Ma belle-mère est une sorcière – Larry Cohen
Wicked Stepmother. 1989Origine : Etats-Unis
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En compagnie de son mari et de son gamin, une bourgeoise rend visite à son veuf de père, et découvre qu’il est de nouveau marié. L’élue de son coeur est une vieille femme étrange, qui a profondément modifié sa façon de vivre : le vieux passe désormais ses journées devant la télévision. Bien sûr, la bourgeoise ne va guère apprécier le changement, et va en outre relever des faits étranges, qui la conduiront à penser que sa belle-mère est en fait une sorcière. Chose qui sera corroborée lors de l’apparition d’une jeune et belle femme, fille de la belle-mère, tout aussi étrange, et jouant volontiers sur son physique avantageux pour semer la zizanie dans le couple bourgeois…
Jusqu’ici davantage habitué aux films purement fantastiques, Larry Cohen s’aventure avec Ma Belle-mère est une sorcière dans la comédie familiale, genre à la mode en cette fin des années 80. Pour se faire, il s’adjoint les services de Bette Davis, grande actrice de l’âge d’or hollywoodien, à qui il ne restait plus que quelques mois à vivre. Ce sera d’ailleurs sa dernière apparition à l’écran. Une apparition cadavérique, qu’un personnage de vieille sorcière fantasque, sorte de femme fatale octogénaire, ne parviendra pas à rendre inoubliable si ce n’est qu’en temps que preuve de la maladie de Bette Davis (cancer). Du reste, l’actrice quitta le tournage bien avant qu’il ne soit fini, pour des motifs allant de sa maladie à des divergeances artistiques avec la production. Plus exactement, Davis, qui accepta le rôle pour ne pas être définitivement oubliée, exigea la réécriture du scénario. Ce que la production refusa, et qui poussa donc l’actrice à fuire le navire. Grand bien lui en a pris, tant il est vrai que, Larry Cohen ou pas, Ma Belle-mère est une sorcière est un film pourri. L’humour, puisque le but de cette chose était avant tout de faire rire, atteint des sommets de bêtise, allant du détective privé gaffeur (il tombe de son siège… super drôle) à la cocasserie d’un gamin qui, avec l’aide d’une sorcière, humiliera ses petits camarades qui le tournaient en dérision, en passant par le flic qui veut arrêter un chat pour sorcellerie. Convenu, niais, gentillet, et surtout pas drôle, aucun gag ne fait mouche, et le film se révèle aussi comique que les tragiques émissions de Christophe Dechavanne. C’est déjà catastrophique, mais en plus, le scénario est tout entier voué à ces étalages d’inepties. Pas ou peu d’évolutions scénaristiques, donc, des personnages transparents au possible, qui viennent et qui sortent de l’intrigue aussi facilement qu’un homme politique d’un tribunal.
Signalons juste le remplacement de Bette Davis, qui, puisque barrée du tournage, est remplacée par ce qui est censée être la fille de son personnage. A savoir la sorcière incarnée par Barbara Carrera, ex-James Bond girl de son état. Bref, à la prestance de Bette Davis, c’est le charme non exploité de Carrera qui est substitué. Non exploité car bien sûr, tout cela reste très grand public, et si ce n’est pour quelques déhanchements contenus, il n’y aura en fait qu’un vague adultère très vite avorté. Sans compter les très minces talents d’acteur de la demoiselle. Quelques clins d’oeils par ci par là (des références explicites à Freddy Krueger et à Jason Voorhees, l’emploi d’une photo de Joan Crawford -rivale de Bette Davis, il y a de ça bien longtemps-…), mais n’empêchant pas l’ennui de fondre sur le spectateur au bout d’une dizaine de minutes, pour ne plus jamais le quitter jusqu’au générique de fin. Aucune folie, malgré que le sujet aurait pu s’y prêter, scénario tout vide avec personnages inexistants, et même la fin, un peu plus animée, sera imbuvable. Strictement rien à sauver dans cette lamentable comédie, indigne de Bette Davis, de Larry Cohen, voire même de la pourtant médiocre série Ma Sorcière bien-aimée, de laquelle Ma Belle-mère est une sorcière s’est sans aucun doute inspiré.