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Les Contes de la crypte 4-12 : Allez vous faire pendre – Kevin Yagher

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Les Contes de la crypte. Saison 4, épisode 12.

Strung Along. 1992

Origine : États-Unis
Réalisation : Kevin Yagher
Avec : Donald O’Connor, Patricia Charbonneau, Zach Galligan, Lisle Wilson…

Ancienne star de la télévision, le marionnettiste Joseph Renfield vit reclus chez lui au milieu de ses souvenirs. Puis un beau jour, il reçoit un courrier d’une émission de télévision qui l’invite à se produire sur son plateau. Fou de joie, Joseph se laisse convaincre par sa jeune épouse de recourir pour l’occasion aux services d’un assistant. D’abord réticent, Joseph s’entend finalement très bien avec lui. Tout irait pour le mieux si des soupçons de plus en plus pressants quant à l’infidélité de sa femme ne venaient jeter un voile sur son bonheur retrouvé.

Nouvelle plongée des Contes de la crypte dans le monde du spectacle et ses coulisses, Allez vous faire pendre marque également le deuxième passage derrière la caméra du responsable des effets spéciaux Kevin Yagher. Et pour l’occasion, il a décidé de disserter à mots couverts sur sa profession et les changements qui la sous-tendent lors de chaque évolution technologique.
Joseph Renfield est une star déchue, sacrifiée sur l’autel de la modernité et du jeunisme. Ses petites marionnettes aux traits grossiers et ses textes gentillets ne soulèvent plus les foules depuis longtemps. Incapable de rebondir, il vit désormais reclus dans sa villa, prisonnier de sa gloire d’antan. La seule personne qu’il tolère est sa jeune épouse, Ellen, qu’il couve du regard sans jamais oser lui témoigner le moindre geste d’affection. Il agit comme si, vidé de son suc créateur, il en avait aussi perdu tout appétit pour les choses de la vie. Lui l’amuseur public de jadis s’est mû en un être terne, sans vie, juste bon à ressasser le passé en s’inventant des discussions avec Coco le clown, son compagnon de scène, et en visionnant encore et encore les émissions qui ont fait sa gloire. Heureusement, Joseph a été prévoyant et jouit toujours d’une grosse fortune. Non pas qu’elle contribue à le rendre heureux – c’est de susciter les rires et la joie du public qui le comblait d’aise – mais au moins lui garantit-elle la présence d’Ellen à ses côtés. Cette dernière, prévenante à l’excès, cache mal une vénalité qui lui tient lieu de sentiment amoureux à l’égard d’un mari peu stimulant. Et affirmer cela ne relève pas de la divulgation d’un lourd secret tant la femme vénale demeure une figure récurrente des Contes de la crypte, lointain vestige des origines littéraires de la série (les années 50, pour mémoire). De fait, Allez vous faire pendre nous montre un couple jamais en phase, Ellen perdant de sa bonne humeur à mesure que Joseph recouvre la sienne. La faute à l’irruption d’une tierce personne conférant à l’intrigue de faux airs de triangle amoureux.

La perspective de présenter un nouveau numéro, quand bien même si cela se déroule au sein d’une émission rétrospective sur l’âge d’or de la télévision, appuyant ainsi son côté suranné, suffit à redonner du baume au cœur à Joseph. A cette heureuse nouvelle s’ajoute la présence de David, un assistant désiré par Ellen auquel Zach Galligan (Gremlins,Waxwork) apporte toute la candeur requise, lequel se révèle être un excellent disciple. Rompu à l’art de l’animatronique, ces marionnettes radiocommandées que Joseph – en bon puriste – abhorre, David se montre passionné par l’artisanat de l’ancienne gloire télévisuelle. Les deux hommes cohabitent dans la bonne humeur, le cadet offrant à l’aîné l’espoir d’un héritage artistique. Curieusement, Ellen nourrit un fort ressentiment envers David, alors même qu’elle devrait se féliciter de la bonne entente entre les deux hommes. Cela participe des faux semblants dont se pare le récit, jusqu’à ce final qui mêle habilement le fantastique au machiavélisme le plus sournois.

A l’heure où la révolution numérique commençait à faire son œuvre, les prouesses techniques de Terminator 2 puis Le Cobaye ouvrant le champ des possibles à Jurassic Park, Kevin Yagher pose un regard lucide et empli d’affection sur sa profession. Sans renier l’héritage de ses aînés, il indique qu’il faut savoir évoluer avec son temps, et que quelque soit la manière de faire des effets spéciaux, l’important réside dans le cœur qui est mis à l’ouvrage. Il n’est pas question pour lui d’opposer telle ou telle méthode, mais plutôt de prôner la bonne entente entre les diverses écoles, lesquelles, lorsqu’elles sont savamment utilisées, donnent d’excellents résultats. Pour cet épisode, Kevin Yagher joue la carte de l’épure, suggérant plus qu’il ne montre, et mettant davantage l’accent sur les effets de maquillages que sur les effets mécaniques. A l’image de son Enterrée vivante (saison 2), il prend plaisir à poser son intrigue et créer une ambiance, bien loin de l’épate stérile de bon nombre de ses condisciples qui passe à la réalisation. Il en résulte un épisode pas follement original mais touchant et de très bonne tenue.

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