Histoires fantastiques 1-07 : Programme spatial – Bob Balaban
Amazing Stories. Saison 1, épisode 07. Fine Tuning. 1985.Origine : États-Unis
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Pour les besoins d’un travail à rendre en cours de technologie, trois collégiens doivent mettre au point une antenne artisanale pour capter les programmes télévisés. L’un d’eux, à force de manipulations, réussit à capter la télévision hawaïenne dans un premier temps, puis la télévision chinoise. Tout heureux de sa réussite, il en parle à ses deux compères qui ont bien du mal à le croire. De retour chez lui, tout ce petit monde s’affaire autour de la télévision qui ne diffuse plus que de la neige. Mais un court-circuit rétablit enfin le contact avec une chaîne qui a tout l’air d’être émise d’une autre planète…
Pour les apprentis réalisateurs qui n’ont pas encore la chance d’avoir la confiance des studios, la télévision constitue une véritable aubaine. C’est par exemple le cas pour Bob Balaban, second rôle récurrent du cinéma américain (Rencontres du troisième type, 2010 l’année du premier contact), qui passe à la mise en scène au début des années 80 à la faveur d’un téléfilm (The Brass Ring) et du pilote de la série fantastique Tales from the darkside, produite entre autres par George Romero. Programme spatial n’est qu’une étape de plus dans un parcours qui l’amènera à Parents, prix du jury au festival d’Avoriaz 1989, et point d’orgue d’une carrière qui se poursuivra de manière confidentielle pour la télévision. Le moins qu’on puisse dire est que rien ne laissait présager de la réussite de Parents, et sûrement pas ce Programme spatial, échantillon de ce que la série de Steven Spielberg pouvait enfanter de pire.
Cet épisode est un drôle d’objet qui se présente comme un hommage aux acteurs comiques des années 40 et 50 (Milton Berle fait d’ailleurs une apparition) et des séries de l’époque comme I love Lucy. Un hommage rendu par le biais d’extraterrestres tellement gagas de ces programmes qu’ils les reproduisent au détail près pour leurs propres chaînes de télévision. Oui, vous avez bien lu. Non seulement les extraterrestres demeurent comme nous rivés à leurs petits écrans, mais en plus ils ne sont même pas fichus de développer leurs propres programmes, se contentant de vulgaires décalques. L’image d’une intelligence supérieure en prend un sérieux coup dans l’aile ! Ici, point d’invasion extraterrestre mais la simple venue d’émissaires pensant pouvoir convaincre les interprètes de leurs séries favorites d’embarquer avec eux jusqu’à leur lointaine planète. Le ton est volontiers bon enfant à l’image de ces aliens à l’allure pataude dont l’aspect trahit la facticité. L’hommage aux années 40-50 est ici poussé à son paroxysme, jusqu’à l’utilisation d’effets spéciaux désuets et à la multiplication de clins d’œil. Ainsi, nos trois voyageurs de l’espace arpentent-ils les rues de Hollywood en arborant fièrement des postiches rappelant Groucho Marx, et des imperméables et des feutres mous que n’aurait pas reniés Humphrey Bogart en personne. Quant à nos trois adolescents, ils s’amusent de la situation, jouant les guides touristiques avec délectation. Et puis ça leur fournit une bonne raison de faire l’école buissonnière !
Dire qu’on s’ennuie à la vision de cet épisode, dans lequel la nostalgie le dispute à la niaiserie, est un doux euphémisme. L’humour vole bas, virant parfois au douteux comme lorsque l’un des adolescents, captant la télévision chinoise, tombe sur la météo présentée par un homme en tenue militaire. Que Spielberg ait souhaité remettre en lumière des émissions de son enfance, libre à lui. Cependant, je ne suis pas convaincu que la présence d’adolescents pour faire le lien entre ces programmes d’un autre âge et ces fans extraterrestres soit des plus judicieuses. On sent trop une volonté de toucher un large public au détriment d’un récit plus ouvertement mélancolique. Il en résulte un épisode des plus navrants, dépourvu de trouvailles et d’émotion.