Histoires fantastiques 1-06 : L’Incroyable vision – Peter Hyams
Amazing Stories. Saison 1, épisode 06
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Pour l’incroyable Falsworth, la soirée s’annonce comme d’habitude : effectuer son numéro de médium les yeux bandés, époustoufler l’assemblée puis s’en retourner à sa loge avec la satisfaction du travail bien fait. Or ce soir-là, comme il va s’en apercevoir très vite, un invité de marque s’est glissé dans l’assistance. Pendant sa représentation, qui consiste à deviner des détails intimes des spectateurs par apposition des mains, il décèle les pensées du tueur en série qui sévit dans la ville. Particulièrement effrayé, il tente d’identifier l’individu mais trop tard, celui-ci a déjà filé. Il se résout alors à prévenir la police…
Ce sixième épisode de Amazing stories tranche à plus d’un titre avec ceux qui l’ont précédé. Déjà, il est l’œuvre de Peter Hyams, réalisateur chevronné à qui l’on doit notamment Outland, La Nuit des juges ou encore 2010, l’année du premier contact. Cela se ressent dans la confection même de l’épisode qui dès le plan d’ouverture –un plan séquence– apparaît particulièrement soignée. Sans verser dans l’exercice de style, Peter Hyams filme avec sérieux ce qui aurait pu n’être qu’une simple récréation à un stade de sa carrière où il commençait à se faire un nom dans le monde du cinéma. Ce sérieux transparaît jusqu’à l’élément fantastique lui-même qui n’est plus ni vecteur de merveilleux, ni d’humour mais qui s’apparente plutôt à une forme de malédiction. Habituel gagne pain de Falsworth, son incroyable don divinatoire le place ici dans une situation particulièrement délicate. Ses déboires avec le tueur agissent comme une mise en garde quant à la portée de son pouvoir, signifiant qu’il n’est jamais bon de se frotter de trop prêt à l’intimité des gens. De par l’aspect peu spectaculaire du don en question (une série de flashbacks se limitant aux actes du tueur) et le dépouillement de l’intrigue (circonscrite à deux hommes tentant d’identifier l’assassin), L’Incroyable vision n’est pas sans évoquer La Quatrième dimension, la série culte de Rod Serling. A tel point qu’on s’attend à tout moment à le voir apparaître au détour d’une scène, nous annoncer le basculement du médium dans « The twilight zone ». En tout cas nous, fidèles des Amazing stories, éprouvons cette sensation d’avoir basculés dans un autre registre. A ce titre, les premières minutes sont déroutantes.
Dès le départ, l’atmosphère se fait plus lourde qu’à l’accoutumée, Peter Hyams nous immergeant dans une ambiance urbaine des plus sordides sur les pas d’un tueur en série. En l’espace de quelques minutes, il nous gratifie de deux morts violentes dans une sombre ruelle jonchée de détritus. La tonalité se fait alors plus proche d’un polar pur et dur que d’un fantastique grand public, ce que la fin confirmera. Dans les limites qui lui sont fixées –pas de sang ni de plans trop subjectifs au niveau de l’horreur–, Peter Hyams parvient néanmoins à nous gratifier d’un récit extrêmement tendu reposant entièrement sur l’excellente performance des deux acteurs principaux. Au jeu fiévreux de Gregory Hines répond le calme marmoréen du méconnu Richard Masur, habituel second rôle du cinéma américain et tout simplement extraordinaire dans Les Guerriers de l’enfer, grand film de Karel Reisz. Leur tête-à-tête réussit à nous tenir en haleine, quand bien même l’issue de l’histoire ne fait aucun doute. Parfaitement maîtrisé, cet épisode surprend par sa noirceur et prouve que certains réalisateurs sont parvenus à s’affranchir de la tonalité généralement bon enfant véhiculée par la série.