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Maman, j’ai encore raté l’avion ! – Chris Colombus

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Home alone 2 : Lost in New York. 1992

Origine : États-Unis 
Genre : Comédie 
Réalisation : Chris Colombus 
Avec : Macaulay Culkin, Catherine O’Hara, Joe Pesci, Daniel Stern…

Un an après avoir oublié le petit Kevin à la maison pendant les fêtes de Noël, la famille McCallister repart pour de nouvelles vacances, direction Miami. Cette fois, Kevin n’a pas été oublié à la maison ! Les parents en sont soulagés. Tellement que dans l’agitation de l’aéroport, ils sèment leur petit dernier, qui se plante d’avion et se retrouve seul à New York…

Il est facile de faire une suite à un succès aussi vertigineux que celui de Maman, j’ai raté l’avion. Assurés de toucher un très large public, les principaux acteurs et même certains seconds rôles reprennent tous du service ou sont remplacés par des gens dont le rôle est identique au leur (l’effrayant barbu et sa pelle devient une SDF avec des pigeons). Le réalisateur ne change pas, le scénariste / producteur non plus… Et puis il n’y a vraiment pas à se fouler : le film s’adressant à la famille entière (comprendre que le public visé est celui des enfants et que les accompagnateurs adultes n’auront d’autre choix que de venir aussi), il suffit de faire du copié / collé paresseusement recouvert d’un changement de cadre, et le tour est joué. En gros, la critique du premier film pourrait être la même que la seconde : Macaulay Culkin est toujours insupportable, que ce soit pour lui-même ou pour la façon dont est écrit son personnage, le film penche toujours sérieusement vers un moralisme judéo-chrétien non dépourvu de sentimentalisme bourgeois et son humour reste hérité d’une vieille tradition mi-burlesque mi-cartoon. Séquelle new-yorkaise oblige, tout ceci est encore plus marqué.

Devenu un enfant star à la sortie du premier film, Macaulay Culkin peut être mis en avant par Colombus sans que le réalisateur n’ait à se demander si les gens ne vont pas prendre en grippe cette petite tête blonde qui porte en elle toutes les tares des personnages d’enfant à Hollywood. Maman, j’ai raté l’avion a donné une légitimation commerciale à cette vision particulièrement consensuelle de l’enfance, et désormais la complaisance prime sur la fraicheur de la recette. Non seulement Colombus déclare d’entrée de jeu qu’il va refaire exactement le même film, mais il faut en plus qu’il s’en montre fier ! Quoique de nombreux clins d’œil soient là pour rappeler le premier volet au spectateur (Kevin qui boude dans sa chambre en souhaitant passer ses vacances sans sa famille, le départ dans la précipitation, l’impression de la mère d’avoir “oublié quelque chose”, l’utilisation que fait Kevin des dialogues d’un film de gangsters pour effrayer ceux qui l’ennuient), les personnages ont quant à eux oublié toutes les bonnes résolutions prises à la fin du premier film : Kevin est redevenu ce qu’il était il y a un an, avant ses (mes)aventures. C’est le pauvre petit dernier en qui personne ne fait confiance. Son grand frère le taquine, il réplique, et c’est lui qui subit le courroux des parents. C’est une injustice criante, et le spectateur n’a d’autre choix que de prendre en sympathie ce pauvre martyr des temps modernes (ou alors il peut arrêter immédiatement le film, ce qui vaudrait mieux). Après la scène de l’aéroport dans laquelle Kevin se trompe d’avion, le film ne sera plus que le one-man-show de Culkin.
Prenant des allures de L’École des fans, le film en appelle aux parents qui aiment voir les marmots faire les zouaves, un peu comme ils aiment voir un singe tenter d’imiter les humains dans Video Gag. Kevin se prend pour un adulte, parle avec un langage châtié et du haut de son mètre quarante se prend pour une grande personne, embrouillant le personnel d’un palace new-yorkais pour obtenir une chambre et une Limousine. Tout comme les frères ou cousins de Kevin étaient vus comme d’odieux morveux, le personnel de l’hôtel constitue l’ennemi, toujours à soupçonner Kevin et à lui pourrir la vie, le patron (joué par Tim Curry) étant même assimilé au Grinch, qui volerait son Noël à notre moutard audacieux.

Malgré tout, Kevin reste un petit garçon, et à ce titre il ne peut s’empêcher de faire des grimaces, d’utiliser l’argent de son père (pris dans la sacoche dont Kevin avait la responsabilité à l’aéroport) pour faire des choses auxquelles les petits garçons ont toujours rêvé. Les enfants du public se mettent alors immédiatement dans la peau du personnage, ce qui garantit leur attachement au film. Colombus le sait, et c’est pourquoi avec les armes morales qui sont les siennes il fait tout son possible pour tenter d’éduquer le public à sa manière, en faisant de son jeune héros un être plein de sagesse. Ainsi Kevin vient-il en aide à une SDF esseulée en l’écoutant, en lui redonnant confiance en elle et en lui offrant un symbole d’amitié. Il ne faudrait pas que les gosses manquent à leurs devoirs de charité chrétienne, surtout en cette période de Noël, prompte à la guimauve et aux grands sentiments. Ainsi regrette-t-il l’éloignement de sa famille, même de son grand frère, sans lesquels le manque d’amour prend le pas sur la liberté. Il ne faudrait pas que les gosses ne respectent plus leurs parents. Ainsi exprime-t-il son soutien pour tous les petits enfants miséreux en faisant une donation au philanthrope propriétaire du magasin de jouets (plus ou moins inspiré par Walt Disney, on suppose), qui fera suivre avec ses bénéfices du jour. Il ne faudrait pas que les gosses intègrent la bourgeoisie en oubliant de verser un peu d’argent pour les pauvres (les mêmes pauvres risqueraient ensuite de renforcer le Parti Communiste et de renverser les bourgeois !). C’est d’ailleurs sa générosité qui pousse Kevin à s’opposer au cambriolage du magasin de jouets par les deux mêmes bandits auxquels il avait été confronté l’an passé. Le petit nerveux et le grand con sont de nouveau de sortie, et le film peut démarrer ce qui était la seule séquence potable du premier film, et qui l’est encore ici. Les pièges de Kevin donnent lieu à des scènes de cartoon live, fortement inspirées par Chuck Jones autant que par Tom et Jerry. Rien n’est mortel, tout est pourtant dangereux, surtout que les pièges s’enchaînent sans mollir. Il est toutefois regrettable que là encore Colombus ait cru bon de reprendre certaines des idées du premier film.

Le succès de Maman, j’ai encore raté l’avion, même moindre que celui de son prédécesseur, n’est en fait dû qu’aux penchants enfantins à se repasser en boucle les mêmes produits. Les producteurs du film et Chris Colombus, leur homme de main, en ont bien profité. Le calvaire des parents, probablement traînés de force dans les salles obscures, s’en est trouvé doublé (n’oublions pas non plus qu’ils avaient déjà dû se farcir le premier film en VHS et que le second ouvrait les mêmes perspectives). Cette critique leur est dédiée. Quant aux enfants qui leur infligèrent ceci, qu’ils présentent leurs excuses !

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