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L’Espion qui m’aimait – Lewis Gilbert

espionquimaimait

The Spy who loved me. 1977

Origine : Royaume-Uni 
Genre : Action 
Réalisation : Lewis Gilbert 
Avec : Roger Moore, Barbara Bach, Richard Kiel, Curd Jürgens…

Ce dixième James Bond (le troisième de l’ère Roger Moore) ne présente rien d’autre que l’histoire de On ne vit que deux fois transposée dans le monde sous-marin. Là aussi il s’agit pour Bond de déjouer les plans d’un vilain terroriste qui prévoit de faire main basse sur la planète en détruisant les deux superpuissances mondiales, les États-Unis et l’U.R.S.S. Les navettes spatiales sont ici des sous-marins nucléaires, et le méchant (Stromberg remplace Blofeld, et le requin de l’un remplace les piranhas de l’autre) souhaite détruire lui-même ces nations, plutôt que des les manipuler jusqu’à ce qu’elles se détruisent entre elles. Mais autrement, les deux films sont extrêmement similaires et sont d’ailleurs tous deux réalisés par le même homme, Lewis Gilbert. Il faut dire que les producteurs n’ayant pas eu le droit d’adapter le roman de Ian Fleming (seul le titre fut laissé à leur disposition), leur source d’inspiration principale s’en est trouvé tarie, ce qui les a sûrement motivé à jouer la carte de la sécurité en reprenant une histoire connue, en misant avant tout sur quelques points de détails divergents et sur un personnage de James Bond différent de celui campé par Sean Connery en 1967. Car l’agent 007 possède désormais la griffe de Roger Moore : moins froid, moins brutal, plus sensible aux bons mots. On ne dira pas que l’histoire du film perd beaucoup au change, car il demeure une forte dose d’action tout comme dans On ne vit que deux fois (notamment le final, avec fusillades et explosions), mais en tout cas en se basant sur un sujet similaire, L’Espion qui m’aimait illustre bien la différence entre le James Bond des années 60 et celui des années 70. Les différences ne concernent pas uniquement Bond en lui-même, mais aussi tout le traitement réservé au film.

Ici, l’humour occupe une place bien supérieure à celle attribuée dix ans plus tôt, et c’est ainsi que l’on verra débarquer un personnage comme Jaws (Richard Kiel), grosse brute muette à la mâchoire de fer, un peu hors-sujet et dont les confrontations avec Bond sont avant tout des prétextes à un mélange d’action et de comédie (Jaws aimanté au niveau des dents, où encore Jaws se battant avec un requin). On imposera également davantage la principale James Bond Girl, ici l’agent soviétique XXX, acolyte de 007 pendant tout le film, symbole du dégel entre le Royaume-Uni et l’Union Soviétique. Incarnée par Barbara Bach (qui n’était pas encore Madame Ringo Starr), son utilité dans l’intrigue prendra bizarrement des degrés variables selon les situations. Ainsi, le début sera plutôt intéressant, puisque l’association forcée entre les deux agents secrets s’accompagnera d’un conflit d’ego doublé d’une certaine tension sexuelle qui s’écroulera lorsque XXX et 007 se seront définitivement réconciliés, donnant au personnage de Barbara Bach une platitude de potiche assez commune. La relation entre les deux se pimentera un peu vers la fin, malheureusement avec un artifice complètement stupide (XXX découvrant que James Bond est l’assassin de celui qui fut son grand amour). Et puis il y a la trop éphémère Caroline Munro, superbe, qui aura le don de rendre un peu jalouse l’espionne soviétique, mais qui mille fois hélas sera vite mise hors-jeu. Il est dommage que ces James Bond Girls soient traitées de façon si hasardeuse, car les deux actrices choisies sont toutes deux parfaites.

A part ça, pas grand chose d’autre à signaler : l’action, comme on l’a vu très présente, est parfois assez kitsch (la voiture sous-marine) et le méchant sera une pâle copie de Blofeld, a qui l’on prête des intentions de terroriste écologiste (qui veut tout de même balancer deux bombes nucléaires sur deux des plus grosses villes du monde, mais enfin bon, passons). Le tout n’est pourtant pas désagréable, et l’ajout de quelques nouveaux éléments par rapport à On ne vit que deux fois évitera l’impression de redite tout en gardant les points fort de l’intrigue, et permettra de mieux cerner deux périodes distinctes de la saga James Bond.

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