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L’Enfer du devoir – William Friedkin

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Rules of Engagement. 2000

Origine : États-Unis
Genre : Manipulation d’images
Réalisation : William Friedkin
Avec : Tommy Lee Jones, Samuel L.Jackson, Guy Pearce, Ben Kingsley…

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Le colonel Terry Childers (Samuel L. Jackson) a participé à tous les conflits impliquant les Etats-Unis depuis la guerre du Vietnam. En 1996, il se voit confier pour mission le sauvetage de l’ambassadeur américain et de sa famille au Yemen, où la situation tend à s’envenimer. Sur place, Childers et ses hommes subissent les tirs de quelques snipers postés aux alentours de l’ambassade ainsi que quelques projectiles lancés par le gros de la foule amassée au pied de la bâtisse. Après avoir envoyé en lieu sûr l’ambassadeur, Childers voit rouge suite à la perte de l’un de ses hommes et ordonne à ses troupes d’ouvrir le feu sur la foule en contrebas. Nombreuses sont les victimes et parmi elles, femmes, enfants et vieillards. A son retour aux États-Unis, Childers est assigné en justice pour répondre de ses actes. Il fait alors appel à son vieux complice, le colonel Hays Hodges (Tommy Lee Jones), pour qu’il assure sa défense. Hodges devra prouver que son ami a agi en toute bonne foi, et que la foule était bien composée d’individus armés mettant en danger la vie de ses soldats.

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Pour nous, spectateurs, l’issue du procès ne fait aucun doute puisqu’on a vu de nos yeux vus une foule désarmée sur laquelle ont fait feu les hommes de Childers. Partant de là, les efforts consentis par le colonel Hodges pour aider son ami nous paraissent vains, convaincus que nous sommes qu’il ira droit dans le mur. William Friedkin parvient tout de même à semer le doute dans notre esprit via la cassette vidéo de l’une des caméras de surveillance ayant filmé la foule en question. Cassette que le conseiller de la sécurité nationale s’empresse de soustraire du dossier. Pourquoi ce geste ? Qu’est ce qui le motive ? On ne le saura qu’au bout d’une heure, et cette révélation paraît pour le moins étrange puisqu’elle nous donne à voir ce qui nous avait apparemment échappé : une foule armée et faisant feu sur Childers et ses hommes. Grâce à cette pirouette scénaristique, le colonel Childers ressort blanchi de toute cette histoire. Il a rempli sa mission du mieux possible, en bon professionnel qu’il est, sans commettre la moindre erreur d’appréciation. De l’aveu même de William Friedkin, son but était de fustiger la bureaucratie américaine qui n’hésite pas à se détourner de ses soldats lorsque les événements ne prennent pas la tournure souhaitée. Que, pour se faire, il ait eu recours à d’obscures manipulations ne semble pas l’avoir gêné le moins du monde.
Pourtant, c’est justement sur ce point que le bât blesse. Que pour étayer son propos, il ait eu recours à une manipulation d’images pure et simple, démontre son incapacité à traiter le sujet. Ou alors faut-il y voir une critique de la pratique, courante désormais, de faire dire ce qu’on veut aux images. Or, là encore, cette hypothèse n’est guère convaincante dans la mesure où, ces images provenant d’une caméra de surveillance, leur impartialité semble acquise. Les films de William Friedkin ont toujours témoigné d’un certain flou entre la frontière du bien et du mal, le second contaminant souvent le premier. Néanmoins, celle-ci demeure toujours palpable. Dans L’Enfer du devoir, cette frontière fluctue en fonction des désirs de William Friedkin. D’une erreur d’appréciation avérée de Childers, on passe au gré des envies du réalisateur à un acte justifié par les événements. Le réalisateur donne ainsi raison à l’homme de terrain en opposition aux bureaucrates, qui ignorent tout de ce genre de situation d’extrême tension. Ce point de vue aurait pu être intéressant sans cette désagréable impression d’avoir été pris pour un con.

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Au-delà de ça, le film aurait malgré tout pu être plaisant à suivre si seulement William Friedkin avait su transcender les scènes de tribunal et les rapports entre les différents personnages. Or, tout cela se révèle d’une extrême platitude, la faute à des personnages sans reliefs. Ainsi, le colonel Hodges souffre-t-il d’un important trauma post-Vietnam à cause du massacre de son unité lors d’une des nombreuses actions qu’il y a mené. Childers lui a ce jour là sauvé la vie, et c’est donc sur cette dette que se construit la suite du récit. Hodges, alors à la retraite et alcoolique, accepte de défendre son ami car il ne peut pas lui refuser ça. Bien sûr, en cours de route, Hodges en viendra à douter de son innocence mais après une bonne baston, tout rentrera dans l’ordre. Le prologue du film au Vietnam sera également l’occasion d’une péripétie pour le moins comique lors du procès puisque l’accusation parviendra à faire venir à la barre rien de moins qu’un haut gradé vietnamien, celui-là même qui fut placé sous la menace d’une exécution par l’intraitable Childers. Cela montre toute la détermination d’une accusation qui n’hésite pas à chercher l’aiguille dans la botte de foin pour condamner son super soldat. Manquant de peps, personnages inintéressants, manipulateur, L’Enfer du devoir est un mauvais film, l’un des plus mauvais de son auteur.

2 réflexions sur “L’Enfer du devoir – William Friedkin

  • J’ai trouvé ce film très bien.
    A la fin, il est indiqué que l’homme de la Nsa qui a brûlé la cassette a été démis de ses fonctions et que l’ambassadeur avait été accusé de parjure.
    Je n’arrive pas a trouver des informations aux suite de ce procès concernant les personnes qui voulaient que Terry childers porte le chapeau de ce fiasco.
    Je ne pense pas que les informations notées à la fin du film soient fausses.

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  • Friedkin n’a pas le talent de De Palma pour jouer avec la perception des personnages lors de l’assaut de l’ambassade, il a pas le talent tous court même, donc il est parti sur un truc tellement gros, que Fonzy qui saute au dessus d’un requin ca parait scientifiquement plus plausible.

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