Les Contes de la crypte 4-03 : Le Tatouage – William Friedkin
Les Contes de la crypte. Saison 4, épisode 03. On a Deadman’s Chest. 1992 Origine : États-Unis |
Danny Darwin est une rock star en pleine crise. Vivant très mal l’histoire d’amour que vit son compère et co-fondateur du groupe Nick Bosch avec Scarlett, il devient désagréable et de plus en plus ingérable. Sur un coup de tête, et un peu par défi, il accepte de se faire tatouer par le Mozart de la profession, l’étrange Farouche qui ne tatoue que les motifs que le corps de ses clients lui inspire. Pour le plus grand malheur de Danny, son nouveau tatouage se révèle être un dragon enlaçant le visage de… Scarlett.
Les Contes de la crypte avaient déjà frayé avec le rock’n’roll le temps d’un réjouissant épisode de la saison 2 qui s’offrait en outre la présence d’Iggy Pop en guest star (Hurlement nocturne). Avec Le Tatouage, épisode dans lequel Gregg Allman, figure emblématique du blues rock des années 60-70 (The Allman Brothers Band), côtoie Heavy D, figure de proue du rap de l’époque (Heavy D and the Boyz), la série plonge plus avant dans les arcanes du rock en s’axant autour des tensions inhérentes à la vie de groupe.
Le groupe de Danny Darwin et Nick Bosch évoque une sorte de Led Zeppelin mâtiné des oripeaux du grunge alors à son apogée dans le sillage de Nirvana. Mais le conflit qui les oppose renvoie plus ouvertement aux Beatles. Interprétée par l’actrice Tia Carrere (née à Hawai et d’origine sino-philippine), Scarlett figure une parfaite Yoko Ono, plus concernée par les intérêts de son époux que de ceux du groupe auquel il appartient. En tout cas, c’est ainsi que la perçoit Danny, qui voit d’un très mauvais œil l’influence qu’elle peut avoir sur Nick. C’est un peu de sa propre influence à lui qu’il perd à mesure que Scarlett prend de la place dans le cœur de son ami. Clairement, Nick incarne le maillon faible de l’équation. Talentueux (en tout cas dépeint comme tel) mais trop enclin à s’en remettre à ses proches plutôt qu’émettre son avis, ou même ses envies. Néanmoins, de par son instabilité émotionnelle, et son obsession quasi maladive envers Scarlett, qu’il a – littéralement – dans la peau, Danny nous apparaît comme encore plus fragile, et partant plus influençable. Sa mauvaise conseillère prend les formes plantureuses et le nom sans équivoque de Vendetta, groupie sexuellement agressive qui monnaie ses informations contre une partie de jambes en l’air. Mais elle n’est qu’une excuse à ses gamineries qui virent à la folie une fois son obsession clairement matérialisée. Scarlett représente tout ce qu’il n’a pas : une femme aimante sur qui pouvoir compter et qui tire vers le haut. Un gage de stabilité en somme, pour lui qui se contente de jouer les pique-assiettes dans la demeure conjugale. L’éliminer reviendrait à ramener Nick à son niveau, et à renouer les fils d’une amitié exclusive qui lui importe autant que son statut de rockstar, l’un n’allant pas sans l’autre. Bref, Danny est un égoïste bien dans la tradition de la série dont la chute dans une explosion de sang et de chairs déchiquetées ne saurait faire oublier la platitude de l’ensemble.
Des épisodes plats ou ratés sont monnaie courante dans la vie d’une série, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une anthologie comme c’est le cas ici. Mais il y a des échecs plus douloureux que d’autres, notamment lorsqu’il concerne des réalisateurs talentueux. Accumulant les déceptions (Le Convoi de la peur, Police Fédérale Los Angeles) parfois doublées de polémiques (La Chasse, Le Sang du châtiment), William Friedkin se trouve au creux de la vague au moment de participer aux Contes de la crypte. Sans idée, sans passion, il tourne indifféremment pour le petit et le grand écran pour un résultat tout aussi médiocre. De la liberté que lui offre la série, il n’en fait pas grand-chose si ce n’est quelques polissonneries. On pouvait espérer autre chose du bonhomme que de simplement dévoiler l’intégralité des charmes de Sherrie Rose (Vendetta) et laisser entrapercevoir le membre viril de Yul Vazquez (Danny). Désespérément sage, sa mise en scène illustre mollement une histoire aux rebondissements téléphonés et dont les médiocres effets spéciaux ne parviennent pas à sauver la mise. Seul détail amusant (ou un peu triste selon sa sensibilité), le nom du groupe – Les Exorcistes – qui renvoie à la gloire passée d’un réalisateur qui était encore loin d’en avoir terminé avec sa période de vaches maigres.