CinémaHorreur

Hellhole, la clinique de l’horreur – Pierre De Moro

hellhole

Hellhole. 1985

Origine : Etats-Unis 
Genre : Horreur érotique 
Réalisation : Pierre De Moro 
Avec : Judy Landers, Ray Sharkey, Mary Woronov, Richard Cox…

Susan (Judy Landers) craint pour la vie de sa mère, qui détient des papiers compromettants pour le Docteur Monroe. Et elle a raison de craindre, puisque pendant qu’elle prenait sa douche, un tueur (Ray Sharkey) a pénétré dans la maison. Susan ne peut que surprendre l’assassin en pleine besogne, mais c’est trop tard, sa mère est morte. Et le tueur en a désormais après elle ! Il la poursuit jusqu’à ce qu’elle fasse une malencontreuse chute qui la laisse amnésique. Rusé comme un renard, Monroe profite de son poste à l’ordre des médecins pour faire interner Susan dans une clinique où elle sera sous la surveillance de Silk, le tueur improvisé infirmier, qui va essayer de la faire parler, tout en évitant que la maîtresse des lieux, la Doctoresse Fletcher (Mary Woronov), ne se serve trop prématurément de Susan pour ses funestes expériences de lobotomie. Heureusement, dans cette maison de folles, Susan peut compter sur l’aide de Ron, seul infirmier gentil, qui s’est donné pour mission de faire tomber Fletcher.

Rien ne prédisposait le français Pierre De Moro à réaliser Hellhole, vague film d’horreur dissimulant une sexploitation à l’ancienne. Ses deux précédents films, faits également aux Etats-Unis, donnaient sans vergogne dans le familial… Mais que voulez vous, rien de tel qu’un petit film comme celui-là pour engranger les bénéfices et pouvoir espérer un avenir à court ou moyen terme. Si tel était bien l’objectif de notre corse exilé, pas de bol, Hellhole est son dernier film. En tous cas, si sa propre présence derrière la caméra semblait incongrue, il n’en va pas de même pour celle des acteurs et actrices, qui ont tous le profil de l’emploi. A la plâtrée de demoiselles probablement recrutées aux soirées de Hugh Hefner ou Bob Guccione pour incarner les patientes s’ajoutent quelques “gueules” plus ou moins reconnues telles que Mary Woronov (régulière de la New World de Corman dans les années 70 puis de Joe Dante par la suite), Robert Z’Dar et sa mâchoire hydraulique, Marjoe Gortner venu réaffirmer sa masculinité en dépit d’un prénom trompeur ou encore Dyanne Thorne en rupture de prisons à diriger. Tous ne sont pourtant pas logés à la même enseigne : si l’ex Ilsa en est réduite à jouer discrètement les prisonnières, Gortner et Z’Dar jouent les faire-valoir de Woronov, le premier en incarnant un assistant (rôle totalement inutile, soit dit en passant) et le second un gardien baraqué, sorte de cerbère préservant “le trou de l’enfer”. Car c’est dans ce lieu nauséabond que Fletcher emploie ses cobayes, reléguant les malheureux survivants dans des geôles oubliées de tous. Femme revêche au visage carré, Woronov est très à son aise dans ce rôle apparenté à celui des gardiennes de prisons, dont Corman était friand. N’ayant pas joué dans les WIP de son mentor, l’actrice répare ce manque avec Hellhole.

Toutefois, le personnage le plus marquant n’est aucun de ceux-ci. Il s’agit de Silk, un tueur pour le moins étrange, incarné par Ray Sharkey, lui aussi peu habitué aux films de ce genre. Quatre ans auparavant, il recevait le Golden Globe du meilleur acteur de film musical pour The Idolmaker. Et il se retrouve ici à jouer un assassin qui aurait très bien pu écumer les bars dans La Chasse de William Friedkin. Il s’y serait certainement fait jeter au montage, mais tout de même ! Avec un look d’homosexuel viril, tendance Freddie Mercury en 1980, tout de cuir vêtu, avec grosse moustache, rouflaquettes, grosses lunettes noires, logeant dans une garçonnière éclairée en rose où il fait des photos de charme avec une patiente, appelant tout le monde “mon grand” ou “ma grande”, il n’est clairement pas à sa place dans cette clinique dirigée par la sévère lesbienne Fletcher. Chacune de ses apparitions donne au film une certaine dose de folie, surtout lorsque Pierre De Moro et ses scénaristes (dont deux dialoguistes… beaux exemples d’emplois fictifs) se piquent de le faire participer à un bain de boue avec deux patientes qu’il ne tardera pas à chasser manu militari. Dans l’ensemble, il faut bien admettre que la plupart des personnages sont suffisamment farfelus pour maintenir le film à flot, ce qui évite à De Moro d’avoir à verser dans un humour plus direct, comme il était de coutume à l’époque. Par contre, comme souvent dans ces cas là (l’histoire du WIP est là pour en témoigner), la misérable héroïne et son chevalier servant n’en apparaissent que d’autant plus fades, surtout que ladite héroïne, malgré son physique de blonde n’ayant rien à envier aux autres patientes, reste sagement habillée du début à la fin. Ainsi, même ses compagnes d’infortunes lui volent la vedette !

Dans ce genre de films, qui ne se regardent pas pour le scénario (à moins vraiment de chercher la petite bête !), il est légitime de trouver qu’une nymphomane lesbienne, qu’une actrice folle à lier ou qu’une bigote grimpant sur les tables pour prévenir que la popote est empoisonnée par Satan sont des personnages un peu plus sympathique qu’une demoiselle en détresse scandalisée par son sort. Et puis, en refusant de participer aux combats dans les douches, en ne sortant pas de sa chambre quand les autres font les pitres dans le couloir et en étant protégée par Silk (qui refuse qu’on la maltraite de peur qu’elle meurt avant d’avoir dit où étaient les papiers recherchés par Monroe), elle rate tout ce qui fait l’essence même de Hellhole. Qu’elle ne vienne pas se plaindre que les spectateurs la prennent en grippe, elle et son sauveur, qui essaie de convaincre l’ordre des médecins du scandale ! Et ce n’est pas non plus en jouant sur le mode horrifique qu’elle gagnera l’affection. Car cette fois, à ce niveau, c’est tout le film qui ne vaut pas grand chose. Les expériences de Fletcher ne consistent qu’en des piqûres accentuant la folie de ses cobayes, qui n’en deviennent pas pour autant homicides ou déformés. Même les rebuts ne sont pas spécialement méchantes, se contentant de tirer les cheveux de quiconque passe devant leurs cellules. Et quand elles sont à l’air libre, car il est évident dès le départ qu’elles seront libérées, elles n’en font pas plus. A vrai dire, leur présence est seulement là pour inclure un couloir sombre dans le script, ce qui a contribué les distributeurs à classifier le film comme étant un film d’horreur, tout comme l’existence d’une chaufferie, probablement inspirée par le récent succès de Freddy Krueger. Les éclairages saturés en plus, ce qui dans la saga d’Elm Street n’arrivera qu’avec le troisième volet, qui n’était pas encore sorti.

Il est dommage que De Moro ait voulu faire passer son film pour une oeuvre horrifique, car les apports dans ce sens sont vraiment insipides. Par contre, le côté sexploitation hérité des WIP est globalement réussi, avec toutefois le même bémol que pour la plupart des WIP : c’est amusant, mais faute de renouvellement, on finit par se lasser. Mary Woronov et Ray Sharkey (ainsi que dans une moindre mesure Robert Z’Dar) permettent tout de même de faire passer le film au-dessus de la moyenne. Pas de beaucoup, mais c’est toujours ça.

 

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