Sunshine – Danny Boyle
Sunshine. 2007Origine : Royaume-Uni
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2057, le soleil se meurt, entraînant dans son déclin l’extinction de l’espèce humaine. Le vaisseau spatial ICARUS II avec à son bord un équipage de 7 hommes et femmes dirigé par le Capitaine Kaneda est le dernier espoir de l’humanité. Leur mission : faire exploser un engin nucléaire à la surface du soleil pour relancer l’activité solaire…
Pour Sunshine, Danny Boyle retrouve Cillian Murphy et Alex Garland, respectivement acteur et scénariste avec qui il avait déjà travaillé pour le très bon 28 jours plus tard. Le réalisateur britannique retrouve aussi Karl Hyde et Rick Smith, membres du groupe electro Underworld, qui s’étaient déjà occupés de la musique de La Plage et de Trainspotting. Mais même s’il s’entoure de connaissances, Danny Boyle n’avance cependant pas sur un terrain qu’il connaît bien. En effet, même si sa filmographie est pour le moins éclectique, jamais encore Boyle ne s’était essayé à la science fiction pure et dure, à la fois réaliste et métaphysique…
Oui, oui, métaphysique, car si l’histoire peut effectivement faire penser à une sorte d’Armaggedon sur le soleil, avec le frêle Cillian Murphy à la place de Bruce Willis, il n’en est rien heureusement ! En fait Sunshine aurait plutôt tendance à marcher sur les traces de 2001, l’odyssée de l’espace, de Solaris, et même dans une certaine mesure de l’Alien de Ridley Scott… Œuvrer dans un tel registre est pour le moins risqué, tant la comparaison avec ces monuments peut se faire à la défaveur du film de Boyle. Et si à la vision du film on se dit qu’évidemment Sunshine ne parvient pas à égaler ses modèles, le traitement de l’histoire est suffisamment original et frais pour qu’il n’ait à rougir d’aucune comparaison.
Le voyage spatial de Sunshine sert donc de prétexte à un autre voyage, mais intérieur et métaphysique cette fois-ci. Le film s’attache à décrire le quotidien d’une poignée d’astronautes, et évidemment leur évolution psychologique. Le voyage vers le soleil qui commençait comme une mission héroïque de « sauvetage » va très vite revêtir des aspects beaucoup plus religieux et spirituels. Le Soleil est le centre de notre système solaire, l’astre qui finalement a créé l’univers et qui nous permet de vivre. Il dépasse pour beaucoup le cadre simplement scientifique, et est synonyme de source de vie. Evidemment donc un voyage vers cet astre n’est pas anodin, et l’enfermement aidant, notre groupe d’astronautes aura des réactions différentes, que Boyle à pour ambition de décrire et d’explorer dans son film. En ce sens, les acteurs plutôt bons, offrent la crédibilité nécessaire à ce type de voyage métaphysique. Ils s’investissent tous très bien dans leur rôle et chaque spectateur devrait pouvoir s’identifier à l’un d’eux d’après leurs caractères et leurs réactions différentes. Le huis-clos est également bien géré : Le rythme est plutôt calme et prend le temps de lentement présenter les différents personnages et leurs relations. Puis l’atmosphère devient plus tendue au fur et à mesure de l’avancée du film, et les relations entre personnages plus complexes.
Mais Sunshine ce n’est pas que des personnages, et le scénario réserve quelques beaux morceaux de bravoures et quelques incidents qui feront monter le suspense…
Enfin qui dit science fiction dit forcément « effets spéciaux ». Et c’est là clairement l’aspect le plus réussi du film. En effet si le scénario ne manquera évidemment pas de se mettre à dos à la fois les spectateurs qui veulent plus d’action et ceux qui ne verront qu’une pâle imitation de 2001, l’odyssée de l’espace, on ne pourra pas reprocher au film son aspect visuel, absolument superbe. Les différents plans du soleil sont vraiment bluffants à la fois techniquement et artistiquement. L’astre n’a jamais été montré de pareille manière au cinéma et on ne peut qu’être soufflé par la beauté de toutes les séquences spatiales. Le vaisseau et la bombe solaire sont eux aussi très bien rendus, et Danny Boyle s’amuse clairement à nous les montrer et à faire jouer les rayons du soleil dessus. La mise en scène est ici très calme et contemplative, afin de nous en montrer le plus possible. En plus de cet aspect visuel très réussi, le film bénéficie d’une bande son vraiment impressionnante. La masse énorme du Soleil, l’immensité du vide spatial et la progression du vaisseau sont très bien rendus par l’utilisation vraiment très habile des bruits et de la musique. Cette bande son est d’une telle qualité que les spectateurs, assis dans leur fauteuil de cinéma peuvent presque ressentir réellement le gigantisme et la chaleur du soleil.
Enfin, on regrettera cependant le dernier tiers du film, qui certes introduit un rebondissement des plus intéressant qui rapproche le film d’Alien, mais qui s’avère visuellement assez pénible cette fois-ci, par le recours soudain et trop fréquent à des mouvements de caméra trop peu maîtrisés et à une image handicapée par quelques effets de flou douteux. Quand même, la force d’évocation de ce rebondissement, dont je ne dirai évidemment rien d’autre, et son originalité sont suffisamment intense pour qu’on pardonne ces quelques défauts.
Bref, Sunshine, s’il n’atteint pas la perfection des modèles auxquels il se réfère, reste tout de même un film plutôt agréable, notamment grâce à deux gros tiers de métrages vraiment superbes et à une bande son des plus réussies.