CinémaHorreur

Jeu d’enfant – Tom Holland

chucky1

Child’s Play. 1988

Origine : États-Unis 
Genre : Horreur 
Réalisation : Tom Holland 
Avec : Catherine Hicks, Chris Sarandon, Alex Vincent, Brad Dourif…

Pour son anniversaire, le petit Andy réussit à se faire offrir une poupée Brav’gars. Il est content, jusqu’à ce qu’il découvre que Chucky, sa poupée, abrite l’esprit de Charles Lee Ray, un tueur en série qui par le biais du vaudou s’est réfugié dans le jouet juste avant de mourir…

Si Chucky n’est pas la première poupée tueuse (le concept semblerait remonter à un épisode de la Quatrième dimension de Rod Serling) ni la plus efficace (je lui préfère personnellement la mordante poupée zoulou Zuni, vedette de l’un des sketchs de La Poupée de la terreur), il est en revanche le plus réputé. Sa première aventure, datant de 1988, est l’oeuvre du réalisateur Tom Holland, le brav’gars derrière le très bon Vampire… vous avez dit vampire ? et du scénariste Don Mancini, qui depuis ne vit que des rentes de sa création et des séquelles qu’il a toutes lui-même écrites (il attendra le cinquième volet pour en devenir le réalisateur). Et il faut bien l’admettre, si ce premier Chucky est fort sympathique, il le doit beaucoup à mon vieil ami Zuni, duquel il a puisé le côté africain (c’est bien un rite africain qui permet à Charles Lee Ray d’investir la poupée), et les caractéristiques d’être agressif et ironique. C’est particulièrement flagrant dans les scènes se déroulant à l’intérieur d’un appartement, puisque Chucky agit comme le faisait le zoulou de bois, sans se laisser intimider par la grande taille de ses adversaires ni par les coups qu’on lui porte. Mais l’inspiration ne s’arrête pas là, et le film de Holland s’amuse aussi à jouer la carte de l’humour, avec un énorme contraste entre le soin apporté à la mise en scène, au traitement sérieux, et la nature du tueur.

Holland traîne ainsi dans les bas fonds de Chicago, dans un milieu urbain noir et d’habitude plus apte à abriter de vrais tueurs psychopathes (Maniac, L’Eventreur de New York) et il magnifie ses décors à coups de photographie angoissante et limite giallesque, qui dans les scènes d’intérieurs se fait pleine de coins d’ombres dans lesquels le danger peut se cacher. Les personnages eux-mêmes jouent très bien leurs rôles de victimes potentielles, et ne prennent pas ça à la rigolade (quitte à ce que d’autres gens viennent se moquer d’eux). Tout ça pour quoi ? Pour une poupée tueuse rouquine aux fringues bariolées, qui jure comme une charetière et qui donne des coups de couteaux dans les mollets. Chucky ne rit pas non plus et, toujours dans une optique doucement humoristique, c’est avec bien du mal que les protagonistes en viendront à bout. Le scénario se plait à aligner des moments de tensions rompus par les arrivées en fanfare de ce petit bout de plastique en salopette bleue cherchant à investir le corps d’Andy pour retrouver tout l’élan meurtrier du terrible tueur que fut Charles Lee Ray (un nom amalgame de Charles Manson, Lee Harvey Oswald et James Earl Ray). Les effets spéciaux, avec l’animation encore assez limitée de Chucky, rendent la poupée encore très rigide, ce qui renforce davantage l’aspect grotesque de ce tueur en série qui l’a mauvaise de se retrouver à traquer un gamin dans un tel accoutrement (c’est par ailleurs à Kevin Yagher que l’on doit l’aspect de Chucky).

Ce premier Chucky, tout en étant assez comique, évite les facilités dans lesquels tomberont ses successeurs, principalement à partir de La Fiancée de Chucky, à savoir la lourdeur des gags portant sur la poupée tueuse. C’est en grande partie à la réalisation de Tom Holland que l’on doit ce savant mélange entre épouvante classique et doux second degré, le même qu’il employa déjà pour Vampire… vous avez dit vampire ?. Un film qui employait déjà Chris Sarandon, acteur qui reprend ici du service dans la peau d’un flic aussi consterné qu’éffrayé… Evidemment, on ne peut dire qu’il s’agit d’une oeuvre géniale, mais tout de même, voilà un bon petit film soigneusement concocté, inaugural d’une série qui n’en retiendra que les plus mauvais aspects.

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