CinémaHorreur

Dorothy – Agnès Merlet

dorothy

Dorothy Mills. 2008

Origine : France / Royaume-Uni 
Genre : Épouvante 
Réalisation : Agnès Merlet 
Avec : Carice Van Houten, Jenn Muray, David Wilmot, Ger Ryan…

Une psychiatre de Dublin se rend dans une petite communauté isolée sur une petite île du nord de l’Irlande pour étudier le cas de la petite Dorothy Mills, une jeune fille accusée d’avoir violenté un bébé. Là bas, elle doit faire face à l’hostilité des autochtones, à un cas bien plus complexe qu’il n’y paraît et à des tourments intérieurs qu’elle n’était jamais parvenue à oublier…

Dorothy est le quatrième film de la réalisatrice française et éclectique Agnès Merlet. Intéressant et prenant, il ne parvient pourtant pas à convaincre totalement. Dorothy fait partie de ces films qui sont certes marqués par une ambiance souvent très réussie, mais qui ne parviennent pas à masquer les carences du scénario. En effet, le film a la lourde tâche de traiter de thèmes identiques aux chefs d’oeuvres que sont L’Exorciste et The Wicker Man. Dès lors il est plutôt difficile de se démarquer de ses prédécesseurs et d’éviter les redites. Et Dorothy ne parvient jamais réellement à faire sortir son intrigue des sentiers balisés, ni même à se dégager complètement de ses influences. Volontairement ou pas, le film cite beaucoup d’autres œuvres, on pense par exemple aussi beaucoup au Carnaval des âmes ou aux films de Lucio Fulci, ce qui finit tout de même par alourdir un peu la narration, qui souffre d’un recours parfois trop évident aux nombreux codes du genre popularisés par ces classiques. Ces codes (l’utilisation de certaines partitions propres au cinéma d’horreur, des personnages comme la vieille aveugle qui profère quelque menace, les scènes de possession, l’hostilité de la communauté, etc…) sont finalement utilisés comme des ingrédients qui seraient intrinsèquement efficaces (ce qui est faux le plus souvent), et non pas comme différentes parties d’une structure globale. Ainsi Dorothy manque peut-être de rigueur au niveau du scénario, qui déroute par sa structure parfois chaotique qui donne à certaines scènes un aspect artificiel (surtout dans la deuxième partie), le caractère explicatif des scènes concernée n’aidant pas.

De même, si les thèmes que se propose d’explorer Merlet sont toujours riches et intéressants, ils souffrent de cette petite impression de déjà vu. Ainsi traiter du cas de Dorothy en confrontant la science et le fantastique était une excellente idée, toujours intéressante et qui permet au film de rester assez ambigu et étrange pendant une grosse moitié de métrage, mais qui n’échappe finalement jamais à la comparaison avec L’Exorciste. Il en va de même pour l’interprétation de la petite Dorothy. Jenn Muray est absolument bluffante et parvient à être réellement terrifiante lors des passages de “possession” où elle prend différentes voix inquiétantes, pourtant elle œuvre dans un registre tellement similaire à celui de Linda Blair qu’il sera impossible au cinéphile avertit d’être entièrement conquis.

Mais malgré ça, Dorothy n’est pas mauvais. Surtout grâce à l’atmosphère que le film parvient à créer assez efficacement il faut bien le dire. Dès les premières images, grises et lourdes, on sent poindre cette ambiance très sombre. Au détour de certains plans, le film devient même sublime, comme lors de ce passage sur le ferry qui relie l’île au continent où la mise en scène parvient à nous faire ressentir en quelques plans la solitude et l’isolement de la psychiatre, ou encore lors de ces scènes où la psychiatre discute avec la jeune Dorothy qui en plus de servir de piliers à l’intrigue témoignent d’un vrai savoir-faire et d’une brillante utilisation des décors, que ce soit les splendides paysages du Nord de l’Irlande, les cellules exiguës de la prison ou la chambre de Dorothy… Signalons également la manière pour une fois réellement efficace et pertinente dont sont utilisées les guitares électriques dans la bande son. Il ne s’agit cette fois ci pas de faire quelque chose de jeune, voire “fun” (comme dans les détestables Saw) mais de jouer habilement avec les sons entendus par les personnages et de les incorporer dans la bande son du film. L’idée est bonne et le résultat intéressant tant ces partitions de guitare intrigueront dans un premier temps pour finalement avoir des échos sinistres une fois qu’on aura compris leur signification réelle.

Un peu à l’instar de Abandonnée de Nacho Cedrà, Dorothy est un film qui ne révolutionne rien du tout et qui souffre de très nombreux défauts. Mais si on ne peut donc pas véritablement parler de “bon film” à propos de Dorothy il faut bien reconnaître qu’il parvient tout de même à rester intriguant grâce à de réels efforts mis en place pour créer une atmosphère tangible et dense, et des idées de mise en scène souvent efficaces.

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