CinémaThriller

Meurtre sur commande – Vincent Morton

The Hit. 2001.

Origine : États-Unis
Genre : Drame de la séparation
Réalisation : Vincent Monton
Avec : Maxwell Caulfield, Joanna Pacula, Frederik Forss, Christine Elise…

 

Plus encore que feue la VHS, le DVD nous permet de découvrir une foultitude de téléfilms que nos journées trop chargées ne nous avaient pas permis de découvrir l’après midi sur TF1 ou sur M6. Véritable repaire pour réalisateurs et acteurs dont le cinéma ne veut plus, la télévision symbolise en quelque sorte le goutte à goutte qui les maintient en vie, leur assurant un minimum de rayonnement bien que la qualité ne soit pas souvent au rendez-vous. Et c’est rien de le dire ! Actrice émergente des années 80, Joanna Pacula n’a jamais bouleversé autrement les têtes que par un physique agréable et un joli minois. Gorky Park (1983) ou The Kiss (1988) comptent parmi ses principaux faits d’arme, le reste de sa filmographie étant plus riche en seconds rôles ingrats (Tombstone, Warlock 2, Virus). Quant à Maxwell Caulfield, succéder à John Travolta dans Grease 2 ne lui aura pas porté bonheur, l’échec du film l’ayant dés lors cantonné aux seconds rôles (Electric Dreams, Une vraie blonde). Seules la série B d’action et la télévision lui offriront des premiers rôles, comme c’est le cas dans Meurtre sur commande.

Dans Meurtre sur commande, il incarne Keith, un homme fraîchement divorcé, qui sous l’emprise de l’alcool a engagé un tueur pour éliminer son épouse. Cette dernière, déjà prête à refaire sa vie, envisage de quitter le pays pour suivre son jules du moment et emmener avec elle leur fils. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase trop plein de scotch de Keith. Mais lorsqu’il se rend compte de ce qu’il a fait, il se mue aussitôt en ange gardien de son ex-épouse pour contrecarrer les plans du tueur tout en s’évertuant à annuler le contrat qui pèse sur elle.

 

Ah, le divorce ! Voilà un problème qui touche de trop nombreux couples. Keith s’en serait aisément passé, lui qui vivait heureux avec son fils et sa femme. Sauf que cette dernière en a décidé autrement, ne ressentant plus cette passion pour lui qui l’animait à leur rencontre. Comme c’est souvent le cas, c’est à elle qu’échoit la garde de leur fils, ce qui achève d’enfoncer encore un peu plus Keith dans la sinistrose. Il vit très mal cette séparation, pas tant pour Sonia que pour son fils, Jesse, qui lui manque énormément. Il ne s’investit plus vraiment dans son travail, fume et boit de trop. Quelque peu désorienté, il lui arrive de débarquer à l’improviste dans son ancien chez lui, interrompant Sonia au milieu de ses préliminaires avec son petit ami. Une sorte de douce vengeance pour lui qui estime que Sonia lui a gâché la vie et donc veut la lui pourrir à son tour. On lit dans cette attitude une jalousie sous-jacente, Sonia réussissant à refaire sa vie alors que lui se noie dans son divorce. Jusqu’à l’annonce du départ probable de Sonia et de leur fils pour l’Angleterre, Meurtre sur commande s’apparente à toute cette ribambelle de téléfilms abordant des thèmes de société, ici le divorce et les difficultés inhérentes à celui-ci concernant les droits de visite du père. Sauf que cela serait oublier un peu vite la première scène du film, une exécution sommaire d’un inconnu dans un cinéma par un homme déguisé en prêtre. Cet homme, nous le retrouvons lorsque le film plonge dans le thriller pur et dur, soit après que Keith l’ait fait engager alors qu’il naviguait à vue, l’esprit embrumé par l’alcool. Scène pivot du film, la discussion de Keith avec le mystérieux Levine, lointaine connaissance qui se propose de jouer les intermédiaires entre lui et un tueur professionnel pour mettre un terme à ses soucis conjugaux, s’accompagne déjà de quelques incongruités comme la présence de cette émissaire venue remettre à Keith la mesure de restriction demandée par son ex-femme compte tenu de son comportement récent. Une présence pour le moins étrange dans la mesure où Keith n’y a pas ses habitudes, et qu’il ne doit sa présence dans ce bar sordide que par le fait d’un rendez-vous proposé par le contact grâce auquel il pourra rédiger l’article que son patron attend depuis déjà trop longtemps. A croire que cette employée de l’avocat de Sonia s’adonne à la filature à ses moments perdus.

A quoi voit-on qu’un personnage est méchant dans les mauvais films ? Essentiellement à deux choses : la première, il arbore sur son faciès un signe distinctif, telle cette balafre qui occupe le profil gauche de notre tueur ; la deuxième, il fait montre d’une maladresse au tir colossale au moment de remplir son contrat. A force, le tueur en deviendrait presque pathétique puisque malgré tous ses efforts, nous savons pertinemment qu’il n’arrivera jamais à ses fins. Même lorsqu’il parvient à approcher sa victime de suffisamment près pour l’avoir à sa merci, le bougre nous la joue cœur tendre, autorisant sa cible à effectuer une ultime prière. Bien sûr, il s’agit là d’un subterfuge de la part de Sonia, qui s’empresse alors de lui sonner les cloches et de lui fausser compagnie. Il y a de quoi douter de son professionnalisme ! Etant donné que tout thriller se doit de dispenser un minimum de suspense, Vincent Monton décide de le placer à un niveau plus terre à terre, à savoir si Sonia et Keith redeviendront un couple à l’issue de cette histoire. Au début, les événements vont plutôt en ce sens. Bien que responsable de ce qui arrive à Sonia, Keith passe dans un premier temps pour son sauveur. Toujours là quand il faut et au moment où il faut, il regagne peu à peu sa confiance, alors qu’il l’avait perdue lors des derniers instants de leur mariage. Il obtient qu’elle et leur fils se cachent à bord de son bateau, reconstituant à cette occasion le noyau familial d’antan au point qu’une attirance réciproque refasse son apparition entre Sonia et Keith. Quel dommage que le tueur arrivât à ce moment, interrompant dans la seconde de plus chaudes retrouvailles ! Je vous l’avais bien dit qu’il était d’une grande maladresse. Néanmoins, Keith a mal agi, et un taux d’alcoolémie élevé ne suffit pas à l’exempter de tous reproches. Vincent Monton se refuse donc à ce qu’il s’en sorte à bon compte et amène son personnage à tout avouer sous les yeux effarés de Sonia. –« Comment donc ? Cet homme pour lequel je me reprenais d’affection aurait donc mis un contrat sur ma tête ? Mais qu’ai-je donc fait pour mériter un tel supplice ? » auraient pu être les propos tenus par Sonia à ce moment là. Or le réalisateur a une intrigue à boucler et plus beaucoup de temps pour le faire. Alors hop ! Ni une, ni deux, Sonia et Jayce se retrouvent en grand danger et Keith, même blessé, viendra à leur secours, en bon père et en bon mari qu’il aimerait être. A ce moment là, il n’y a plus que l’affrontement entre Keith et le tueur qui intéresse Vincent Monton. Ce dernier oublie au passage, et de manière définitive, toutes les pistes qu’il avait au préalable ébauchées. Quid des mystérieux individus qui exécutent toutes les personnes travaillant au sein de l’organisation qui a embauché le tueur ? Passé le massacre du restaurant, il n’en sera plus fait mention. Et qu’en est-il de l’accusation de meurtre qui pèse sur Keith consécutivement à ce massacre ? Celle-ci ne pèsera d’aucun poids dans la suite du récit, l’aspect policier étant totalement écarté. Une chose est sûre, ce n’est pas avec ce téléfilm que nos deux recalés du cinéma -Joanna Pacula et Maxwell Caulfield- reviendront à des projets plus passionnants.

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