King Cobra – David & Scott Hillenbrand
King Cobra. 1999Origine : Etats-Unis
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Décidément, il n’y a pas beaucoup d’innovation dans les films de monstres post-Anaconda. Il y en a si peu que certains vont même jusqu’à aller piocher dans les recettes des Dents de la Mer, ce qui d’ailleurs est une référence autrement plus respectable. Revoilà donc l’avidité des autorités d’un petit patelin américain, qui cette fois refusent d’annuler la fête de la bière locale malgré l’énorme serpent qui rôde dans les bois alentours. La bête est née de la bêtise incommensurable d’une poignée de scientifiques (dont Courtney Gains, le rouquin des Démons du maïs) qui deux ans plus tôt se sont foutus sur la gueule dans leur laboratoire, provoquant une explosion et libérant par la même leur improbable croisement entre le cobra d’Afrique et le serpent à sonnettes d’Amérique, voulu volontairement le plus agressif possible, on ne sait trop pourquoi (et le seul survivant de l’affaire ne le sait pas non plus). C’est malin. Alors du coup, le serpent va se lâcher et mordre à tour de bras.
Aucune originalité, donc, et même les défauts habituels des films de monstres postérieurs à Anaconda sont respectés. C’est à dire en premier lieu que nous avons ici affaire à de l’horreur très soft, très propre. Les morsures sont toutes petites, et le venin se contente d’affliger les victimes de quelques désagréments épidermiques qui ne choquent bien que les personnages. C’est assez dommage, puisqu’il y aura tout de même beaucoup de monde qui se fera croquer par Seth (c’est le petit nom donné au serpent). Ce dernier, pas plus mal conçu que le premier Python ou le premier Boa venu, aime à se moquer de ses futures proies, venant notamment déranger un couple d’amoureux en pleine partie de bécotage grâce à son crécellement ou faisant le mort pour décevoir un abruti venu le tuer. Il faut le comprendre, aussi : c’est vrai que les humains se mettant sur son passage sont d’une bêtise rarement égalée. Bien sûr, certaines fois la chose est volontaire, c’est la pitoyable “touche comique” des réalisateurs, les frères Hillenbrand (dont l’un des deux se permet même un rôle non négligeable à l’écran). C’est ainsi que parmi les adversaires de Seth se trouveront des rednecks chasseurs bien bouseux, bien gras, des fiers représentants de la ville voisine renommée pour son houblon (un clip sera même consacré au milieu du film à la conception de la bière locale !). Et puis il y aura ceux censés être plus sérieux, du moins autant que puissent l’être les japonais experts en serpents qui affirment que “les japonais ne sont pas fait pour courir : ils sont fait pour durer“. Les frères Hillenbrand ont certes conscience de la modestie de leur film, et ils évitent de se prendre au sérieux. Mais était-ce bien une raison pour, entre deux attaques, nous faire suivre les futiles discussions de gens aussi insipides qu’inutiles (au rang desquels figure Erik Estrada, rescapé de la série Chips) ? Faut-il y voir là un manque d’idée ? A n’en pas douter, oui. Pourtant, à défaut d’être intelligent, le genre peut être riche en action, en méchanceté gratuite, en érotisme, comme à la vieille école des films post-Dents de la Mer. Mais non, King Cobra n’est rien de tout cela. Ou si il l’est, c’est dans des proportions ridicules : action molle et mal réalisée, second degré gentillet et érotisme en mohair. A ce titre, King Cobra ressemble à n’importe quel autre film à serpent géant produit dans la seconde partie des années 90. Et tout comme ses confrères, il est destiné à finir en bouche trou de seconde partie de soirée pour des chaînes aussi “méchantes” que TF1 ou M6. De toute façon, dès qu’un film soit disant “d’horreur” est programmé sur l’une de ces deux chaînes, c’est un bien mauvais signe…