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Maximum Overdrive – Stephen King

maximumoverdrive

Maximum Overdrive. 1986

Origine : Etats-Unis
Genre : Science-fiction
Réalisation : Stephen King
Avec : Emilio Estevez, Laura Harrington, Pat Hingle, Yeardley Smith…

Se trouvant pour une semaine dans la queue d’une comète, la Terre se retrouve perturbée par la rébellion des machines en tous genres. Distributeurs de billets, distributeurs de boissons, tondeuses, couteaux électriques, ponts basculants et surtout automobiles se retournent contre leurs habituels usagers, semant la pagaille sur toute la planète. Aux États-Unis, une poignée de survivants se retrouvent assiégée au Dixie Boy, aire de repos de bord d’autoroute.

Pas tout à fait clair, le Stephen King. Bien qu’il ait pesté, peste et pestera contre les adaptations à l’emporte-pièce de ses écrits, et notamment de ses nouvelles, sa seule expérience de la réalisation fut pour Maximum Overdrive, énorme broderie autour de la nouvelle “Poids lourds” parue dans le recueil Danse Macabre. Vingt pages en tout et pour tout, étirées sur une heure et demie afin de fournir à Dino de Laurentiis (à l’époque féru des écrits de King) une série B exploitable en salles, et surtout à la location. C’est à dire l’exacte destinée de bien des navets vendus sous l’étiquette “d’après Stephen King”. Toutefois, King avait un plan, bien reconnaissable à l’omniprésence du groupe AC/DC dans la bande originale : son ambition était de réaliser un film rock’n’roll assumant totalement sa crétinerie. Maximum Overdrive se présente donc dans l’absolu comme un film irrévérencieux, se plaisant à humilier les humains en en faisant des victimes de leurs propres créations mécaniques. Un coach de baseball assassiné par le mitraillage de cannettes du distributeur, la foule insultée par le panneau d’affichage électronique d’une banque, un gamin écrasé par un rouleau compresseur, un badaud (Stephen King lui-même) traité de “trou du cul” par le distributeur de billets… Le film démarre très bien, et la levée inopinée d’un pont levant entraîne une jolie scène d’action.

La suite sera hélas moins fréquentable : une fois les personnages principaux regroupés à la station essence, King (bien entendu scénariste) ne parvient pas à trouver les idées nécessaires pour entretenir sa dynamique. Son huis-clos de style Nuit des morts-vivants substituant des poids lourds aux zombies s’enlise dans les palabres stériles des personnages, entrecoupés par de répétitives scènes impliquant les camions, sur fond de musique d’AC/DC maintenant l’illusion du film rock’n’roll (au programme : “Hell’s Bells”, “For those about to rock” et autres chansons inclues dans la compilation Who made who servant de BO et dotée de seulement trois morceaux originaux -dont deux instrumentaux-). Autres illusions : les personnages eux-mêmes, stéréotypés “péquenots”. Entre un héros ancien taulard à la voix cassée (Emilio Estevez) et sa copine bourlingueuse (Laura Harrington), nous avons affaire à des caricatures de rockeurs à la petite semaine. Et que dire de cet ado très courageux ou du patron véreux et méprisant ? Ou encore tous ces routiers cradingues aux accents rednecks et cette serveuse fragilisée par des années d’usure ? Et ce couple de nouveaux mariés composé d’une vilaine marâtre aussi laide que capricieuse (Yeardley Smith et sa voie de crécelles qui sert de doublage à Lisa Simpson) et d’un jeune homme qui ne demande qu’à s’affranchir ? N’en jetez plus ! Entretenir le huis-clos en s’attardant sur de tels personnages est chose impossible, d’autant plus que le casting laisse parfois à désirer (l’héroïne est une grande perche sans formes). Ainsi, le personnage le plus charismatique sera le chef des camions, un grand semi-remorque noir doté à l’avant d’une énorme tête de diable rigolarde. De temps en temps, il prend pourtant l’envie à l’un des humains de dégommer un camion en se servant d’un bazooka trouvé dans l’arsenal militaire stocké au sous sol de la station par le méchant patron. Ce besoin répond avant tout à la nécessité de placer quelques scènes d’explosion ici ou là, afin de rompre la monotonie des camions, qui tournent inlassablement sur le parking en attendant d’être en panne sèche afin de demander qu’on leur fasse le plein. Pourquoi ne cherchent-ils pas à dégommer le maigre abris que constitue la station, et pourquoi les assiégés ne se servent ils pas davantage de leurs armes de guerre ? Les incohérences s’incrustent, en partie du fait d’un budget trop serré au goût de King, qui regretta également le manque de temps en pré-production et en post-production (sans compter celui du tournage du lui-même).

Maximum Overdrive est en fait un film qui fonctionne non comme un tout, mais comme une accumulation de scènes. Le soucis étant que presque toutes les scènes amusantes sont concentrées au début du film et présentent des machines bien moins redoutables que les camions. Le reste est tout simplement lassant, malgré la musique de AC/DC et les évidentes bonnes intentions de King, qui tente ce qu’il peut (c’est à dire n’importe quoi) pour relancer l’intérêt de son film, par ailleurs pas trop mal mis en scène. Le résultat ne satisfait pas grand monde, mais reste loin d’égaler les pires adaptations d’un Stephen King qui préférera désormais déléguer ses propres inspirations cinématographiques à son cinéaste attitré, Mick Garris.

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