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Opération Tonnerre – Terence Young

operationtonnerre

Thunderball. 1965

Origine : Royaume-Uni 
Genre : Action 
Réalisation : Terence Young 
Avec : Sean Connery, Adolfo Celi, Claudine Auger, Luciana Paluzzi…

Pour le quatrième James Bond, le duo Broccoli / Saltzman met les petits plats dans les grands : au diable l’avarice ! Le succès des films précédents a prouvé la viabilité de James Bond, et EON Productions peut donc désormais se permettre d’oeuvrer dans la grosse production. Le budget d’Opération tonnerre est ainsi équivalent à celui de ses trois prédécesseurs réunis. Le budget évolue, mais pas les conventions 007, qui viennent tout juste de faire leurs preuves et qu’il convient d’entretenir. Pour se faire, c’est Terence Young qui revient à la barre après s’être absenté de Goldfinger (si ce n’est pour la pré-production, qu’il effectua lui-même). Maurice Binder revient également composer le générique, après avoir fait défaut sur les deux films précédents. Le roman de Fleming qui est ici adapté n’est pas non plus un monument d’innovation, puisqu’Opération tonnerre fut envisagé un temps pour être la base du premier film, avant d’être abandonné au profit de Dr. No en raison de problèmes légaux entre Fleming et ses collaborateurs (Fleming ayant été accusé d’avoir novellisé en toute impunité un scénario réservé au cinéma et qui à l’époque, en 1960, ne se concrétisa pas).

L’histoire présentée offre le retour du SPECTRE, organisation terroriste internationale déjà au cœur de Dr. No et surtout de Bons baisers de Russie. Cette fois Blofeld, dont l’identité est toujours gardée secrète, confie sa mission du moment à son agent numéro 2 : Emilio Largo (Adolfo Celi). Il s’agit de détourner un avion contenant deux bombes nucléaires, de voler les bombes et de pratiquer un odieux chantage sur l’occident pour lui extirper quelques millions de dollars, sous peine de voir une ou deux villes occidentales réduites en tas de cendres. James Bond est envoyé sur cette affaire, qu’il doit résoudre avant un ultimatum de quelques jours. Ses investigations démarrent à Nassau, aux Bahamas, où Domino, la sieur du capitaine responsable de l’avion détourné, vit en compagnie de Largo.

Et James Bond de reprendre sa personnalité du film précédent : un macho raffiné et sarcastique (parfois jusqu’au cynisme), transformant une mission périlleuse en sports et divertissements extrêmes, se plaisant à déjouer des sales coups et à flirter (sinon plus) avec toutes les jeunes et jolies femmes qui lui semblent inaccessibles. En l’occurence il s’agit ici de la fougueuse et sadique Fiona Volpe (Luciana Paluzzi) et de la plus tendre et manipulée Domino (Claudine Auger), qui à défaut d’être utile au scénario possède des maillots de bain au moins aussi accrocheurs que le bikini de Ursula Andress dans Dr. No. Notons aussi, pour les amateurs d’atrices du cinema bis (cinema dont la contribution en acteurs sera non négligeable dans la série des James Bond) l’apparition de Martine Beswick dans un rôle assez mineur. Le style de James Bond ne varie donc pas beaucoup par rapport à Goldfinger et le film garde toujours cette plaisante tonalité bon chic bon genre décontractée, agrémentée d’un exotisme tropical bienvenu. Et pourtant, il s’en est fallu de peu pour qu’Opération tonnerre ne tombe dans la facilité. Son budget conséquent semble ainsi avoir été davantage un poids qu’un atout, Terence Young étant amené à le dépenser dans des scènes à grand spectacle, le conduisant ainsi à faire l’impasse sur certains éléments importants (comme la personnalité d’Emilio Largo, à des coudées en dessous d’Auric Goldfinger) et à étirer son film sur plus de deux heures, ce qui aurait pu être évité. Comme souvent, le pré-générique annonce la couleur, et c’est avec un certain effarement que l’on assiste au duel opposant James Bond à une veuve / travelo s’achevant par la fuite de 007 muni d’un jetpack, gadget certes réel mais pourtant résolument ridicule (Rocketeer en sait quelque chose). La chance d’Opération tonnerre, celle qui sauve véritablement le film, est que ces séquences spectaculaires sont traitées avec soin et avec une vague conscience de la crédibilité nécessaire. Nous sommes encore assez loin des délires exubérants d’un Roger Moore, et voir la prise d’assaut d’un yacht lancé à pleine vitesse reste toujours intéressant. Mais la plupart des scènes d’action se distinguent par le fait qu’elles sont sous-marines. Lisibles et tout aussi spectaculaires que leurs équivalentes à l’air frais (il n’y à qu’à voir la véritable guerre sous-marine finale entre les hommes de Largo et ceux de Bond), elles permettent de donner une certaine singularité au film et ainsi de le démarquer des autres films de la saga officielle, là où son scénario porté sur l’action aurait pu le classer comme un film “anonyme”. Plusieurs autres bonnes idées demeurent, tel qu’un règlement de compte dans une maison de repos, que l’emploi de requins (qui seront des animaux souvent utilisés dans la saga) ou que les oppositions entre Fiona Volpe et Bond, quasi sado masochistes. Les gadgets de Q, quant à eux, se font plus nombreux mais savent se faire discrets, s’adaptant plus à l’intrigue que l’intrigue ne s’adapte à eux.

Opération tonnerre est donc un bon cru. Bien qu’il demeure plus proche de Goldfinger que de Moonraker, on peut malgré tout y voir l’entame d’une course au spectaculaire qui s’accélérera une fois le départ de Sean Connery entériné, s’amplifiant au fur et à mesure des progrès en termes d’effets spéciaux. C’est la bien lourde rançon de la gloire, le typique syndrome du succès (et les producteurs furent certainement tentés par cette orientation spectaculaire devant le succès d’Opération tonnerre, le plus gros succès commercial de la série). Mais pour l’heure, rien n’était encore perdu (après tout, tous les films ne pouvaient pas être du même niveau que Goldfinger) et la saga James Bond continuait son sans-faute.

 

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