lieux et y faire pousser son diabolique maïs, où il aime à se réfugier avec ses jeunes paroissiens pour y préparer le massacre des adultes à la prochaine pleine lune, du moins si le temps et le permet et si son frère Joshua ne s’oppose pas trop fort à ses plans…
Ca devait arriver : nous voici donc en pleine repompe de La Malédiction. Le petit Eli est un gamin diabolique, bien propre sur lui, qui provoque de belles morts bien gores et bien cruelles (grâce lui en soit rendue), et qui s’amuse à déplacer des objets, à provoquer des cauchemars (dont un reprend la première scène du premier film) et des hallucinations (bref les jeux classiques de tout gamin maléfique qui se respecte). Il manie aussi l’humour noir et le sadisme avec dextérité, ce qui en terme d’image contribue à palier un peu à sa rigidité naturelle que l’on ne trouve plus guère que chez les plus sobres Amish et qui lui permet de faire le fier dans la cour de récré, d’humilier le gros dur du préau et de traumatiser son professeur religieux. Il est de plus aidé par son champ de maïs, qui se prend pour la forêt de Evil Dead en arrivant à bloquer les intrus à la seule force de ses racines. Le film, si il se révèle incroyablement débile et parfois complètement à côté de la plaque dans la mise en scène (mention spéciale à la fin, où le découpage pourri se tire la bourre avec un énorme monstre ridicule à base d’effets spéciaux minables), se révèle en tout cas bien plus dense que le premier (qui, aussi bizarre que ça puisse paraître, semble jouir d’une bonne petite réputation outre-atlantique), bien plus mouvementé que lui, et ce même si l’absence des vastes champs de maïs et du côté rural en découlant nuit quelque peu à l’identité du tout, qui finalement ne se limite qu’à des meurtres sanglants, à des manifestations surnaturelles, et à de la musique façon La Malédiction… Un champ entre quatre murs, c’est bien gentil, mais ça limite forcément les perspectives. Sans parler de la crédibilité.
Donc voilà : pour faire simple, disons que les défauts du premier film sont en partie corrigés dans le troisième, et que les (rares) qualités du même premier film deviennent ici des défauts. A chacun de trouver le style qui lui plait le plus (ou de jeter les deux en bloc). Personnellement, à défaut d’être un bon film, je trouve que Les Démons du Maïs 3 se révèle moins ennuyeux que le premier épisode, ne serait-ce que parce qu’il se révèle un peu plus teigneux, et qu’il n’hésite d’ailleurs pas parfois à faire mordre la poussière à des personnages que l’on pensait importants.