Les Contes de la crypte 4-01 : Cœur saignant en papillote – Tom Hanks
Les Contes de la crypte. Saison 4, épisode 01.
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Pour s’enrichir, Howard Prince (Treat Williams) dispose d’une technique infaillible : il séduit de riches veuves et, une fois qu’il devient le seul dépositaire de leurs fortunes, les empoisonne. Jamais rassasié, il envisage un dernier coup alors que son associé l’empresse de quitter le pays, du fait de leur convocation à une audience dans 11 jours. Homme de défi, Howard promet d’arriver à ses fins en 10 jours. Rompu à ce genre d’exercice, il parvient très vite à séduire sa nouvelle cible, Effie Gluckman. Sauf que de mystérieuses lettres anonymes l’enjoignent à cesser immédiatement son petit jeu au risque de le regretter amèrement.
A l’instar d’un Arnold Schwarzenegger lors de la saison 2 (L’Echange) ou de Michael J. Fox lors de la saison 3 (Le Piège), Tom Hanks profite des Contes de la crypte pour fourbir ses premières armes de réalisateur. A l’époque, Tom Hanks n’a rien de la grande vedette qu’il est aujourd’hui. Acteur spécialisé dans la comédie, il promène son air ahuri dans diverses productions allant de succès inattendus (Splash, Big) en échecs injustes (Les Banlieusards, Le Bûcher des vanités) en passant par des films vite vus, vite oubliés (Une baraque à tout casser, Turner et Hooch). Pour surprenante que puisse être sa participation aux Contes de la crypte, elle s’accorde volontiers avec le caractère unique de la série, capable de réunir en son sein les personnalités les plus diverses pour un résultat toujours conforme à sa note d’intention. Autrement dit, Tom Hanks délaisse ses atours de gendre idéal pour s’abandonner totalement à l’univers macabre de la série, s’offrant même un petit rôle pour être partie prenante du jeu de massacre initié par son personnage principal.
Thème inépuisable, et grandement présent tout au long de la saison 2, l’amour constitue l’axe principal de ce premier épisode de la saison 4. Un amour décliné sous différentes formes, du plus trivial (l’amour de l’argent) au plus noble (l’amour fou et passionné) pour un épisode qui aborde sans sourciller certains tabous – surtout à l’époque – comme la vie sexuelle des personnes âgées. Le ton est bien sûr à la comédie noire mais ne cherche jamais à se moquer de ces riches veuves en mal d’amour. Au contraire, elles apparaissent touchantes par leur total lâcher prise et leur espièglerie retrouvée. Elles agissent sans calculs ni retenues, s’abandonnant totalement à un sentiment qu’elles pensaient définitivement relégué aux oubliettes d’une vie déjà bien remplie. Catalyseur de tout cet amour, Howard Prince joue les veuves noires, tuant ses partenaires non pas après l’acte sexuel (auquel il se plie malgré tout, submergé par toute la fougue retrouvée de ces dames) mais après qu’elles lui aient cédé toute leur fortune. Une mise à mort savamment étudiée qu’il applique avec le détachement du type sûr de son fait. Imbu de lui-même et conscient du bonheur qu’il leur apporte, il drape son acte meurtrier d’un voile de considération cynique, estimant qu’il aurait été plus cruel encore de les laisser sans le sou. Porté par un Treat Williams en grande forme, ce cynisme passe comme une lettre à la poste. Même pour nous autres spectateurs qui ne pouvons être dupes de sa duplicité, Howard Prince nous apparaît néanmoins comme sympathique. Un personnage finalement plus malin pour entourlouper de vieilles veuves que pour débusquer son maître-chanteur, et qui perdra la partie pour avoir finalement trop bien tenu son rôle.
Tom Hanks réussit son passage à la mise en scène avec mention. Suffisamment ludique pour qu’on ne s’appesantisse guère sur les facilités du scénario (Howard enchaîne les veuvages enrichissants sans être inquiétés outre mesure), Cœur saignant en papillote – notez le titre français hors de propos – lance cette nouvelle saison de manière réjouissante. Pour Tom Hanks, cet épisode marque la fin d’une première partie de carrière placée sous le sceau du potache et sonne comme l’ultime défouloir d’un acteur qui se complaira par la suite dans des films bien sous tous rapports et beaucoup plus corsetés.