The Killer’s Mission – Shigehiro Ozawa
Shokin Kasegi. 1969Origine : Japon
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Engagé personnellement par le Shogun (une brêve mais toujours plaisante apparition de Koji “Guerre des gangs à Okinawa” Tsuruta) en tant qu’espion, Shikoro Ichibei (Tomisaburo Wakayama) doit empêcher la vente par les Hollandais d’une cargaison de fusils au clan rebelle Satsuma. Il croisera sur sa route une femme yakuza et un ronin couard.
Sur ce point de départ somme toute classique, Shigehiro “The Street Fighter” Ozawa nous livre un jidai geki baroque et très très pop.
Bien que Tomisaburo Wakayama fût un bretteur émérite, cela n’empêche pas les scènes de combats au katana d’être assez plan-plan. Mais c’est sans grande importance car nous ne sommes pas vraiment devant un chambara. “James Bond spaghetti” serait le terme le plus approprié pour décrire ce film. Pendant le générique, notre espion au service secret de sa majesté le Shogun se remplit les poches (et les sandales) de gadgets en tous genres et s’évertuera à les utiliser tout au long de l’aventure. Arbalète pliable, pistolet du même acabit, fourreau longue-vue, fausse dent pleine d’une décoction faisant passer pour mort…
Pour le côté western transalpin, la musique et la réalisation y mettent du leur. Le duel final opposant Ichibei au chambelan des Satsuma, tiraillé entre le respect de certaines valeurs et la loyauté envers son daimyo, est filmé comme un duel aux revolvers. Sur fond de cuivres rutilants, un plan d’ensemble dans un décors désertique précède des plans moyens, suivis de gros plans sur les mains enserrant les armes, sur les bouches des protagonistes puis enfin sur les regards.
Plus tôt dans le métrage, Ozawa a payé son tribu à Corbucci et son Django : un des pontes du clan Satsuma étraîne un fusil hollandais sur des paysans capturés et relachés, fuyant vers une impossible liberté. Clin d’œil sympathique qui sert du coup à appuyer la fourberie du méchant.
Le film étant ce qu’il est (de l’exploitation), il contient bien-sûr son lot de plans sanglants, de tortures feminines par le feu et de tueurs à gages exotiques (ici un sniper anglais et un sabreur chinois, à mon grand regret sous-exploités).
Il faut voir aussi Wakayama se délecter à parodier ouvertement son grand frère Shintaro Katsu dont il reprend le temps d’une scène le rôle fétiche du masseur aveugle. Ou encore lorsqu’on le fait jouer sur les mots : alors qu’il monte sur le bateau hollandais, le militaire le salue d’un “Ahoy” (bonjour en marin) auquel Ichibei répond d’un “Aho” (idiot). Ce n’est pas très fin, je vous le concède, mais ça m’a fait marrer.
Pouvant se voir comme des prémices (nous sommes en 1969) à une certaine décadence du genre qui livrera des chefs-d’œuvre (la série des Baby Cart) ou d’excellents films (Bohachi Bushido : Clan of the Forgotten Eight), Shokin Kasegi pèche par une baisse de rythme de temps à autre mais reste très jubilatoire.
Le second opus, avant que le personnage ne passe sur le petit écran, a été tourné la même année par Eiichi “Les 13 Tueurs” Kudo et s’intitule Gonin No Shokin Kasegi (The Fort of Death). Il a fait une apparition au Festival de Venise en 2007 lors d’une rétrospective sur le western spaghetti.