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Slash – Jun Gallardo

slash

Slash. 1984

Origine : Philippines 
Genre : Guerre 
Réalisation : Jun Gallardo 
Avec : Romano Kristoff, Mike Monty, Gwendolyn Hung, Patrick Lee…

Alors que le Cambodge est sur le point de tomber entre les mains des Khmers rouges, deux diplomates américains parviennent à dérober des documents importants pour la clique de Pol Pot. En évacuant, ils sont pris en chasse par des communistes, et leur voiture finit projetée dans un fossé. Le premier diplomate, le major Scott (Mike Monty) est sauvé par des soldats américains et transféré dans un hôpital militaire où il se fait amputer d’une jambe. Le second, une femme du nom de Barbara (Gwendolyn Hung) n’est pas retrouvé. Elle est prisonnière des communistes, et c’est malheureusement elle qui détient les documents. Le major, un de ses collègues et un militaire cambodgien allié -par ailleurs époux de Barbara- décident d’organiser une mission sauvetage, confiée à Peter Harris (Romano Kristoff), alias Slash.

Un sujet digne de Rambo II. Or, celui-ci n’allait sortir que l’année suivante ! Que faut-il donc penser de cette production issue des Philippines, pays connu pour ses repompes encore plus fauchées qu’en Italie ? Ou bien les gens de la Silver Star eurent vent du scénario de Rambo II et s’empressèrent de griller la politesse aux américains, ou bien ils eurent un éclair de génie et anticipèrent en toute honnêteté le nouveau Stallone. Ce qui est fort possible, compte tenu du faible niveau de celui-ci. Quoi qu’il en soit, Jun Gallardo confie le rôle de l’homme fort à Romano Kristoff, un espagnol expatrié à Manille à peine entrevu dans deux films de guerre italiens signés Antonio Margheriti (Héros d’apocalypse et L’Ultime combat). Moins musculeux qu’un Stallone, l’homme compense par son look ténébreux à base de froncements de sourcils et de barbe de trois jours. Il n’a pas besoin d’autres qualités pour incarner Slash “le découpeur”, rôle avant tout physique mettant l’endurance au cœur des débats. Et ceux-ci sont particulièrement mouvementés : ça explose à tout va d’un bout à l’autre. La quasi intégralité des combats sont identiques : ça canarde et ça explose dans tous les sens, les figurants se jettent théâtralement au sol, les bruitages donnent l’impression d’être en plein milieu de l’apocalypse et Gallardo utilise de simples champ contre champ vaguement relevés par un montage serré. Dans l’ensemble ces scènes d’action ne sont pas trop mal bricolées (si ce n’est pour une course-poursuite à 50 km/h), surtout lorsque l’on songe que les Philippins ont eu plus d’une fois la mauvaise idée de substituer les figurants par des mannequins rigides. Tout de même, en représentant trois quart du métrage, toutes ces scènes d’action finissent par lasser. Que l’on soit dans la mission commando, dans le sauvetage proprement dit ou dans la fuite vers l’hélicoptère (les trois temps du film), tout se ressemble. On ne peut pas dire que l’on soit particulièrement amenés à s’attacher aux personnages, ni que leurs démonstrations d’humanité soient très convaincantes. Slash, homme colérique, fait un peu pitié lorsqu’il sert les dents pour injurier les communistes, décidément trop méchants (le mot “communiste” est lui-même considéré comme une injure, à prononcer d’un ton inquisiteur). Il inspire carrément la honte lorsqu’il laisse parler toute sa haine à l’encontre des khmers rouges qui viennent de le piéger. Il bombe le torse, il plisse les sourcils, il hurle le nom de son ennemi… Assurément ridicule, mais au moins le déferlement vengeur qui s’ensuit (à coup de bazooka !) remet les pendules à l’heure.

On ne peut pas en dire autant des autres personnages de “gentils”, qui n’ont pour leur part rien qui puisse leur donner un peu de relief. Barbara, la fameuse diplomate, est caractérisée par le rien : au même titre que la mallette de documents, elle n’est qu’un objet que Slash doit ramener à bon port. Gallardo essaye pourtant divers artifices pour justifier son rôle (lui donner une arme, la faire souffrir, lui donner des liens familiaux… la faire mourir dans les bras de Slash !) mais c’est peine perdue. Jusque dans la mort elle reste insignifiante, et d’ailleurs son cadavre est abandonné comme un vulgaire déchet sur le champ de combat. Personne ne la pleure autrement que pour le principe. Le personnage de Mike Monty est à peine plus élaboré. Lui aussi a des liens familiaux à défendre, mais c’est surtout sa personnalité bourrue, sa fine moustache et ses grosses lunettes noires qui prévalent. Bien trop maigre pour lui donner une quelconque importance. De toute façon, la mission en elle-même est insignifiante. La discussion posant les enjeux au début du film laisse entendre que de la cause est perdue, que les “paumés de paysans communistes” ont gagné. L’argument sur la liberté et la grandeur de l’Amérique, par son côté outrageusement vaniteux (et impérialiste ajouterait volontiers tout bon communiste), torché en deux minutes, n’est pas une arme morale de poids, et même les personnages ne semblent pas y croire. D’une façon générale, toute l’équipe du film est là pour prendre son cachet, ce qui explique le total manque d’implication qui caractérise leur travail. Les morts de certains personnages principaux se trouvent réduites à des péripéties à ajouter à un catalogue d’ingrédients “rambo-esques” élaborés sans enthousiasme. Slash ne dispose même pas de ces instants de complaisances ou de défaillances “nanardesques” suffisant généralement à épicer un film d’action sans moyens. C’est une succession de scènes d’action sans saveur, légèrement soporifique par faute de rythme et de sources d’intérêts auxquelles se raccrocher. Un sous-Rambo II désincarné et fortement dispensable.

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