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Terminator 3 : le soulèvement des machines – Jonathan Mostow

Terminator 3 : Rise of the Machines. 2003.

Origine : États-Unis/Allemagne/Royaume-Uni
Genre : Action/Science-fiction
Réalisation : Jonathan Mostow
Avec : Arnold Schwarzenegger, Nick Stahl, Claire Danes, Kristanna Loken…

Bien des années se sont écoulées entre la faillite de la Carolco, qui entraîna dans sa chute les droits de la franchise Terminator, et la sortie de ce Terminator 3, qui vit le jour au terme d’un embrouillamini juridique qu’on crut un moment impossible à résoudre. Dix ans se sont donc écoulés entre le second volet réalisé par James Cameron et celui-ci, réalisé par un Jonathan Mostow ayant la lourde tâche de faire oublier le réalisateur des deux premiers opus, et principalement du second qui, s’il n’aboutit pas à un film très mémorable, marqua en revanche son époque par une révolution en termes d’effets spéciaux et de battage médiatique.

Le mieux fut donc de reprendre à zéro, et de poser les bases d’un nouveau démarrage pour une saga sur laquelle la moindre erreur ne pardonnerait pas. Exit Sarah Connor, exit l’acteur Edward Furlong (plongé dans l’alcool entre-temps) et place à un renouvellement des cadres sous les yeux d’un Arnold Schwarzenegger heureusement toujours fidèle au poste (où il aurait dû rester, d’ailleurs, au lieu de faire le zouave à la tête de la Californie). C’est donc un John Connor adulte et orphelin que l’on retrouve dans Terminator 3. Depuis sa victoire sur le T-1000, il a plongé dans une vie sans justifications, vivant perpétuellement dans la perspective d’un lendemain apocalyptique, quand bien même il n’y a a priori plus aucun danger. Et bien entendu, l’histoire donne raison à ses craintes : un nouveau modèle de Terminator est envoyé du futur pour l’assassiner, et l’ancien modèle déjà à l’œuvre il y a dix ans est également envoyé pour le protéger, lui et celle qui est appelée à devenir sa femme et sa collaboratrice dans la résistance, Kate Brewster, alors une modeste vétérinaire fille d’un important cadre militaire. Ensemble, sous la protection d’un Terminator “classique”, ils découvriront que Skynet n’a pas été détruit et que la guerre contre les machines doit démarrer dans les 24 heures.

Bien sûr, certains ont hurlé au scandale, arguant du fait que ce film évite de nous montrer la guerre contre les machines. Mais c’est une critique un peu facile, d’autant plus que le film de Jonathan Mostow s’évertue tout du long à rendre irrémédiable cette guerre, et même à montrer son entame dans la toute fin du film. La mythologie de la saga Terminator est ici reconstruite sans pour autant contredire ce qui a été fait dans les films précédents, et le scénario se révèle très audacieux. Il en fallait, du courage, pour tuer un personnage comme Sarah Connor et pour mettre une frêle vétérinaire (interprétée qui plus est par la mignonne mais frêle Claire Danes) à sa place. C’est le pari de Mostow, pari qu’il réussit haut la main, tant le personnage de Kate Brewster évolue avec harmonie tout au long du film, pour passer du rang d’américaine moyenne à celle d’épouse du leader de la résistance. On songe bien entendu à la destinée de la Sarah Connor du premier film, au départ serveuse minable et à la fin future mère désabusée du sauveur de l’humanité. Le choix de Claire Danes pour ce rôle pouvait au départ paraître douteux, mais l’actrice réussit là où on ne l’attendait pas. Il faut dire que bien qu’elle parvienne à rendre son personnage indispensable à l’avenir de l’humanité, elle n’a pas grand chose à faire à l’instant présent, puisque toute l’action est concentrée dans les mains de John Connor (pour lequel le choix de Nick Stahl n’est pas aussi réussi, puisque si l’acteur joue convenablement il n’a en revanche pas le physique de l’emploi) et, surtout, du Terminator. Arnold a vieilli, et son jeu se fait moins déterminé. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par quelques touches d’humour malvenu (la parodie de Terminator 2 dans la scène où il débarque dans une boîte de strip-tease) et par une fonction soi-disant rajoutée à sa programmation, à savoir des bases de psychologie qui le pousseront à retranscrire davantage d’émotions et de raisonnements intellectuels. Mais ce qu’on lui demande avant tout, c’est de protéger ses camarades humains dans un déluge d’action. Et à ce titre, on est grandement servi. Ses oppositions avec la Terminatrix seront tout bonnement monstrueuses, que ce soit dans les duels au corps à corps (où les deux machines défoncent les murs), en voiture (où ils défoncent tout ce qui est sur leur chemin, dans une opposition entre une grue et un camion de pompiers) ou encore avec des armes (le fusil plasma de la Terminatrix). Ces scènes, très appréciables, permettent en outre de faire oublier la piètre prestation de Kristanna Loken en Terminatrix, qui vire parfois au ridicule, avec ce côté un peu trop propre pour être honnête. Famke Janssen, pressentie pour le rôle, aurait à n’en pas douter fait une très bonne interprète, bien plus en tout cas que ce mannequin blondasse à peine digne de spots publicitaires.
Quoi qu’il en soit, ces scènes d’action, qui savent également parfois s’orner de détails relatifs à la mythologie, laissent sur la fin la place à l’imminence du soulèvement des machines. Nous sommes là en présence d’un moment capital dans la saga Terminator, bien plus important que n’importe quelle partie de Terminator 2, et Mostow là encore réussit globalement son entreprise en n’hésitant pas à être violent, autant dans la forme que dans le fond. On en vient même un peu à songer au Dr. Folamour de Kubrick, de par l’aspect radical que prend le dénouement.

Les esprits chagrins ont décidément tort : Terminator 3 n’est pas qu’un film permettant de gagner du temps en adoptant encore une fois le schéma classique du protecteur face au destructeur. C’est un film qui amène subtilement le conflit à venir, désormais inévitable, et sur lequel Mostow parvient à faire abstraction de l’héritage de Cameron pour livrer son film à lui. Les deux Terminators du films tendent même à s’effacer sur la fin, ne jouant qu’un rôle purement fonctionnel par rapport à l’intrigue, et laissant la part belle à la mythologie. Ce que Cameron n’avait pas fait dans Terminator 2, à mon sens un mauvais film. Bref Terminator 3 est un film qui, s’il n’est pas parfait de bout en bout, reste une grande réussite, d’autant plus méritoire que le film fut produit à un moment où l’industrie des blockbusters Hollywoodiens était à son niveau le plus bas.

3 réflexions sur “Terminator 3 : le soulèvement des machines – Jonathan Mostow

  • Chucky

    La Cannon n’a jamais eu les droits de Terminator.

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  • Effectivement, il s’agissait de la Carolco. Voyez là l’amorce d’une obsession pour notre collaborateur qui prendra corps quelques années plus tard.

    En tout cas, il était temps que cette coquille soit corrigée. Merci à vous !

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    • Chucky

      De rien, au plaisir. ^^ Par contre contrairement à votre collaborateur je trouve Kristanna Loken très convaincante dans le rôle de la T-X, elle a plus de charisme et de présence que le T-1000 version mexicain low cost de Terminator Dark Fate.

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