Louis de Funès intime – Serge Korber
Louis de Funès intime. 2007Origine : France
|
Louis de Funès intime est un portrait sans intérêt de l’acteur comique et populaire du titre : Louis de Funès, donc. Et ça commence assez mal avec des propos convenus et lénifiants de Michel Galabru, de Benoît Duteurtre, de Dominique Pinon sur le personnage et sur sa principale qualité : faire rire. On s’attend presque à voir Michel Drucker intervenir pour lancer des « formidable ! » et faire applaudir un public dressé pour ça. Heureusement, il n’en est rien. Malheureusement, la suite sera du même tonneau, avec des « témoignages » de Jeanne de Funès, sa femme, et de ses fils, Patrick et Olivier.
Retour sur les origines familiales de Louis, d’abord : fils de Carlos et Leonor, émigrés espagnols. Histoire un peu chaotique du coupe parental, avec un père n’ayant pas vraiment le sens des affaires et rêvant de créer des émeraudes de synthèse avant de disparaître.
Retour sur la rencontre de Louis et de Jeanne, sur la vie éreintante d’un fufu à la fois pianiste de bar à Pigalle le soir, et étalagiste le jour.
Début d’acteur, sous l’impulsion de Daniel Gélin. Vache enragée pendant pas mal de temps puis carrière qui décolle, au théâtre d’abord puis au cinéma.
Un portrait de Louis de Funès pouvait, de prime abord, séduire, en apportant un éclairage sur la vie hors-écran d’un acteur qui connut la popularité et plus encore. Surtout à l’aide de témoignages de proches et d’images (photos, films en super 8) le montrant dans le privé et avec de nombreux extraits de ses films. Mais quand tout est destiné à construire un monument à sa gloire, alors qu’il n’avait vraiment pas besoin de cela, on s’ennuie vite, très vite.
Aucun regard critique ni véritablement analytique dans cette biographie faite à la brosse à reluire, juste une chronologie n’apportant rien d’essentiel. Louis de Funès aimait sa vie au château de Clermont, s’occuper de ses roses, passer du temps en famille. Passionnant, non ?
De ses rencontres avec Guitry, Anouilh, Robert Dhéry et ses Branquignols, Gérard Oury, Bourvil, Gabin, etc, on passe à sa vie plus privée, avec des interventions de sa femme, de ses fils, belle-fille et même petite-fille, avant de revenir sur ses films, le tout accompagné d’un texte sans grand relief dit par Daniel Russo, au ton typiquement télévisuel. Mais il y a tellement peu d’informations dans ce portrait plan-plan qu’on se demande ce qui a pris à ses auteurs de le faire durer aussi longtemps : 1h45 ! Là où 20 minutes auraient largement suffi ! Réalisé par Serge Korber, avec qui de Funès tourna L’Homme-orchestre et Sur un arbre perché, Louis de Funès intime est consternant de bout en bout, que l’on soit fan ou pas du bonhomme. En quelques clics sur la toile, on peut en apprendre tout autant, et même beaucoup plus ; on peut aussi se replonger dans des tas d’extraits, tout comme ici mais plus librement. On aurait donc pu s’attendre à un vrai plus, constitué d’analyses sur les ressorts comiques utilisés par de Funès, ou même sur les « secrets de tournage » forcément nombreux, comme la mise en place des chorégraphies du Grand restaurant ou de Rabbi Jacob par exemple. Rien de tout cela ou presque ! Bref, mieux vaut se replonger dans ses films que de se farcir celui-ci. A fuir.