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Class 1984 – Mark L. Lester

class1984

Class of 1984. 1982

Origine : Etats-Unis
Genre : Action
Réalisation : Mark L. Lester
Avec : Perry King, Timothy Van Patten, Roddy McDowall, Michael J. Fox…

La violence à l’école, un sujet sensible qui ne date pas d’hier, et qui ne date même pas de 1982, année de Class 1984. Bien que le film de Mark L. Lester ait été celui qui initia toute une vague de films d’action scolaire, il est lui-même le remake inavoué de Graine de violence, produit presque trente ans auparavant. Mais au sortir des années 70, avec la fin de l’optimisme et, en réaction, l’apparition d’une jeunesse antisociale, il faut bien admettre que le phénomène prit de l’ampleur en Amérique du Nord. Ce qui conduisit Mark L. Lester et ses deux scénaristes (dont Tom Holland, futur “master of horror”) à nous avertir par un petit texte en préambule que les évènements décrits dans leur film risquent bien d’être prémonitoires. Et effectivement, on ne peut que leur donner raison, les écoles américaines ayant depuis connu une escalade de violence sans précédent.

La Class 1984 est celle du lycée Lincoln, un endroit où, selon les dires du proviseur capitulard, enseigner est devenu une tâche subalterne. Eviter les problèmes est la première occupation de ce bahut dans lequel les surveillants sont des policiers professionnels et où les professeurs sont amenés eux-mêmes à patrouiller dans les couloirs pendant leur temps libre. C’est en grand idéaliste que débarque Andrew Norris (Perry King), le nouveau professeur de musique. Il ne sera pas refroidi par les avertissements de son chef ni par ceux de Corrigan (Roddy McDowall), son collègue de biologie. Et pourtant, il aura bien du mal à gérer les terreurs de l’école, la bande de Peter Stegman (Timothy Van Patten), violent trafiquant de drogue, proxénète, racketteur…

En s’inscrivant pleinement dans son époque (donnant d’ailleurs au film un agréable petit côté rétro), Mark L. Lester ne manque pas d’emprunter l’imagerie de ce qui était le mouvement le plus insolent du moment : le punk. Le gang de Stegman est donc composé de cinq punks provocateurs, ne dissimulant pas leurs penchants pour l’idéologie nazie et leur volonté d’être les maîtres au lycée comme en ville. Comme le dit la chanson-titre chantée par Alice Cooper mais composée par Lalo Schifrin, “I am the future”. Tel est le credo de Stegman, et tel est ce que le garnement tentera de faire comprendre à Norris, un professeur qui, l’idéalisme du débutant aidant, ne s’en laissera pas compter. Dépourvu des atours science-fictionnels utilisés dans ses séquelles (dont la première est l’oeuvre de Lester lui-même), le film se résume donc à cette escalade de violence archi-prévisible et au développement forgé par de grosses ficelles ayant reservi de nombreuses fois. Le principe est simple comme bonjour : lorsque des éléments témoignant de l’humanité des personnages “gentils” sont dévoilés (la famille de Norris, les lapins de Corrigan…), nous pouvons être sûrs que Stegman cherchera à un moment ou à un autre à s’en prendre à eux. Ce qui ne rate pas, et ce qui nous conduira donc dès le début à prévoir la dernière partie du film, à savoir une bonne vieille revanche à la Mad Max. Pas de surprise, donc, mais pourtant un bon vieux spectacle qui sait se montrer tour à tour très violent, très cruel et même à une occasion assez touchant, grâce à la prestation d’un Roddy McDowall parfait en vieux prof blasé au bord de la dépression nerveuse.

Comme dans tous les films de ce genre, la grosse question à se poser est politique: Class 1984 est-il un film réactionnaire voire fasciste ? Pas évident de répondre à cette question. Il est certes difficile de penser qu’il s’agit là d’un film progressiste, et comme dans tout film conçu sous l’angle de la dénonciation d’un péril, Lester, en montrant les actes d’une grande violence commis par Stegman, cherche immédiatement à faire adhérer le spectateur à la quête de vengeance de Norris. Les faits sont montrés de manière brute et brutale et rendent impossible tout recul. Le spectateur est ainsi guidé à un niveau émotionnel relevant quasiment de la propagande. Mais d’autre part, une étude plus poussée du contexte démontre que les méthodes expéditives ne sont pas une fatalité: la police n’est jamais dépassée, le proviseur du lycée non plus, et du reste Stegman lui-même s’efface devant eux. Il s’agit plutôt d’une histoire de réglements non adaptés aux réalités, donnant aux mineurs trop de protection. La mère de Stegman est ainsi une bonne bourgeoise n’ayant pas conscience de la nature de son fils (personne ne l’a prévenue des suspicions qui pèsent sur lui !), qui la manipule d’ailleurs en jouant à l’enfant sage. Le film flirte ainsi parfois avec la satire, notamment lorsque la police refuse obstinément d’intervenir sous le prétexte qu’un mineur ne peut être jugé responsable, surtout si il n’a pas été pris en flagrant délit. Ou bien s’agit-il tout bonnement d’un scénario tirant un peu trop sur la corde… Toujours est-il que cela rend bien inutile l’état d’urgence, et la vengeance de Norris relève plus de l’appel à un durcissement de la loi qu’à une croisade anti-jeunes (qui eux-mêmes, rappelons-le, admirent le nazisme). L’autre élément du film contribuant in extremis à diluer son aspect alarmiste est la passivité des autres élèves du lycée, qui au contraire de la bande à Stegman semblent être des enfants sages, prêts à jouer dans la chorale du lycée. La jeunesse turbulente se trouve donc réduite à cinq individus de néfaste influence et à des graffitis sur les murs. Pas de quoi fouetter un chat, aurait-on pu penser si les crimes commis par Stegman n’avaient pas été si graves. Le jeune homme aurait même pu être un brillant élève, comme en témoigne la scène où il se met au piano pour livrer un récital écrasant le plus doué des élèves de Norris…

Au final, le manque d’ampleur de Class 1984, volontaire ou non, aura été bénéfique et aura permis au film d’éviter toute connotation exagérément alarmiste. Il n’y a donc qu’à profiter du spectacle proposé, un spectacle de bon niveau avec ce qu’il faut de sang, d’érotisme et de castagne.

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