28 semaines plus tard – Juan Carlos Fresnadillo
28 Weeks Later. 2007.Origine : Royaume-Uni
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Suite du plutôt sympathique 28 jours plus tard, 28 semaines plus tard est assez symptomatique de la crise que semble traverser aujourd’hui le film de zombies (bien que le film de Juan Carlos Fresnadillo ne mette pas en scène, strictement parlant, des morts vivants).
La recette de l’invasion planétaire par les morts vivants a été mainte fois reprise au cinéma. Mais il semblerait que toutes les combinaisons et les variantes ont fini par être explorées puisque les films de zombies actuels tentent (avec plus ou moins de succès) d’aller un peu plus loin. La mode actuelle, ce sont donc les films post-invasion, qui se déroulent sur une terre dévastée où l’humanité a plus ou moins bien maîtrisé le phénomène. Citons Land of the dead du maintenant vétéran George Romero ou le curieux Fido de Andrew Currie. 28 semaines plus tard est de ceux-là.
Le pitch est très simple : L’Angleterre a été dévastée par une épidémie foudroyante, et les rares survivants sont gardés dans une zone sécurisée sous contrôle militaire. Les premiers ressortissants anglais qui se trouvaient à l’étranger lors du drame rentrent dans le pays qui les a vu naître. Tammy et Andy, deux enfants, sont de ceux là. Mais alors qu’ils peinent à s’habituer à leur résidence provisoire, les deux gosses décident de braver l’interdit et d’aller visiter leur ancienne demeure située en dehors de la zone sécurisée…
Bon, inutile d’y aller par quatre chemins : 28 semaines plus tard est très loin de révolutionner quoi que ce soit. Son prédécesseur et son histoire calquée sur les films de Romero souffrait du même défaut, mais avait au moins le mérite d’être rythmé et plutôt bien foutu. Ce qui n’est pas du tout le cas de 28 semaines plus tard.
En effet si son pitch gardait encore un quelconque intérêt à sa lecture, cet intérêt s’envole immédiatement dès le début du film : on y voit un groupe de survivants réfugiés dans une demeure isolée, et qui essaient tant bien que mal de s’organiser avec les maigres restes de nourriture dont ils disposent. Évidemment les contaminés ne tardent pas à débarquer à grand bruit et à toute vitesse, massacrent tous les occupants sauf un (le père des deux gamins héros du film). La volonté du réalisateur est claire : commencer brutalement. Ce n’est pas une mauvaise idée en soi, ça aurait même pu être bien pensé si seulement il avait trouvé mieux à faire que de secouer sa caméra comme un parkinsonien… Les images bougent dans tous les sens à une vitesse folle, les plans ne durent guère plus qu’une micro-seconde et on ne comprend rien. On ne distingue même rien, si ce n’est que la fatigue gagne déjà nos rétines et qu’un mal de crâne tenace s’installe progressivement. Et s’il reste alors des spectateurs optimistes pensant qu’après l’introduction, ça ira mieux, le réalisateur se fera un plaisir de les détromper en secouant de plus belle sa caméra, et ce à chaque attaque. Ne provoquant ainsi d’autre effet qu’installer durablement la migraine qui ne faisait que commencer.
Non mais quel est l’intérêt d’agiter comme ça ce pauvre appareil qui ne demandait rien à personne ? Masquer la pauvreté de la mise en scène du film ? Ce n’est pas impossible, car ces mouvements intempestifs sont hélas biens loin d’êtres les seuls défauts de ce truc qui tient plus de la cinématique de jeu vidéo que du film. Et encore, je suis dur, puisque bien des jeux vidéos ont un scénario plus inventif que ce film. (Tetris par exemple…)
En effet 28 semaines plus tard n’est qu’un patchwork navrant de poncifs éculés. Le scénario souffre d’un manque cruel de cohérence. L’axe narratif n’a pas de profondeur et se borne à créer un simulacre de lien entre des scènes qui n’en ont aucun. Après l’extermination rapide de tous les personnages inutiles, le scénario se concentre sur les deux gamins : aidés d’un gentil sniper, d’un sympathique pilote d’hélicoptère et d’une jolie doctoresse, ils doivent échapper aux contaminés et aux vilains militaires qui veulent tuer tout le monde. Et le film enchaîne alors les scènes comme si c’était des chapitres de jeu vidéo bien typés : la sortie de la ville, le passage dans la campagne, l’exploration des égouts… Bref, le déroulement de l’intrigue est totalement artificiel. Le tout est par ailleurs très prévisible et il n’est pas bien difficile de deviner qui va mourir.
Les personnages du film sont d’une platitude extrême et se bornent souvent à de gros assemblages de stéréotypes idiots. Les acteurs ont beau se démener pour leur donner une quelconque profondeur, rien n’y fait. Qui plus est, via les personnages, le film véhicule des messages moralisateurs assez déplacés. Le père veule et menteur sera rapidement tué, comme s’il était punit pour ses crimes. Les militaires sont présentés comme des bêtes assoiffées de sang et qui n’ont que du mépris pour la vie humaine. Alors qu’au contraire le gentil sniper symbolise les vertus de camaraderie et de courage, et que la jolie doctoresse incarne le dévouement maternel et le sacrifice. Bref, on se demande ce que ce message niais et bien pensant fait ici. Et qu’on ne vienne pas parler de cette pseudo « sad end » qui fleure bien plus l’opportunisme et la possibilité d’une suite bien mercantile qu’un quelconque anticonformisme.
28 semaines plus tard échoue donc à créer le moindre sentiment chez le spectateur. L’absence d’empathie pour les personnages se fait particulièrement sentir, et c’est totalement indifférent qu’on assiste à la morne odyssée des deux mioches. De même le manque d’ambiance voue à l’échec toutes les scènes censées provoquer frissons ou dégoût. L’obscurité, pourtant très présente dans le film est particulièrement mal gérée. Citons à titre d’exemple cette catastrophique scène où un contaminé fait irruption dans une pièce noire et close, remplie de civils. Alors que normalement ce type de scène doit évoquer la panique et la claustrophobie, le résultat à l’écran n’est qu’un chaos incompréhensible où les mouvements incontrôlés de la caméra s’allient avec les éclairs des lampes torches pour ruiner nos yeux. Des formes lumineuses aux contours tranchants s’agitent frénétiquement dans tous les sens, réduisant à néant toute possibilité d’interpréter ce qui se passe à l’écran.
En clair, il n’y a pas grand chose à sauver de ce film, même les scènes gores sont rares. Quelques contaminés crachent du sang, le liquide rouge gicle quand on les abat, mais de manière générale tout vas si vite qu’on ne retient rien. Il y a bien quelques passages douloureux. Dont une jolie tête explosée à un moment, mais le plan est si bref que ça aurait aussi bien pu être un insecte qui s’écrase contre l’objectif de la caméra le temps d’une micro seconde. En fait le réalisateur ne prend son temps que lors de scènes tape-à-l’œil et complètement gratuites qui se contentent de faire dans le sensationnalisme de bas-étage : on s’attarde longuement sur Londres passé au napalm, ou sur des contaminés pulvérisés par les pales d’un hélicoptère en plein vole (non mais c’est n’importe quoi cette scène, même dans les nanars d’actions les plus débridés ils n’ont jamais osé montrer ça !)
Bref, encore une fois on tombe dans une surenchère vaine qui ne parvient même pas à masquer les innombrables défauts du film : 28 semaines plus tard est un film raté.