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Le Triomphe de Robin des bois – Umberto Lenzi

triompherobinbois

Il Trionfo di Robin Hood. 1962

Origine : Italie 
Genre : Légende boisée 
Réalisation : Umberto Lenzi 
Avec : Don Burnett, Gia Scala, Samson Burke, Philippe Noël…

De retour des croisades, le Roi Richard Cœur de Lion s’est fait kidnappé par les français, qui exigent une rançon. Son infâme frère Jean sans terre en a profité pour s’auto-proclamer Roi d’Angleterre et s’est constitué une armée, dirigée par Sir Elwin et Lord Goodman. Fidèle à Richard, Robin des bois est bien décidé à faire cesser la félonie et a pris la tête d’une armée rebelle.

Il est toujours amusant de regarder les débuts de carrière des maîtres du cinéma “bis” italien. Prenez Umberto Lenzi, par exemple… Lui, le gaillard immoral derrière Orgasmo, Le Clan des pourris, Opération Casseurs, La Rançon de la peur et Cannibal Ferox a démarré sa carrière au début des années 60, une ère encore assez prude dominée par les films en costumes antiques ou médiévaux. Pour son troisième film, il réalise une très enfantine aventure de Robin des Bois, vaguement inspirée par les écrits d’Alexandre Dumas père et tout aussi vaguement influencée par les différentes légendes tournant autour du “Prince des voleurs”. Le Triomphe de Robin des bois ne fait pas qu’éviter tout ce qui pourrait être vu comme licencieux : il transmet des valeurs dignes de tout bon (?) conte qui se respecte. Le pouvoir de l’argent est néfaste, l’amour y’a que ça de vrai, trahir c’est mal, soutenir ses copains c’est essentiel, et il faut être gentil avec tout le monde. Robin est à ce titre un modèle de vertu : il est combattif sans être véhément, il est délicat avec sa promise (qu’il n’épousera que quand Richard sera revenu sur le trône) et il prête secours à tout ceux qui valent le déplacement, comme par exemple ce pauvre Guillaume “le rouge” (nommé ainsi non pour un quelconque penchant au centralisme démocratique mais en raison de sa chevelure rousse), en passe d’être exécuté par l’ignoble Elwin, ou encore Isabelle, la fille d’Elwin sur le point d’être mariée de force à un immonde nobliau. Le symptôme de l’homme parfait frappe encore, et Robin est l’âme providentielle qui porte secours à ses amis toujours un peu plus faibles. D’ailleurs tout le monde lui porte les égards dont il a droit : les braves gens tombent en pâmoison à l’évocation de son nom, et les méchants commencent à trembler. Il dispose aussi de ses faire-valoir bien dans la tradition (depuis 50 ans, leur profil n’a pas changé) : Petit Jean, l’homme fort un peu bêta qui n’a droit qu’à une scène pour accomplir ses exploits, et surtout Quasimodo, le bout-en-train toujours prêt à faire le pitre, à imiter par exemple le cheval. Assez lourds. Ce qui nous amène donc à Frère Tuck, le gros moine qui n’a rien d’autre à faire de tout le film que de nourrir les prisonniers et leur reprocher leur impolitesse (ils ne disent même pas merci !). Un peu à l’instar de tous les personnages, sa présence n’est dû qu’à la nécessité de cataloguer le film du sceau de “Robin des bois”. Compte tenu de la banalité des personnages, l’illustration du fameux mythe est dérisoire et Lenzi aurait aussi bien pu inventer ses propres personnages. Le pire étant certainement que Robin ne vole même plus aux riches pour donner aux pauvres, il se contente de vouloir remettre son Roi au pouvoir, ce qui ne manquera pas de lui faire obtenir un duché où n’en doutons pas il sera autrement plus juste qu’Elwin.

Le Triomphe de Robin des bois ne se distingue donc pas par ses enjeux. Nous sommes dans le cinéma pour enfant, avec son étalage de bonne humeur et de leçons de morales. Lenzi parvient malgré tout à tirer son épingle du jeu en densifiant beaucoup les aventures traversées par Robin et sa clique. Toujours en mouvements, ils nous font au moins profiter du charme de la forêt, où ils aiment à se battre timidement avec les armées ennemis en simulant de faux coups de poings que la mise en scène de Lenzi ne parvient pas trop à rendre crédible. Au moins ont-ils le mérite d’exister, ce qui n’est pas le cas de la plupart des combats à l’arbalète, puisque la caméra évite soigneusement de montrer les victimes pour se concentrer sur les tireurs. Pour le coup, le manque de budget sert bien la volonté de ne pas choquer les têtes blondes. Ce sera un peu moins le cas lors du climax, avec la tant attendue bataille entre l’armée de Richard et celle de Jean, où les régents en compétition ne disposent que d’une dizaine d’hommes chacun pour faire basculer le destin de l’Angleterre. Bien entendu, en dix minutes le match est plié, principalement grâce au malicieux Robin et à une ruse dont il a le secret. Assez étonnement quand l’on songe à la suite de carrière d’Umberto Lenzi, ce sont les enlèvements, les missions dans la gueule du loup ou même les embrouillaminis sentimentaux (familiaux ou amoureux) qui construiront tout le rythme du film, lui donnant un certain attrait naïf propres aux films historiques “romancés”. Leur utilité dans l’histoire est dérisoire, mais ils ajoutent une plus-value à ce simple duel qui se fait attendre (le temps que Richard rentre de France, on ne sait trop comment).

Manquant tout de même grandement d’identité, Le Triomphe de Robin des bois s’est logiquement perdu dans la masse des films en costumes, de laquelle je ne l’aurais moi-même pas forcément extrait si il n’avait pas été réalisé par Umberto Lenzi. Il faut croire que les éditeurs de Videobox (qui ont sorti le film en VHS) n’en espéraient même pas tant, puisqu’ils n’ont même pas pris la peine de retirer les sous-titres néerlandais.

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