Les Messagers – Danny et Oxide Pang
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The Messengers. 2007Origine : Etats-Unis
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La famille Solomon quitte Chicago dans l’espoir de se refaire une santé en cultivant du tournesol après deux années plus que difficiles. Le père leur a dégoté une ferme un peu à l’écart d’une tranquille bourgade, endroit qu’il considère idéal pour un nouveau départ. Ce qu’il ignore, c’est que les précédents occupants sont morts dans cette maison et y vivent toujours. Seuls les enfants les perçoivent mais ne comprennent pas ce qu’ils veulent.
Le film de maison hantée est un genre qui comprend quelques classiques (La Maison du diable de Robert Wise, notamment) mais également son lot de films plus que médiocres (Hantise, Sept jours à vivre) dont Les Messagers fait partie. Le prégénérique nous montre les précédents habitants se faire trucider par une force invisible, quasiment surnaturelle. Le tout dans un noir et blanc semblant nous suggérer que ces événements se sont produits il y a fort longtemps. Et bien non ! Ils se sont déroulés tout juste six ans avant la venue des Solomon. Il ne s’agissait donc que d’une coquetterie de la part des frères Pang.
A mon sens, pour qu’un film d’épouvante soit efficace, il faut que le réalisateur prenne le temps d’installer ses personnages, d’instaurer une ambiance et de distiller au compte goutte quelques touches de surnaturel. Or les frères Pang se contrefichent de tout ça. Les Solomon sont à peine arrivés que les occupants précédents se manifestent déjà. Oh, bien sûr, ils prennent bien soin de ne se montrer qu’aux enfants. Un adulte pourrait être pris au sérieux s’il venait rapporter aux autorités locales ce qui se trame chez lui. Mais qui croirait une adolescente ? Certainement pas ses parents à qui elle a eu le tort de mentir par le passé. Quant au petit frère, il est hors concours pour cause de mutisme. Son rôle se réduit à pointer du doigt les émanations spectrales. C’est pourtant pas beau de montrer du doigt !
La pauvre Jess (jouée par une Kirsten Stewart qui n’intéressait alors pas encore les ados) se retrouve donc seule contre tous. Ses parents ne la croient pas, et les fantômes se montrent particulièrement violents avec elle. Finalement, seuls les corbeaux la laissent tranquilles, ces derniers trouvant bien plus amusant d’enquiquiner son papa. Et le film d’avancer cahin-caha jusqu’à son terme, en intégrant au récit quelques personnages secondaires à l’intérêt variable. On dénombre donc Burwell, chômeur qui accepte de travailler pour Mr Solomon en échange du gîte et du couvert; un jeune garçon exécrable au basketball ; ou encore ce mystérieux et inutile banquier interprété par le “smoking man” en personne (les adeptes de la série Aux frontières du réel sauront de qui je parle).
La fin des Messagers semble répondre à un besoin saugrenu de surprendre à tout prix les attentes du spectateur. Et que cela aille à l’encontre de ce qui précéde importe peu. Les fantomes peuplant la demeure des Solomon se révélent être les victimes d’une force implacable et mystérieuse. Leur rôle, à en croire le titre du film, est donc de prévenir les nouveaux arrivants du péril qui les guette. Or leur mise en garde apparaît des plus musclées et pour le moins sélective. Jayce se fait violemment happer par les spectres avant d’être tout bonnement lacérée par le gamin fantôme. Tout ça dans le but de nous faire croire à nous autres, naifs spectateurs, que ce sont ces fantômes qui représentent l’unique danger du film. Mais à bien y réfléchir, cette manière de brouiller les pistes n’est pas le plus gênant. Plus problématique se révèle être l’absence de séquences réellement horrifiques. La faute à une mise en scène dépourvue d’audace, et à la présence de pantins en lieu et place de véritables personnages. Et puis mince, quoi ! Un mec qui voit son ventre traversé par une fourche ne peut pas se relever deux minutes après, se portant comme un charme, et capable de fournir d’éprouvants efforts !
Je me demandais pourquoi je voyais si peu de films fantastiques ces derniers temps. Et bien j’ai la réponse à présent. Le genre est malheureusement trop gangréné par ce type de films expédié à la va-vite par des réalisateurs plus désireux de se faire connaître que de réaliser un film un tant soit peu intéressant. Le cinéma fantastique est devenu son propre fantôme qui hante inlassablement les salles obscures.