Les Insatisfaites poupées érotiques du Dr. Hichcock – Fernando Di Leo
La Bestia uccide a sangue freddo. 1971Origine : Italie
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Par une belle nuit dans un château reconverti en hôpital psychiatrique de luxe pour jeunes patientes névrosées, un mystérieux tueur sévit…
Voilà donc pour l’intrigue, très mince, et qui se déroulera du début à la fin dans une incohérence totale. Pourquoi est-ce que le personnel de l’asile n’a pas eut l’idée de retirer les instruments de barbarie du moyen-âge (vierge de fer, dague, fléau, arbalette) qui décorent le château ? Pourquoi les flics repprochent aux médecins de ne pas les avoir appelé plus tôt, et que les mêmes médecins ne daignent pas faire remarquer qu’ils n’avaient pas encore trouvé les cadavres ? Pourquoi certaines patientes ont droit à des chambres individuelles avec salle de bain intégrée alors que d’autres sont parquées dans un dortoir qui n’a strictement plus rien à voir avec le reste du château ? Et surtout, pourquoi personne n’a remarqué le tueur alors qu’il se ballade de nuit, quand tout le monde se promène en secrèt dans les couloirs de l’hôpital ? Bref, Di Leo se fout éperdument de son histoire, qu’il concluera d’ailleurs par un ultime rebondissement légèrement capillotracté (fallait bien que quelqu’un soit le tueur, hein). Non, ce qui l’intéresse, ce sont les éléments les plus bisseux qui soient. En premier lieu, la construction de son giallo. Et il faut bien reconnaître que dans cet exercice, il réussit, le bougre. A part quelques effets de montage un peu trop péteux, il offre en effet de beaux éclairages et des plans très bien composés par des éclairages gothiques faisant quelque peu songer à du Mario Bava. Les apparitions de ce tueur vêtu d’une cape et dissimulé par des vêtements noirs de la tête aux pieds constitueront ainsi de belles petites séquences, du moins jusqu’à l’identification du coupable. Autre chose qui intéresse Di Leo : ses effets sanguinolents. Il faut dire qu’avec l’arsenal dont dispose le tueur (voir liste plus haut), il aurait tort de se priver… C’est ainsi que tout ça sera utilisé dans des scènes généreusement gores, du moins pour l’époque. Le dénouement du film se lâchera totalement à ce niveau là, plongeant dans des excès d’une gratuité bienvenue.
Et enfin, le dernier élément qui intéresse Di Leo : l’érotisme. Dernier mais non le moindre… Car ce n’est pas pour rien que le film fut coupé et remonté dans ses nombreuses versions. Flirtant parfois avec le X, le réalisateur filme ses belles actrices avec complaisance, sans aucune pudeur, et sous tous les angles. C’est ainsi que l’on aura droit à deux gros plans de masturbation (Di Leo favorisant clairement l’entrejambe de son casting féminin)… Le titre français -enfin celui retenu pour cette critique, car le film peut aussi se trouver sous l’appélation de La Clinique sanglante– ne s’y trompe pas et révèle clairement la présence des “poupées érotiques”, à savoir les patientes (plus une infirmière) : deux lesbiennes, une nymphomane, une psychopathe… De quoi largement remplir les trous du scénario. L’amateur appréciera que ces scènes érotiques soient toutes filmées de la même façon que le sont les scènes 100% “giallesques” : avec jeu d’ombres et de lumières, musiques stridentes et évidentes recherches au niveau composition du cadre. Il en ressort du coup une certaine poèsie macabre, comme par exemple la scène où la nymphomane (Rosalba Neri) tente de séduire le jardinier dans une serre aux roses rouges, ou encore cette même nymphomane sortant d’un rêve torride pour s’offrir au tueur, de passage dans sa chambre…
Il ne faut cependant pas s’attendre à du grand cinéma. Mais ces Insatisfaites poupées érotiques du Dr. Hichcock (le nom Hichcock prenant un “T” dans certaines versions… de toute façon tout le monde s’en fout, aucun personnage ne s’appelant comme ça) seront largement capables de satisfaire l’amateur de bis. Et puis il y a Klaus Kinski, dans un rôle de docteur ambigu…