Poltergeist 3 – Gary Sherman
Poltergeist 3. 1988Origine : États-Unis
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Carol Anne vit désormais avec sa tante, son oncle et sa cousine dans un building huppé de Chicago. Mais le prêcheur Kane n’a pas oublié celle qui doit l’amener “vers la lumière” dans le monde des esprits. Profitant autant des erreurs d’un médecin convaincu à démontrer que Carol Anne ment sur ses expériences que de l’omniprésence de miroirs dans cet immeuble résolument design, Kane va une nouvelle fois tenter de s’emparer de Carol Anne.
Deuxième séquelle pour le film de Tobe Hooper, et film catastrophique s’il en est, Poltergeist 3 a beau changer de décors, il ne parvient pas à cacher son manque de scénario. En même temps, quelle idée, aussi, que de tourner cette séquelle ? Comment une histoire comme celle de Poltergeist, avec ses maisons hantées et sa petite fille tourmentée, peut-elle être développée ? Il n’y a pas 36 solutions : on refait le premier film. Et c’est donc parti pour les manifestations surnaturelles et pour la description d’une famille face à l’adversité, qui doit combattre les esprits malins avec comme arme principale l’étalage de tout son amour. Carol Anne, là dedans, par ailleurs présentée comme une gamine surdouée qui joue encore à des jeux lui proposant d’épeler le mot “gorille” (sans compter qu’Heather O’Rourke, alors âgée de 13 ans n’avait plus franchement l’allure d’une jeune enfant et que son pyjama grenouillère est donc assez ridicule), trouve encore le moyen d’être kidnappée par le vilain Kane. Et Tangina, sa voyante sauveuse attitrée, va donc débarquer avec son cortège de mysticisme… Rien de bien neuf, donc, et la nouvelle famille de Carol Anne, même si interprétée par des gens respectables (Tom Skerritt de Alien, Nancy Allen de Carrie et Lara Flynn Boyle dont c’était le premier film), n’y changera rien. La seule once d’intérêt pour le réalisateur Gary Sherman (qui sévira plus tard sur Poltergeist la série) réside en son décor fait de miroirs qui séparent en fait le monde des esprits du nôtre. Idée pas non plus très neuve, certes, mais qui est centrale à ce Poltergeist 3 qui passe environ la moitié de son temps à déconner avec ces miroirs taquins. Des reflets pas synchro, des glaces qui se fissurent toutes seules, le prêcheur Kane qui apparaît alors qu’il ne devrait pas… Toutes les possibilités, aussi débiles soient elles, sont exploitées. Frissons bas de gamme garantis. Heureusement que Lara Flynn Boyle est ravissante, sinon il n’y aurait proprement rien d’intéressant à regarder.
Mais enfin bon, à un moment, il faut bien montrer autre chose que des miroirs, et ça Gary Sherman en a conscience. Oui, mais montrer quoi ? La réponse reste encore à ce jour en suspens. Alors pour faire genre “y’a de l’action!”, Sherman va plonger son film dans un déluge de manifestations surnaturelles se voulant spectaculaires, mais qui font plonger le tout dans le n’importe quoi le plus flagrant, faisant regretter les scènes de miroirs diaboliques. Que dire sur ces scènes à grand spectacle ? Pas grand chose. Gratuites, grotesques, avec des effets spéciaux parfois lamentables (la Carol Anne au visage maléfique, en réalité un masque certainement acheté pendant les soldes d’Halloween au supermarché du coin), ce ne sont là que les articles proposés par un catalogue de bêtise crasse. Leur seul aspect positif étant de nous débarrasser d’un personnage de médecin complètement inutile, qui a erré comme… et bien comme un esprit perdu pendant toutes ses présences à l’écran. Excusez-moi d’être si méchant avec ce Poltergeist 3, mais tout de même, aller jusqu’à placer une explosion dans un film d’immeuble hanté se voulant un minimum effrayant, il faut le faire ! Le tout est en plus desservi par un parti-pris esthétique douteux (l’immeuble avec ses miroirs, c’est déjà moche, mais alors quand les mirroirs se mettent à devenir source de lumière toute blanche, pardon, mais c’est atroce). Et puis bien entendu, tout ceci n’a aucun sens et s’achève dans l’incohérence la plus totale. On aura une pensée émue pour un personnage secondaire totalement oublié dans le monde des esprits, malgré la bonne volonté affichée par toute cette petite famille et par Tangina.
A la décharge de Gary Sherman (je parle de ses excuses, là, pas de son film) il faut dire que la mort prématurée d’Heather O’Rourke perturba beaucoup la fin du tournage, que certains disent effectuée après la mort de la jeune fille. N’empêche que Poltergeist 3, c’est très mauvais.