CinémaHorreur

Kalevet (aka Rabies) – Aharon Keshales & Navot Papushado

kalevet

Kalevet. 2010

Origine : Israël 
Genre : Jeu de massacre 
Réalisation : Aharon Keshales & Navot Papushado 
Avec : Lior Ashkenazi, Danny Geva, Ania Bukstein, Menashe Noy…

Plusieurs personnages se croisent dans une grande forêt : une bande d’ados obsédés, un jeune couple en fuite, un chasseur, deux flics et un tueur… leurs rencontres seront meurtrières et sanglantes… Kalevet, retitré Rabies pour le marché international, est un film d’horreur tout particulièrement original. En effet, c’est à ma connaissance le premier film d’horreur venu d’Israel, surprenant dans la mesure ou c’est un pays dont les productions cinématographiques qui arrivent jusqu’à nos rivages sont plutôt a classer parmi les œuvres d’auteurs. Mais l’exotisme est toujours bon à prendre ! D’ailleurs ce Kalevet semble déjà faire des émules dans son pays d’origine puisque d’autres films du même style, dont un avec des zombies, sont d’ores et déjà annoncés.

Mais sa nationalité n’est pas sa seule originalité, et le film tend à se différencier des autres films d’horreur par son histoire. En effet, alors que le scénario commence comme un slasher des plus classiques, voire balisés, il ne tarde pas à prendre assez vite un tour plus surprenant. L’histoire met en place les principaux éléments du genre comme dans un Vendredi 13, la forêt, le tueur, les ados, les filles en micro-jupes, etc. Mais voilà que, après à peine 15 minutes de film, le scénario se débarrasse totalement du tueur, qui se prend une fléchette tranquillisante dans la nuque et passera tout le film dans un profond sommeil…Sans tueur, quid du massacre promis par le pitch ?

Et bien il a quand même lieu ! Car les personnages du film, entre quiproquos, antagonismes latents et héroïsme stupide, trouverons toujours une bonne raison de trucider leur prochain ! Le film prend un malin plaisir à faire se confronter ses personnages et à les placer dans des situations dangereuses (la forêt est pleine de pièges) pour justifier le massacre de plus en plus sanglant qui s’offre à nos yeux. Assez violente, cette histoire se montre tout particulièrement sans pitié pour ses héros, et personne ne sera vraiment épargné ici.
Le message est assez clair, et plutôt noir : pas besoin d’un tueur psychopathe pour que les humains s’entre-tuent. Cela reste quand même assez sommaire, et, chose qui peut être dérangeante, ce message nie totalement les implications fantastiques ou horrifiques du film (un peu comme le faisait le twist du Village de Shyamalan).
Les réalisateurs semblent soucieux en tout cas de donner à leur message une portée très universelle, de part la diversité (toute relative cela dit) des protagonistes et surtout en coupant tout lien possible avec le contexte politique israélien actuel, le film évoluant dans un univers assez abstrait. Le seul décor de l’action est cette forêt, qui ne semble avoir ni nom ni localisation. Cela va même plus loin puisque cet unique décor est finalement très peu présent à l’écran : la forêt est constamment floue, la faute à l’utilisation d’un objectif à très faible profondeur de champ, seuls les personnages sont véritablement nets.

Surprenant, original, nanti d’un vrai parti pris, Kalevet semble avoir tout pour lui. Hélas, il manque l’ingrédient essentiel à sa réussite. Le talent. Car malgré toutes ses idées, le film reste plutôt mauvais. Voire même insupportable à certains moments. C’est principalement dû à une mise en scène assez mal maîtrisée. Les plans sont plutôt uniformes et manquent cruellement d’originalité. L’absence de profondeur de champ finit par annihiler totalement le rôle d’un décor qui a pourtant son importance, en plus de lasser le spectateur qui aimerait bien, parfois, pouvoir voir au delà du nez des personnages. Et pour couronner le tout, les effets de mouvements liés à la caméra portée deviennent rapidement rébarbatifs, voire même producteurs de nausées et plus pour les spectateurs les plus sensibles. Bref, le tout est assez laid.

Ensuite, au niveau du scénario, la bonne idée de base se transforme vite en un cynisme perpétuel. Les personnages sont dépeints comme des idiots, impulsifs et incapables de la moindre réflexion sur leur situation. Ça ne change pas trop du slasher me direz vous, en effet, mais ici point de tueur charismatique pour emporter l’adhésion du spectateur, puisqu’il dort ! Dès lors, il ne reste plus que cette bande de crétins à qui il est quasiment impossible de s’identifier. Et rapidement, on sort de l’histoire qui oublie d’impliquer le spectateur.

Voilà donc une tentative israélienne de faire un film d’horreur qui ne convainc pas… dommage.

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