Cryozone – Denis Bajram et Thierry Cailleteau
Cryozone
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Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un, mais deux albums qui sont ici présentés. A vrai dire, ça n’aurait pas eu grand intérêt de réaliser deux critiques. Cryozone existe d’ailleurs en édition intégrale et semble de toute évidence avoir été pensé en un seul et même album qui fut partagé en deux pour des raisons liées aux règles de l’édition grand public de l’univers BD franco-belge. En effet, si vous n’en lisez qu’un seul des deux, vous resterez sur votre faim en ne lisant que le premier, et il vous manquera bien trop d’informations si vous ne lisez que le second.
Bref. Bienvenue sur le Neil Alden Armstrong, vaisseau parti de la Terre visant à coloniser une planète lointaine après un voyage de 20 années. Heureusement, ils ont trouvé la solution, la cryogénie qui consiste à endormir les gens durant plusieurs années. Le procédé semble complexe et est surveillé en permanence par les ingénieurs de Cryotek, la compagnie qui a inventé le procédé de cryogénisation. Mais voilà qu’un incident pousse l’équipage à réveiller en urgence les personnes en cryogénisation. Seulement voilà, il faut 16 heures pour se sortir de ce réveil, le temps de purger l’élément circulant dans le sang des personnes endormies, élément permettant la cryogénisation. Sauf que l’équipage n’a pas 16 heures, un problème technique les oblige à les réveiller beaucoup plus rapidement. Ils n’ont alors pour seules craintes que certains ne se réveillent pas. Sauf qu’ils se réveillent tous… et se transforment en zombies.
A partir de ce postulat de base, Cailleteau nous imagine une histoire de survival-horror dans un vaisseau spatial (tiens ça fait penser à Alien !), très inspirée de films comme Zombie ou de jeux vidéo tel Resident Evil.
Avec Cryozone, attendez-vous à une pure BD d’action ! Au rendez-vous, du gore, des morts, mais aussi de réels enjeux. Car la force du scénario n’est pas seulement de créer sur papier glace un vrai délire visuel pour les fans de morts-vivants, c’est aussi de mettre en place tous les enjeux politiques et économiques qui découlent de cet incident. Ainsi, le chef de projet de Cryotek va tout faire pour étouffer l’affaire, à tel point qu’il tentera de faire mourir tout le monde. Autre point, on découvre qu’il y a d’autres caissons de cryogénisation mais qui eux ne nécessitent que 90 secondes pour se réveiller. On découvrira que ce système là a des conséquences physiques, là-aussi sur ses occupants. Reste qu’au milieu de tout cela, des figures apparaissent et tentent de faire face aux hordes de zombies affamés.
Et pour mettre tout cela en scène, Denis Bajram qui se fera connaître peu après avec sa série UW1 (Universal War One). Au dessin donc, Bajram montre des facilités étonnantes pour dessiner des décors visuellement exceptionnels. UW1 sera son chef d’œuvre. Néanmoins, on se laisse porter par son style qui réussit à montrer toute la violence des situations, on n’en demandait pas moins !
Le dessin fait honneur au scénario. Le découpage illustre bien les scènes étouffantes de cet énorme huis-clos. Il n’y a pas d’issues, les survivants sont seuls au milieu de l’espace. Le rythme est soutenu, on ne s’ennuie pas même durant les scènes plus tournées vers le blabla pour dévoiler les zones d’ombres. Le danger est constant, c’est une réussite !
Reste que Cryozone est une pure BD de divertissement qui saura ravir les fans de zombies. Bien sûr, si vous y êtes insensibles, passez votre chemin, cela n’aura aucun intérêt, à moins de vous donner peut-être l’envie d’aller voir quelques œuvres de Romero. Ici, tout particulièrement, la curiosité pousse surtout à aller redécouvrir l’univers de Cailleteau (lisez Aquablue !) et à redécouvrir aussi celui de Bajram.
Une des meilleures BD que j’ai lues ! Cette idée de zombies qui se réveillent d’une cryogénisation dans un vaisseau spatial, comment ne pas penser à Pandorum ou Dead Space? Je me souviens du héros et de sa réplique finale, quand il doit affronter la horde de monstre, à trois, lui et sa tronçonneuse Black et Dekker.
J’aimerais pouvoir la relire. Je regrette d’être passé dessus. Je ne suis pas fan des BD et j’ai préféré lire des livres. Un de mes regrets.