Mad Max : Fury Road – George Miller
Mad Max : Fury Road. 2015Origine : Australie / États-Unis
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Dans un monde post-apocalyptique où les principales ressources sont concentrées dans les mains d’une poignée d’hommes, les raisons d’espérer se font rares. Capturée durant son enfance par Immortan Joe, Furiosa (Charlize Theron) a su gravir les échelons pour devenir un personnage respecté au sein de la garde rapprochée du despote. Néanmoins, elle rêve de la terre verte de son enfance. Un endroit qu’elle décide de rejoindre à la faveur d’un convoi qu’elle dirige, emmenant avec elle les 5 femmes qui constituent le harem d’Immortan Joe, dont sa favorite, Splendid. Des centaines d’hommes enragés à ses trousses, Furiosa fonce, plus déterminée que jamais. En chemin, elle croise Max Rockatansky (Tom Hardy), qu’elle considère de prime abord comme un obstacle de plus, et qui se révélera comme un atout non négligeable à la réussite de son entreprise.
Insaisissable, George Miller l’a toujours été. Sorti de la violence et de la furie de la trilogie Mad Max, il a constamment brouillé les pistes tout au long d’une carrière en pointillés (seulement 5 films entre Mad Max : au-delà du dôme de tonnerre et ce Mad Max : Fury Road), au point de décontenancer une partie de son public en abordant le cinéma d’animation sous ses atours les plus enfantins (Happy Feet et Happy Feet 2). Néanmoins, l’envie de revenir aux mésaventures du guerrier de la route le titille depuis 1997. Au départ, il envisage un prolongement de la trilogie initiale avec l’incontournable Mel Gibson dans le rôle. Les déboires de l’acteur avec la justice, qui le rendent persona non grata aux yeux des studios, auront raison de cette orientation. Un premier accroc qui amène George Miller à changer son fusil d’épaule. Il décide alors de s’inscrire pleinement dans la tendance de son époque en envisageant désormais le projet sous l’angle du reboot. Qui dit reboot, dit nouveau Max. Là encore, le réalisateur jouera de malchance –comme plus tard au moment du tournage, lequel sera repoussé à quelques reprises– en portant son dévolu sur Heath Ledger, dont le décès en aura pris de court plus d’un. Mais à force d’obstination, et avec finalement Tom Hardy dans le rôle titre, George Miller a pu mettre un terme à son pharaonique projet. Cerise sur le gâteau : les nombreuses bandes-annonces pleines de bruits et de fureur ont déclenché un buzz inattendu, qui ont fait de ce Mad Max : Fury Road l’un des événements cinématographiques de cette année, passage à Cannes inclus.
La principale gageure de ce nouvel opus tient à la manière d’aborder le personnage titre. En l’espace de trois films, George Miller avait toujours eu à cœur de faire évoluer Max. Ici, la démarche est différente dans la mesure où il doit composer avec ceux qui connaissent le personnage, et ceux qui le découvrent. On se retrouve donc dès le début avec un prologue maladroit à base de voix off, histoire de poser l’univers, et des flashs incessants de personnes que Max n’a pu sauver en guise de trauma. Max nous apparaît à la fois très familier, mais pas tout à fait le même. A dessein, George Miller balaie d’un revers de main l’icône cinématographique incarnée par Mel Gibson (au bout de 2 minutes, Max perd son Interceptor et se fait capturer) pour laisser place au Max version Tom Hardy, que l’on découvre au terme d’une séance de tonte pour le moins musclée. A l’impassibilité du Max première version se substitue la frénésie d’un homme ostensiblement en proie à ses démons, mais qui malgré tout, reste mû par une irrésistible envie de vivre. Il y a une approche quasi animale du personnage –grognements à l’appui–, très physique, qui paradoxalement ne se traduit à l’écran que durant la première partie. Une fois Max libéré de ses chaînes, et que sa route a croisé celle de Furiosa, il occupe une place plus en retrait, observateur privilégié d’une destinée en marche.
Au fond, George Miller s’intéresse moins à Max Rockatansky, dont la trajectoire reprend les grandes lignes de ce qu’il a déjà traversé durant la trilogie initiale, qu’à Furiosa. Cette dernière s’impose en figure émancipatrice au sein d’une société patriarcale où les femmes en sont à nouveau réduites à leurs seules fonctions reproductives. Elle a non seulement su s’imposer au sein d’un monde d’hommes, mais a en outre conservé une lueur d’espoir pour croire en des lendemains meilleurs. C’est une battante qui, plutôt que d’attendre que les choses changent, prend sur elle de les faire changer. Elle partage avec Max un même passif – des êtres proches tués par ces meutes de barbares qui peuplent désormais la surface du globe– à la différence qu’elle n’a jamais renoncé à vouloir repartir sur de nouvelles bases. Après s’être longuement observés en chiens de faïences, Furiosa et Max finissent petit à petit par se nourrir l’un l’autre, s’insufflant respectivement une force nouvelle au moment opportun. Pas avare en symboles, George Miller les unit définitivement via une transfusion sanguine à la portée rédemptrice. Max étant voué à l’errance en solitaire, il revient à Furiosa d’apporter une petite touche d’espoir dans ce monde post-apocalyptique qui radote. Car tout Fury Road est placé sous le signe de l’éternel recommencement. Par sa structure, qui propose en guise de climax un virage à 180° lors duquel les personnages choisissent délibérément de revenir sur leurs pas. Et par la nature même du projet, qui revient sur un univers préexistant.
De la même manière qu’il n’a pas su étoffer le personnage de Mad Max, George Miller a réduit sa vision de ce monde post-apocalyptique à un déferlement de clinquant. Dans un contexte assez flou, il s’attache à la seule citadelle d’Immortan Joe, lequel tire sa richesse de l’eau qu’il extrait des entrailles de la terre. Il règne en souverain sur une poignée de sujets –en réalité des pouilleux– qu’il contente par de brèves offrandes en eau. Il se déploie de ces séquences une imagerie d’heroic fantasy auquel se rattachent les Warboys, loyaux soldats de sa majesté reconnaissable par leur peau peinturlurée de blanc. Ils composent une troupe homogène aux éléments interchangeables qui tranchent avec les pillards hirsutes et bigarrés d’antan. Cela participe de l’aspect ripoliné de l’ensemble, à l’instar des véhicules motorisés. Ces derniers synthétisent tout l’aspect tape-à-l’œil du film. Ils ne représentent plus des vestiges du passé, mais constituent une véritable ode au tuning. Avec les Warboys et leur culte du moteur V-8, nous sommes plongés en plein royaume des kékés. Ils n’existent que dans le regard de l’autre, avec pour seul souci d’avoir des témoins de la moindre de leurs prouesses. De fait, la longue course-poursuite qui traverse le film prend des allures de grand cirque, alignant les numéros de haut vol pour épater la galerie. Dans ces meilleurs moments, Mad Max : Fury Road renoue avec la tension du climax de Mad Max 2, bien qu’il n’agisse que comme un pâle miroir de son illustre modèle.
En un sens, George Miller a réussi son pari. Il a replacé son personnage fétiche au centre du paysage cinématographique, tout en rappelant au public qu’il n’avait rien à envier aux spécialistes de blockbusters récents. Même si elle cède à certaines afféteries pas toujours utilisées à bon escient (images accélérées, ralentis), sa mise en scène demeure lisible et dynamique. Seulement voilà, Mad Max : Fury Road n’est que ça, un blockbuster mieux réalisé que la moyenne. Il n’avait visiblement rien de plus à apporter à la saga que ce concept d’une course-poursuite de près de 2 heures aux personnages souvent dispensables (Nux, par exemple, occupe une place trop prépondérante compte tenu de son réel apport au récit). C’est mince, et surtout beaucoup trop aseptisé sur le plan de la violence et de sa représentation, à l’image d’un Max Rockatansky plus increvable que jamais, dont les blessures ne s’éternisent pas au-delà de l’instant où il les subit. D’ailleurs, son retour et d’ores et déjà dans les tuyaux. Pauvre Mad Max, sacrifié sur l’autel du plan retraite !
Plutôt sévère la critique… Quand je l’ai vu au cinéma, les scènes de cascades complètement dingues m’ont bluff. C’est le film d’action ultime, on pourra dire que l’histoire est simpliste, mais aux moins il a apporté à la mythologie de Mad Max, le personnage de Furiosa, véritable personnage principale,. Quant aux scènes d’action et de poursuite, elle font rentrer Fury Road, dans le panthéon des films d’action, aux côtés de Matrix, Robocop, Terminator, Speed, etc…..
George Miller a ringardisé le cinéma d’action en 2013, que ce soit Fast and Furious (que j’aime assez) ou Transformers (que je déteste). Il montre que l’on peut être plus exigeant là dessus et que des décors naturels, un découpage lisible qui contribue à l’emphase valent mieux que des spectacles épileptiques, dont on ne se souvient de plus grand chose après avoir vu le film.
Je suis content de l’avoir vu, avec les films James Bond, il fait partie de ces films exigeants qui repoussent les limites de l’action, non pas avec des CGI moches, mais avec des idées, des décors toujours plus impressionnants.