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Critters 3 – Kristine Peterson

critters3-affiche

Critters 3. 1991.

Origine : États-Unis
Genre : Horreur gentillette
Réalisation : Kristine Peterson
Avec : Aimee Brooks, John Calvin, Katherine Cortez, Don Opper, Leonardo DiCaprio.

Annie, accompagnée de son jeune frère et de son père, revient d’un périple à travers les États-Unis. A proximité de Gobber’s Bend, petite localité que nous connaissons bien, un pneu éclate, ce qui les oblige à s’arrêter sur une aire de repos pour le changer. Durant cet arrêt forcé, Annie fait la connaissance de Joshua (le tout jeune Leonardo DiCaprio), un garçon de son âge, et de Charlie, notre chasseur de Krites toujours fidèle au poste. Ce qu’elle ignore – et nous aussi ! -, c’est que des oeufs de Krites se sont accrochés à la voiture de son père pendant toutes ces parlotes. Les extraterrestres gloutons changent enfin de crémerie !

Les Krites reviennent pour la seconde fois moyennant quelques menus changements. Finis les honneurs du grand écran, place au marché de la vidéo. Critters 2, ainsi que Gremlins 2 après lui, n’ont pas rencontré un franc succès lors de leurs sorties en salles, alors qu’ils ont été largement plébiscités en vidéo. New Line ne souhaite pas abandonner ses petites boules de poils carnassières aussi facilement. Aussi, elle lance coup sur coup le tournage de Critters 3, immédiatement suivi de celui de Critters 4, la fin de l’intrigue du 3 (son générique, en fait) introduisant l’intrigue du 4. Qui dit marché de la vidéo, dit budget considérablement revu à la baisse. Il faut donc à la réalisation, quelqu’un qui sache se départir d’un budget riquiqui sans non plus que son film fasse trop fauché. Et qui de mieux, dans ce cas là, qu’un réalisateur sorti tout droit de l’école Corman ? En l’occurrence, le choix de la New Line se porte sur une réalisatrice, Kristine Peterson, qui a mis en scène pour le compte de Roger Corman Une Extrême passion, premier film d’une longue série.

Critters 2 s’était montré plus ambitieux que son prédécesseur en multipliant les Krites et en s’affranchissant du huis clos initial. Critters 3 semble poursuivre cette voie en délaissant Gobber’s Bend pour déplacer l’action au coeur d’une agglomération urbaine. Ce n’est qu’un leurre. Ce déplacement géographique n’aboutit à rien d’autre qu’à un nouveau huis clos, dans un immeuble cette fois. Ceux qui souhaitaient une invasion à plus grande échelle en sont pour leurs frais. Et les amateurs de gore également. Décidément, les Krites éprouvent les pires difficultés pour venir à bout du genre humain. A leur décharge, ils ne sont guère aidés par une production qui leur tire la bride pour réfréner leurs ardeurs. Leur présence à l’écran va croissant, mais toujours dans le sens d’une “gremlinisation” plus poussée. Leurs borborygmes se font davantage entendre, ils regardent la télé et fichent un bordel monstre partout où ils passent. Pour pousser la gémellité encore plus loin, l’un des Krites arbore une touffe de poils blancs après avoir été aspergé d’eau de javel. Ce qui lui confère une allure proche du leader des gremlins. La saga des Critters éprouve tellement de mal à se démarquer de ses augustes prédécesseurs, que les dialoguistes se mélangent les pinceaux au point de dater les événements relatés dans le premier Critters de 1984, alors qu’il s’agit de l’année de sortie du film de Joe Dante. Une erreur qui sera corrigée au cours du film, mais qui en dit long sur le manque d’identité de ces succédanés.

Malgré tout, les auteurs de Critters 3 tentent de développer la mythologie de ces petites bestioles. Peu importe que Mick Garris n’ait pas achevé son film en laissant la porte ouverte à d’éventuelles suites. Des oeufs, ça se cache n’importe où, encore plus facilement dans le cas des Krites puisqu’ils se déplacent à loisir. Mieux, ils peuvent sauter et s’accrocher où ils veulent dans l’attente d’un endroit favorable à leur éclosion. C’est parce qu’ils fuient Charlie qu’ils se retrouvent en ville à dévaster un immeuble. Leur nombre est difficile à établir tant les scénaristes pédalent dans la semoule à leur sujet. Il doit tout juste en rester deux d’intact à leur arrivée en ville, alors qu’on ne compte pas loin d’une dizaine de Krites lorsqu’ils se lancent aux trousses des locataires. Des locataires d’une gentillesse rare, qui ont finalement plus à craindre de l’infâme propriétaire de l’immeuble que des Krites. Ces derniers ne dévorent que les personnes au fond mauvais, ce qui réduit considérablement les possibilités et le suspense. Le propriétaire mal intentionné et son subordonné passent à l’as rapidement, ce qui laisse libre cours au spectacle inoffensif des Krites. Critters 3 se dote d’un léger fond social en opposant un propriétaire avide et sans scrupules à de gentils locataires désargentés, mais qui se serrent les coudes dès que le besoin s’en fait sentir. Enfin, c’est surtout un procédé un peu facile pour que les mauvais bougres soient immédiatement identifiables. Un panneau lumineux au-dessus de leur tête n’aurait pas fait mieux.

Quant aux Krites, ils deviennent une espèce protégée dont la sauvegarde devient primordiale aux yeux des autorités galactiques. Charlie se voit sommé de stopper net sa “décritterisation” et de préserver bien soigneusement les deux derniers oeufs de l’espèce. La métaphore est limpide. Pour le studio, il est hors de question de se débarrasser aussi vite de ces créatures désormais bien ancrées dans le paysage du cinéma fantastique. Et comme n’importe quelle série télé, Critters 3 de s’achèver sur la mention “A suivre…”. C’est que les Krites ont encore des bêtises à commettre, et la New Line, des bénéfices à engranger.

3 réflexions sur “Critters 3 – Kristine Peterson

  • On a un épisode des Critters dans un immeuble, qui terrorise les personnes bloquées. Quand j’ai vu Evil Dead Rise, j’ai immédiatement pensé à ce film. L’histoire est quasi identique. On a un démon qui attaque les locataires d’un immeuble promis à la démolition. C’est un super bon film d’horreur et pour une fois les enfants ne sont pas épargnés. Ce qui est rare dans ce genre de production. C’est gore, violent, flippant, ça fait le travail à la différence de Megan et Smile, qui repose sur des ficelles qui fonctionnent mais trop faciles et trop éculées.

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  • Effectivement, le “film d’immeuble” constitue tout un “sous-sous genre”. Outre ce Critters 3 et le Evil Dead Rise que tu mentionnes, il y a aussi Gremlins 2, Frissons, Poltergeist 3, Troll, Demons 2, La Horde, sans parler des films qui ne font appel à eux que pour quelques scènes, ou encore ceux qui se concentrent plus sur de plus modestes résidences (Rosemary’s Baby, La Sentinelle des maudits, Le Locataire) … Et notons les films qui ne sont pas horrifiques, comme le premier Die Hard. Bien utilisés, les immeubles se prêtent bien au cinéma, via leur coté parfois labyrinthique, via leurs longs couloirs ou via leur densité de population et de problématiques diverses.

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  • C’est vrai que l’immeuble isolé offre un sous sous genre, du fait qu’il installe dans un environnement rassurant une menace qui va transformer celui-ci en un piège, retournant tout ce qui le compose, escaliers, couloirs, voies d’aération, en menace pour leurs habitants.

    Il s’agissait de transmettre la dangerosité des Critters ou des possédés dans Evil Dead, sans que ces derniers puissent s’échapper de l’immeuble, ou appeler les secours. Il aurait été facile que la police intervienne, même si d’autre films comme [Rec], ont eu l’idée de quarantaine, pour parer à cela.

    Il s’agira du dernier bon Critters, avant Critters 4, qui sera un très mauvais film, fauché et médiocre, l’idée de l’espace étant assez catastrophique pour toute les licences d’horreur : Leprechaun, Hellraiser, Vendredi 13.

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