Love Actually – Richard Curtis
Love Actually. 2003Origine : Royaume-Uni / Etats-Unis
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Londres, les fêtes de Noël arrivent. Un nouveau Premier Ministre s’installe au 10 Downing Street et tombe sous le charme d’une jeune femme du service. Un homme enterre sa femme et se retrouve à élever un petit garçon de 11 ans dont il est le beau-père. Un mariage sur fond des Beatles, le témoin est amoureux de la mariée. Un jeune serveur rêve de se faire des filles et élabore la théorie qu’aux Etats-Unis, avec son accent anglais, ça sera plus facile. Une fille est secrètement amoureuse d’un garçon à son travail, tout le monde le sait, même lui. Le petit garçon est amoureux d’une petite fille de son école. Un homme découvre que sa petite amie couche avec son frère et file écrire son prochain livre dans l’arrière pays marseillais. Un vieux chanteur de rock sur le retour reprend un de ses morceaux et l’arrange à la sauce Noël, aidé par son fidèle manager.
Bref.
Une tripotée d’histoires d’amour, toutes plus différentes les unes que les autres, toutes tellement banales car tellement réelles.
Voilà à peu de choses près comment on peut présenter la trame de ce film. Pour tout dire, il est impossible de résumer l’ensemble des petites histoires qui se déroulent devant nos yeux (certaines m’ont même échappé). Peu importe après tout, il est évident qu’on sera plus touchés par certaines que par d’autres, enfin, si les histoires d’amour au cinéma est votre lot.
Noël approchant, la solitude pèse sur ces innombrables personnages. Tous, à travers leur petite vie vont tendre à chercher un peu de bonheur dans ce qui semble être leur solution. Pourtant, ne vous y trompez pas, le thème principal n’est pas tant la recherche de l’amour, mais plutôt, que faire une fois qu’il est là ? De 7 à 77 ans, tout le monde semble touché par cette grâce que sont les rapports amoureux. Avec Love Actually, Richard Curtis, dont c’est le premier film mais qui a signé les scénarios de 4 mariages et un enterrement et de Coup de Foudre à Notting Hill, n’est pas à son premier coup d’essai. Rompu aux comédies romantiques, il cherche avec ce film à distiller à la fois l’humour subtil à l’anglaise, comme il nous y a habitués, mais aussi une pointe de tendresse. L’attachement aux personnages est immédiat. Pas de faux jugements, pas d’espérances idiotes, pas de scènes larmoyantes, juste une réalité et des situations cocasses.
Ainsi, la relation entre le beau-père veuf et le fils orphelin se développe au fur et à mesure des sentiments du petit garçon qui cherche à se faire remarquer de cette fille qui ne le connaît même pas. Il ira jusqu’à se mettre à la batterie, espérant, tel Ringo Star, réussir à séduire une jolie femme, Ringo ayant épousé une James Bond Girl.
L’amour se présente ainsi quand on ne s’y attend pas. On ne choisit pas d’aimer la femme de son meilleur ami, on ne choisit pas d’avoir un coup de cœur pour sa secrétaire et mettre à mal son couple et ses enfants, on ne choisit pas de tomber amoureux d’une femme de ménage dont on ne comprend pas la langue, et encore moins d’une simple employée quand on est Premier Ministre. Richard Curtis fait donc le choix d’exposer l’amour quand il vient et dont on ne peut rien, sinon tout faire pour être aimé en retour. Et à cela, nulle garantie. Il faut donc essayer, faire ce qu’on a à faire, espérer, se battre, et savoir battre en retraite quand il le faut. Et puis parfois, il faut se sublimer, courir après une fille, se faire courser par des flics dans un aéroport juste pour dire à une fille de son école qu’on est amoureux d’elle et obtenir un baiser sur la joue.
Bien sûr, ce film s’adresse aux fans de comédies romantiques. Bien évidemment, un Love Actually s’inscrit dans la veine de ce que Curtis avait scénarisé auparavant. Si vous n’avez pas aimé, vous n’aimerez pas celui-ci, soyez-en certain. Si vous êtes plutôt comédies romantiques genre High Fidelity, là encore vous allez être déçu. Le réalisateur, par la flopée de personnages qu’il met en scène, se garde bien de les développer comme il se doit. Il ne s’agit pas ainsi de se remettre en question, juste de se laisser porter. On regrettera alors la légèreté des propos, l’absence de cette réalité qui montre qu’on souffre parfois (voire souvent) en amour, et que même si c’est Noël, de temps en temps, on se retrouve seul à pleurer toutes les larmes de son corps parce qu’on a été trompé, parce qu’on est seul.
Reste que certains personnages (le vieux chanteur de rock qui vient à la télé dire que sa chanson c’est de la merde) et que certaines situations (les doublures pour films érotiques qui testent la lumière, très bonne idée !) font bien marrer, mais c’est peu de choses pour un film qui a beaucoup d’ambition.
Si la chanson du chanteur sur le retour nous dit que l’amour est partout autour de nous, il faut aussi nous rappeler qu’on n’a pas grand-chose à attendre de ceux qui ne nous aiment pas. Et ceci, Richard Curtis, ne nous l’explique pas. Sa théorie est de dire que si on vit vraiment dans un monde de merde où personne ne s’aime, il suffit d’aller dans un aéroport et voir toutes ces personnes qui s’embrassent, heureuses de se retrouver. Je vous mets au défi d’aller embrasser quelqu’un que vous ne connaissez pas, ça sera une autre affaire.
Alors bien sûr, Richard Curtis nous livre là un film léger, qui plaira au plus grand nombre, qui y verront une comédie drôle, raffinée, mais qui n’est au final qu’une façade, une vitrine remplie d’acteurs et actrices connus, Hugh Grant, Liam Neeson, Colin Firth, Emma Thompson, Alan Rickman, etc… Remplie de bons sentiments, cette comédie fait ce qu’on attend d’elle: rire, sourire, compatir. Rien de bien neuf, rien de bien original, c’est dommage, parce qu’avec cette tripotée d’acteurs et d’actrices, on aurait pu espérer mieux que ce conte de Noël bien pensant. Tant pis.
On regrettera alors d’être trimballé d’un personnage à un autre, d’être dépendant de certaines figures réjouissantes, (Mister Bean en tête, qui, quoiqu’il fasse, fait toujours sourire), on regrettera le côté racoleur, mais on ne regrettera sûrement pas la fraîcheur de Keira Knightley qui éblouit chaque scène où elle apparaît. Certes, je ne suis pas crédible en disant cela, mais elle dégage un charme incroyable. Bon, ça ne fait pas un film cela dit, hein!
Bref, Love Actually est une petite comédie romantique qui se veut grande. Il aurait sans doute fallu deux heures de plus pour pouvoir développer un peu tout ça, et surtout, peut-être, arrêter de nous pondre des films où tout le monde est beau et riche à Londres…
Mais si vous n’êtes pas regardant, vous passerez un bon moment… Pour ma part, je continuerai à regarder les comédies romantiques de Woody Allen, à contempler l’excellence avec Garden State et me visionnerai High Fidelity pour la centième fois, ça me semble plus fouillé.