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Histoires fantastiques 2-01 : La Bague – Danny De Vito

Amazing Stories. Saison 2, épisode 01
The Wedding Ring. 1986.

Origine : États-Unis 
Genre : Fantastique 
Réalisation : Danny De Vito
Avec : Rhea Perlman, Danny De Vito, Louis Giambalvo, Bernadette Birkett, David Byrd, Tracey Walter.

Exploitée par l’infâme Léo Canetti, patron et cuisinier d’un restaurant spécialisé en produits de la mer d’Atlantic City, Loïs fait le dos rond. Trop gentille pour se plaindre et trop fatiguée pour se révolter, elle attend patiemment la fin de son service pour pouvoir retrouver son époux. Et aujourd’hui est un jour spécial puisqu’il célèbre leurs 10 ans de mariage. Et si Loïs a bien évidemment pensé à offrir un petit quelque chose à son Herbert chéri – le trophée du meilleur mari -, lui a complètement oublié. Quelque peu gêné aux entournures et sans le sou, il dérobe sur son lieu de travail – un musée des horreurs – la bague destinée à leur dernière acquisition. Outre une joie non feinte, ladite bague provoque immédiatement chez Loïs une insatiable envie de sexe. Un appétit sexuel qui ne tarde pas à se muer en pulsions de meurtre. Comme l’apprend trop tard Herbert, cette bague a appartenu à Astrid Carolli, une veuve noire dont les trois maris ont été occis. Il ne tient qu’à lui d’éviter d’être le quatrième.

Dans le contexte télévisuel du début des années 80, la série Histoires fantastiques a été un petit événement. Du beau linge devant et derrière la caméra, des budgets alloués dignes de productions cinématographiques et bien sûr la présence du Golden Boy Steven Spielberg pour chapeauter le tout. Seulement la mayonnaise n’a pas pris. Trop inégale et gentillette, elle n’a guère convaincu sur la durée. Et en France sa diffusion ne se fera qu’à partir du mois de juillet 1992 sur Antenne 2. Dans ce contexte, voir le lancement d’une seconde saison ne peut qu’étonner. Il ne faut pas oublier que Steven Spielberg a été à bonne école et donc qu’au moment de négocier le contrat de la série, il a fait signer la chaîne NBC pour deux saisons, quelques soient les audiences obtenues. Néanmoins, cette saison ne ressemble pas à la première. Les grands noms se font plus rares et hormis pour quelques idées de récits, Steven Spielberg se détourne de sa série, occupé sur le tournage de L’Empire du soleil. En son absence, il revient donc à Danny De Vito d’ouvrir la saison. L’acteur n’en est pas à son coup d’essai. Après quelques court-métrages, il réalise des épisodes de séries télévisées (Taxi, par exemple) et une poignée de téléfilms. Sa participation à la série de Steven Spielberg lui sert en quelque sorte de marche-pied à l’étape suivante, la réalisation d’un film pour le cinéma. Ce qui sera fait dès l’année suivante avec Balance maman hors du train. Mais c’est à une autre de ses futures réalisations que La Bague fait penser, en l’occurrence La Guerre des Rose dont cet épisode en contient les prémisses.

Il n’y a pourtant nulle trace de conflit au sein du couple Loïs – Herbert. Tout au plus de l’incompréhension teintée de machisme ordinaire lorsqu’il s’agit de s’abandonner au “devoir conjugal”. Herbert n’est pas un mauvais bougre mais lorsqu’il a ses envies, il se fiche bien de savoir si son épouse se trouve dans les mêmes dispositions que lui et ne comprend pas qu’elle se refuse à lui. La malédiction qui la frappe par l’entremise de la bague amène à un inversement des rôles. C’est désormais lui qui se retrouve soumis aux désirs de madame. Face à son appétit de sexe insatiable, il ne peut plus tenir la distance, demandant une grâce qu’elle n’est pas prête à lui accorder. Le voici réifié, simple pantin sexuel dont elle use et abuse selon son bon vouloir. Un changement de comportement qui se double d’un changement d’accoutrement. Loïs porte désormais des tenues suggestives, comme si la libido allait de pair avec décolettés, bas résilles et talons hauts. Une manière peu subtile mais particulièrement visuelle d’acter sa transformation et qui insidieusement laisse entendre que la libido féminine est affaire d’oisiveté. Car ce n’est pas tant l’envie qui manque à Loïs que la force et la disposition d’esprit après des journées de dur labeur à trimer plus que de raison sous les ordres d’un patron exploiteur. Une fois la bague maudite passée à son doigt, elle est envahie par l’esprit tordu d’Astrid Carolli dont la seule occupation consistait à séduire des hommes riches afin de les épouser puis les assassiner pour récupérer leur fortune. A défaut de compte en banque à faire fructifier, elle se rabat sur le sexe et le meurtre. Une manière de tuer le temps en attendant des cibles plus conformes à ses standards. Et le récit de virer dans sa dernière partie à un jeu du chat et la souris entre le mari et l’épouse sous emprise, moyennant quelques empoignades qui ne vont jamais plus loin que la cascade bon enfant. Le ton reste à la plaisanterie à tendance grivoise mais sans jamais dépasser les limites de la bienséance. La série doit pouvoir être regardée par le plus grand nombre, toujours dans ce souci de communion familiale devant le petit écran.

La Bague nous plonge en terrain connu, laissant à penser que cette deuxième saison ne cherchera pas à modifier son approche du fantastique. Dans le cas présent, cela donne un épisode plutôt agréable à suivre aux envolées parfois cartoonesques et qui fait un usage de la plaquette de beurre beaucoup plus acceptable que dans Le Dernier tango à Paris. Et puis reconnaissons à la série sa diversité dans le choix de ses personnages, couvrant ainsi un large spectre de la société américaine.

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