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Barbarians – Vladimir Bortko

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Тарас Бульба. 2009

Origine : Russie 
Genre : Historique / Cape et épée 
Réalisation : Vladimir Bortko 
Avec : Bogdan Stupka, Igor Petrenko, Vladimir Vdovichenkov, Magdalena Mielcarz…

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Ukraine, milieu du 17e siècle, deux frères rentrent dans le domaine de leur père, un riche et estimé cosaque nommé Tarass Boulba. Ils ont terminé leurs études à Kiev et comptent se rendre à la Sietch, le campement de l’armée zaporogue, pour devenir de vrais cosaques. Leur père est saisi de nostalgie en les voyant et décide de tout abandonner pour les accompagner et reprendre une vie aventureuse. Arrivé à la sietch, Tarass veut à tout prix, pour aguerrir ses fils, une guerre contre les Tatars ou les Turcs, mais l’Hetman des zaporogues refuse de rompre le traité de paix signé avec le sultan ottoman. Par ruse, en provoquant le mécontentement chez les cosaques, Boulba obtient le limogeage de l’hetman en place et son remplacement par un plus belliqueux. Au même moment un messager arrive de l’ouest annonçant de tristes nouvelles, les polonais (dont les zaporogues sont les vassaux) mènent une politique anti orthodoxes en Ukraine, humiliant les « vrais croyants » avec l’aide des juifs. Les cosaques manifestent leur colères violemment en noyant dans le Dniepr les marchands juifs qui gravitaient autour du camp, à l’exception de l’un d’entre eux que Tarass place sous sa protection. Les zaporogues se mettent ensuite en campagne contre le royaume de Pologne…

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Dernière adaptation en date du génial récit d’aventure de Nicolas Gogol et paradoxalement la seule russe, cette version de 2009 est sans aucun doute la plus fidèle au roman. Dans le rôle titre Bogdan Stupka s’avère être le meilleur interprète à ce jour du chef cosaque, la reconstitution historique est plastiquement très réussie, et au final le film est… franchement médiocre.
Mais avant d’aller plus loin revenons à l’œuvre littéraire et son contexte historique. Écrite en 1843 cette longue nouvelle (ou ce court roman) s’inspire de la révolte Khmelnytsky des cosaques ukrainiens (les zaporogues) contre la couronne polonaise. Ce fut le début de ce que les polonais appelleront le « déluge » qui vit la perte de l’Ukraine au profit de la Russie et la conquête (éphémère) de la Pologne par la Suède. A partir de cet épisode historique Gogol écrit un ouvrage d’aventure, glorifiant les cosaques ukrainiens, destiné à l’édification des adolescents, et dont le patriotisme pro russe exacerbé (dans la version définitive) est en quelque sorte une réponse aux accusations « d’antitsarisme » que lui ont valu ces œuvres théâtrales.
Au 20eme siècle le roman connaîtra plusieurs adaptations cinématographiques avec des interprètes aussi différents que Harry Baur ou Yul Brynner dans le rôle éponyme. Tous les deux, malgré leur incontestable charisme, s’avérèrent peu crédibles en chef cosaque, le film de 1962 avec Brynner étant même une sacrée bouse qui ferait presque passer la présente version de Bortko pour un chef d’œuvre.

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Mais passons au film de 2009 réalisé par Vladimir Bortko, moscovite d’origine ukrainienne spécialisé sur le tard dans les adaptations télévisées de prestige, sous forme feuilletonesque, des grands classiques de la littérature russe.
Commençons déjà par les points positifs : les costumes et les décors d’abord, magnifiques, pas une plume ne manque aux lanciers ailés polonais, les cosaques sont plus vrais que nature et ont des gueules incroyables (on a envie d’en adopter un couple). Ce qui me permet d’enchaîner sur l’autre point positif, l’interprétation très convaincante menée de main de maître par le grand Bogdan Stupka, légende du théâtre ukrainien. Un petit bémol quand même pour le transparent couple de jeunes premiers : le fils cadet, Andreï, qui tire une gueule d’ahuri durant tout le film, et la fille du gouverneur, une ex cover-girl polonaise au jeu assez limité (disons limité à son physique).
Continuons par « ce qui aurait pu être pire, mais en fait peut être pas » : Pas de mouvement de camera épileptique et de montage “ultracut” à la Timour Bekmambetov (le Tony Scott kazhakh), pas non plus de CGI pourri (esthétique toc, style 300, en prime ) à la Sergueï « (quart de) Mongol » Bodrov. Quoi que tout bien réfléchi, les scènes de batailles, une fois que l’on a fini de s’extasier sur la beauté des costumes, s’avérent être à la fois plan-plan et peu réalistes, on en vient presque à regretter que ce ne soit pas Bekmambetov à la réalisation.
Finissons par ce qui est franchement raté : La musique d’abord, immonde, consistant en deux thèmes répétés ad-nauseum. Le premier, pour les scènes d’actions, n’est que mauvais, mais le second pour les moments d’émotions est littéralement insupportable, avec une espèce de flûte de pan faite au synthé dont on ne voudrait pas dans une télénovela brésilienne. Ensuite les rajouts et autres infidélités faites au roman, qui s’avèrent tous ratés. On passera sur le fait que les polonais se voient attribuer l’assassinat de la femme de Boulba (alors que par la suite il n’en sera fait aucune allusion, le scénario revenant au roman), pour retenir surtout le flashback « turc » (sans doute destiné à nous expliquer le rôle des cosaques), qui n’est peut être pas le flashback le plus inutile du film, mais que le réalisateur nous infligera à trois reprises. Enfin « last but not least », la séquence d’énumération des chefs cosaques tués lors de la bataille principale contre les polonais, qui est au delà du ridicule.
Vladimir Bortko semble être retourné depuis à la télévision, ce qui est, somme toute, une bonne nouvelle.

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