Texas, adios – Ferdinando Baldi
Texas, Addio. 1966Origine : Italie / Espagne
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Burt et Jim Sullivan (respectivement Franco Nero et Alberto Dell’Acqua), deux frères vivant au Texas, décident de partir au Mexique pour retrouver l’assassin de leur père, un dénommé Cisco Delgado.
Voilà pour l’intrigue. C’est mince, et ça caractérise bien l’ensemble de ce Texas Adios : un film fade, standard, sans originalité ni inspiration. Franco Nero incarne un personnage as de la gâchette, taciturne et déterminé. Alberto Dell’Acqua, lui, personnifie le jeune apprenti pistolero, naïf et trop romantique, ce qui comme on le devine dès le début lui jouera de vilains tours. Enfin, José Suárez interprète un vilain sans relief à la tête d’une bande de pourris aux méfaits tout relatifs (tout juste peut on signaler une torture au fer rouge, en hors champ évidemment), conduite par les deux hommes de main habituels : un homme d’affaire pourri et un vieux bandit alcoolique qui se révèlera au final généreux et plein de compassion.
La première partie du film (soit environ 50 minutes) se concentre sur les recherches des deux frères Sullivan et contribue déjà à plonger le spectateur dans un état de léthargie avancé, malgré les efforts de quelques molles bagarres au corps à corps et de quelques coups de feu par-ci par-là. Le spectateur est aussi amené à comprendre toute la puissance de Cisco Delgado dans cette région du Mexique où il s’est établi depuis le meurtre du père Sullivan et où il règne en réalité tel un mafioso sur la Sicile, en dominant les marchés de l’alcool et de la prostitution. D’où la présence de ses nombreuses troupes qui vont mettre des batons dans les roues à Bert et à Jim, mais qui vont surtout permettre au réalisateur Ferdinando Baldi de gagner un temps précieux, chose non négligeable dans ce scénario qui n’a strictement rien à proposer. Puis, enfin, vient la seconde et dernière partie du film, et la rencontre entre les gentils et le méchant. Toujours dans l’optique de meubler, les personnages principaux ne cherchent pas à venger leur défunt paternel en faisant parler la poudre, mais ils cherchent davantage à ramener Delgado au Texas, pour qu’il soit jugé. Car oui, on ne badine pas avec la justice, et du reste Bert Sullivan, tout féroce qu’il peut paraître, n’est pas du genre à avoir la gâchette facile. S’ensuivent donc de nombreuses scènes de parlottes, qui amènent la tragédie familiale au cœur de l’intrigue, avec des révélations sur le passé des Sullivan et de leur parents, liés à Delgado de façon ambiguë. Du Shakespeare de bas étage pour un western spaghetti poussif, en somme. Pas de quoi sortir du marasme ambiant.
Visiblement Baldi lui-même en avait conscience, et c’est ainsi qu’il rajoute à son intrigue un nouvel élément : l’imminence d’une rébellion populaire, qui se déroulera donc dans cette dernière partie de film après avoir été évoquée et aussitôt oubliée une demie heure plus tôt. Une rébellion chichement menée, avec une embuscade vaguement sanglante pour seul fait d’arme. Et puis heureusement vient la fin, qui en dix minutes dénouera toute ces intrigues ou sous-intrigues : la vengeance, la tragédie familiale, la révolution. Ouf, Texas Adios est terminé. Il était temps, après une heure et demie passée à assister à l’un des westerns spaghettis les plus fades qu’il m’ait été donné de voir. Ferdinando Baldi, un réalisateur pourtant estimable, semble ici avoir eu du mal à s’investir dans un genre alors relativement neuf en Italie. Il corrigera le tir quelques années plus tard en signant le beaucoup moins banal Blindman.