Puma – Keith Larsen
Trap on Cougar Mountain. 1972Origine : États-Unis
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Cette toute petite production est l’oeuvre de Keith Larsen, acteur spécialisé dans les westerns télévisuels et passé à la réalisation le temps de quelques films à la fin des années 60 et au début des années 70. En guise de casting, il hérite d’une plâtrée de débutants, dont son propre fils pour le rôle principal, mais aussi de Karen Steele, elle aussi issue de la télévision…
Tout ce petit monde s’est donc assemblé en 1972 dans cette ode post-hippie et archi écologiste qu’est Puma, qui nous raconte l’histoire d’Erik, un gamin vivant dans le ranch de ses parents, et qui consacre toute son existence à la protection des animaux sauvages, au grand dam de son père lui-même chasseur occasionnel. Alors pensez donc que quand le paternel va se mettre en tête d’abattre Jason, le couguar d’Erik, des tensions vont apparaître. Mais pas trop. Parce que nous sommes ici dans un film familial, et il n’y aura rien pour choquer le très jeune public auquel le film s’adresse. Dès le départ, les oppositions entre le père et le fils seront molles : les voix ne s’élèveront jamais, et le gamin ne fera pas du boudin bien longtemps. Même chose pour les chasseurs : là où on aurait pu croire que des animaux se feraient froidement abattre par des beaufs avinés, il n’y aura que tirs manqués et pièges qui ne font même pas mal. Il faut dire qu’Erik veille au grain et aide beaucoup les animaux. A part son puma, il fréquentera aussi notamment un raton laveur, risquant parfois sa vie pour ses bestioles. C’est un peu le Oskar Schindler du monde animalier. Sauf donc que les méchants sont beaucoup moins méchants.
Le reste du temps, Eric part en vadrouille avec son pote indien, n’hésitant pas à emprunter la moto de son frère et à ne pas remplir ses obligations familiales (dont l’une d’elle est de s’occuper des animaux du ranch… allez comprendre…). Il parcours les étendues des montagnes de l’Utah, tantôt désertiques, tantôt enneigées, tantôt verdoyantes, mais en tout cas toujours très belles. Il jouera des tours de pendu à des chasseurs, et il fera le galopin à l’école (le summum de l’aventure étant quand il s’avise de voler les munitions sur une étagère trop haute pour lui tandis que le concierge s’approche lentement… quel suspense !). Tout cela sous le regard des animaux sauvages, qui n’en ont rien à foutre, mais qui à l’instar du spectateur regarde quand même, pour passer le temps. On aura ainsi droit à des ours, à des aigles, à toute une assemblée de ratons laveurs, ainsi que, et là c’est très palpitant, à un scorpion et à un serpent (c’est dans les scènes menaçantes, ça). Il me semble bien avoir aussi aperçu un loup, au loin. Tout ça pas forcément en stock shot, comme on aurait pu le croire. Il doit y en avoir quand même quelques un (quand les animaux ne sont pas à proximité des humains), mais en tout cas ils sont très bien intégrés au métrage. Bref tout ça n’est guère palpitant, et possède un style très “petite-maison-dans-la-prairiesque”, avec le dur apprentissage de la vie vécu par Erik.
Et oui, gamin, dans la vie, on a pas toujours ce que l’on veut. Moi, par exemple : pendant ton film, j’aurais bien voulu ne pas avoir à supporter d’envahissantes plages de musiques dignes de Flipper le dauphin. Mais je les ai eu quand même. Enfin bon, tout ce terminera très bien pour tout le monde : le papa et le fiston seront réconciliés en accolade après une scène insoutenable pour les moins de 6 ans, le réalisateur aura véhiculé sa morale (dans une scène présentant un spectacle scolaire, où les enfants costumés disent que polluer, c’est mal) et le spectateur verra débarquer le mot “FIN”. Au moins, on peut dire que le film évite les stéréotypes à la Bambi sur les chasseurs et les animaux, puisqu’il évite de toute façon de montrer quoi que ce soit et qu’il est fondamentalement “peace” dès le départ. Ça peut plaire. Mais il faut vraiment apprécier le genre très ciblé du film d’aventure familial presque hippie au budget minuscule.