Kolobos – Daniel Liatowitsch & David Todd Ocvirk
Kolobos. 1999Origine : Etats-Unis
|
Cinq jeunes cons sont embauchés pour une expérience cinématographique à la Loft Story : ils devront vivre dans une maison sous l’oeil attentif des caméras et donc du réalisateur Carl, qui les a embauché. Oui mais voilà, l’un de ces pseudo acteurs, Kyra, une fille fragile et nevrosée, est victime d’hallucinations fort macabres, qu’elle retranspose sous forme de dessins. Alors, lorsque les meurtres vont commencer, tout cela va sembler bizarre à ses petits camarades. Qui est le tueur ? Comment lui échapper ? Et Kyra, n’est-elle pas un peu louche ?
Sous ce postulat de slasher ultra conventionnel, surtout à une époque où la saga Scream envahissait les grands et les petits écrans, se cache un slasher moins conventionnel qu’il n’y paraît. C’est que notre tandem de réalisateurs a opté pour une approche assez audacieuse résolument tournée vers le surnaturel et le gore. Prenons la première scène, par exemple. D’entrée de jeu, c’est la fin du film qui nous est présentée, nous livrant ainsi tout de suite l’identité de la seule survivante du carnage perpétré dans la funeste maison. Effets de montage à l’appui, on devinera tout de suite que cette survivante est victime d’hallucinations (elle a d’ailleurs dû trop voir L’Échelle de Jacob, tant Kolobos s’en inspire). Ce qui ne laisse guère de place au suspense, surtout que malgré les bandelettes qui lui recouvriront la tête dès son arrivée à l’hôpital, on reconnaîtra aisément le personnage de Kyra. Quand bien même la fin n’aurait pas été placée au début, les personnalités stéréotypées à l’extrême des protagonistes nous auraient quoi qu’il arrive poussés aux mêmes conclusions. Car entre quatre jeunes extravertis insupportables (humour Bozo le Clown garanti), et une artiste introvertie et névrosée, les codes du genre ne laissent pas de place à la surprise et désignent clairement qui est l’héroïne et donc la survivante. A ce titre, les réalisateurs n’ont donc pas souhaité jouer la carte de la surprise. En revanche, ils se sont efforcés de laisser planer le doute sur la santé mentale de cette même héroïne, qui du fait de ses névroses chroniques, pourrait aussi bien avoir été l’assassin. Sauf que voila, il faut bien admettre que si le film cherche à se démarquer de la traditionnelle histoire de slasher, il n’y réussit pas et sa narration sera on ne peut plus classique.
Ce ne sont pas les quelques expérimentations formelles qui viendront sauver le tout : il ne suffit pas de mettre en scènes des meurtres plus sanglants qu’à l’accoutumé ni d’imposer des abominables éclairages rouges saturés pour réussir à se démarquer suffisamment d’un genre cinématographique dont les codes, envahissants, restent malgré tout beaucoup trop exploités. Ce n’est pas non plus en faisant intervenir le surnaturel que la donne sera changée : le côté “maison hantée” provoqué par les hallucinations de Kyra (qui par ailleurs rappellent beaucoup La Maison de l’Horreur, produit la même année) reste complètement vain, tant la formule du slasher a pris le dessus sur toute les autres tentatives d’originalité. C’est également beaucoup trop tard qu’interviendra l’histoire de Kolobos, ouvertement surnaturelle, mais de toute façon trop légère pour inspirer quoi que ce soit. La grosse erreur résidant sans aucun doute dans l’apparition du tueur, certes à priori mort-vivant, mais qui vient complètement ruiner l’ambiguïté de l’héroïne et qui surtout donne une présence physique à une menace qu’on pouvait espérer intangible et donc plus menaçante. Quand au côté real-TV de l’histoire (n’oublions pas que tout cela est filmé), il servira avant tout à brouiller les pistes et à orienter le tout vers un côté snuff lié à Kolobos. Déjà pompé sur My Litte Eye, le concept faisandé du cinéma / real TV inspirera trois ans plus tard l’immonde Halloween Resurrection de Rick Rosenthal. Donc merci bien ! La toute fin du film (la vraie, pas celle placée au début) essaiera un peu de rectifier le tir en gommant les défauts de ce scénario foutrement mal écrit. Encore une fois, beaucoup trop tard. Surtout qu’en plus, elle sera annonciatrice d’une future séquelle… Procédé courant aux slashers les plus éculés.
Kolobos est un film franchement bancal, qui tente de cacher son classicisme par quelques éléments censés désorienter le spectateur. Mais cela ne marche pas, ces quelques éléments étant très mal gérés et ne donnant au final qu’une impression au mieux superficielle et au pire de poudre aux yeux prétentieuse. Le mélange Échelle de Jacob, maison hantée et slasher n’aboutit à rien, tant le slasher prédomine. Ceci dit, tout cela reste plus fréquentable que les banales productions de l’époque.