CinémaHorreur

Fog – John Carpenter

fog

The Fog. 1980

Origine : États-Unis
Genre : Epouvante
Réalisation : John Carpenter
Avec : Adrienne Barbeau, Tom Atkins, Jamie Lee Curtis, Janet Leigh…

La petite ville côtière d’Antonio Bay s’apprête à fêter son centenaire. Mais les réjouissances ne se passeront pas comme prévues, puisqu’à l’origine de la ville se trouve une conspiration ayant entraîné la mort en mer du Capitaine Blake et de ses hommes, cent ans jour pour jour avant ces cérémonies du centenaire. En quête de revanche, les marins, prenant la forme de vagues silhouettes dans un épais brouillard phosphorescent, reviendront se venger et récupérer l’or qui leur fut volé après leur naufrage. Il est décidément sûr que les fondements pourris de cette petite ville en apparence paisible ne seront pas célébrés…

Un an après Halloween, John Carpenter remet le couvert dans le genre horrifique avec Fog, oeuvre qui partage bien des points communs avec les premières aventures de Michael Myers. La structure du film est en effet assez similaire, et s’étale sur deux nuits et une journée. Annonciatrice de ce que sera la suivante, la première nuit mous montrera ainsi le brouillard fantôme envahir un navire sur lequel des marins seront sauvagement assassinés. L’exposition est faite, reste alors à Carpenter à développer les tenants et les aboutissants de l’intrigue par le biais d’une description de ce village et des personnages principaux qui animeront le film. L’animatrice radio dans son phare (Adrienne Barbeau), le prêtre alcoolique (Hal Holbrook), le comité d’organisation (Janet Leigh et Nancy Loomis), le citoyen lambda et sa copine du moment (Tom Atkins et Jamie Lee Curtis), tels seront les gens à travers lesquels vivra le récit. Comme dans Halloween, l’un d’eux (le prêtre, équivalent du Dr. Loomis) est là pour nous informer de l’histoire de ces marins et les autres n’auront pour tâche que de survivre. Un peu plus complexe est cependant cette narration, puisque cette fois Carpenter ne doit plus composer uniquement avec quelques adolescents et un tueur isolé, mais bien avec une petite communauté et avec un tueur d’un genre un peu particulier, puisqu’il s’agit du brouillard. Mais si ce n’était pour le final, cela ne changerait pas grand chose, puisque durant la journée séparant les deux nuits d’action, les mêmes recettes sont appliquées, et là aussi les évènements du soir seront annoncés via quelques apparitions inquiétantes et par un style de mise en scène très efficace porté bien plus sur la suggestion que sur la démonstration. Celle-ci constituera donc uniquement la partie finale du film, et Carpenter s’en tirera avec les mêmes honneurs que Halloween : oppressante, menaçante, cette dernière nuit voyant le déferlement du brouillard est un climax parfait. Carpenter perd tout de même un peu d’impact en ayant choisi le part-pris de nous montrer plusieurs personnes à plusieurs endroits de la ville, mais plus ça ira, et plus les personnages se trouveront tous portés au même degré de menace face à l’envahisseur marin, jusqu’au final où la tension est partout à son comble. Le brouillard est lui aussi comparable à Halloween et plus précisement à Michael Myers, puisque lui aussi n’est qu’une “forme” (Myers était appelé “The Shape” au générique de Halloween), qui parvient aisément à se rendre aussi mençante que la silhouette masquée de Myers grâce aux effets spéciaux, qui en font un tout luminescant et qui envahit peu à peu l’entourage de ses victimes. La gestion des espace est également semblable : Myers n’agissait que dans un périmètre limité et sa simple présence suffisait à inspirer la peur, tandis que dans Fog toute une ville est concernée, et donc l’étendue du brouillard permet véritablement à Carpenter de placer tous les lieux de l’action sous pression et d’éviter tout échappatoire (voir les nombreux plans où le brouillard, encore situé sur la mer, se prépare à envahir la ville). La confrontation est inévitable, et en effet, elle aura bel et bien lieu. Tout comme dans Halloween, ce sera le personnage le plus au fait du pourquoi de cette entité maléfique qui aura à en découdre. Et là aussi, il y aura un final composé d’une fausse acalmie et d’un vrai dénouement.

Bref Fog, quoique inspiré par les monstres des nuages d’un film anglais de 1958 appelé The Trollenberg Terror, est amplement comparable à Halloween : la mise en scène de Carpenter est toujours aussi efficace, et le film porte indéniablement sa griffe. Certains acteurs sont d’ailleurs communs aux deux films : Jamie Lee Curtis, Nancy Loomis, Charles Cyphers… La référence à Hitchcock, déjà présente dans Halloween, est également de mise, avec en tête de liste Psychose, puisque cette fois Carpenter, non content de prendre la fille de Janet Leigh comme héroïne emploit Janet Leigh elle-même ! Et puisque le film se déroule dans une ville côtière, le réalisateur ne se prive pas non plus pour citer un autre classique du maître, Les Oiseaux, en tournant certaines scènes sur les lieux mêmes où le Hitch avait réalisé son film. Toujours niveau références, Carpenter aligne les clins d’oeil en donnant à ses personnages les noms de ses plus proches collaborateurs passés ou présents : Nick Castle, Dan O’Bannon, Tommy Wallace… Il emploie également des acteurs qui ont été (Darwin Joston, le Napoléon Wilson de Assaut, ici dans le rôle d’un “Dr. Phibes” !) ou qui vont bientôt faire (George “Buck” Flower) partie intégrante de sa filmographie. Enfin, signalons également la présence de Rob Bottin, de Tommy Lee Wallace et de Carpenter lui-même dans des petits rôles. Nous sommes donc ici en territoire connu, et il est très agréable de se replonger de temps à autres dans ce Fog, un peu plus adulte que Halloween.

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