Hollywood Homicide – Ron Shelton
Hollywood Homicide. 2003.Origine : États-Unis
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Les membres d’un groupe de rap sont massacrés dans une boîte de nuit au coeur de Hollywood. La police locale dépêche sur les lieux du crime son meilleur élément, Joe Gavilan (Harrison Ford), accompagné de son partenaire de fraîche date, K.C. Calden (Josh Hartnett). Bien que consciencieux, les deux hommes se débattent avec des problèmes d’ordre plus personnels. Joe aimerait bien vendre à un bon prix une propriété qui l’encombre quand K.C. s’interroge sur son avenir dans la police, lui qui se rêve comédien. En outre, cette enquête pourrait bien être la dernière du duo. Confrontés à la vindicte d’un officier des affaires internes, ils leur faut redoubler d’efforts pour garder le cap et les commandes de cette affaire.
Ron Shelton s’est fait pour spécialité la réalisation de films dans les milieux sportifs : le golf avec Tin Cup, le basket avec Les Blancs ne savent pas sauter ou encore la boxe avec Les Adversaires. Puis, sans crier gare, il réalise un polar sombre que magnifie la prestation de Kurt Russell, Dark Blue. Tiré d’un scénario original de l’écrivain James Ellroy, qui n’a pas de mots assez durs pour fustiger le résultat à l’écran, Dark Blue revient sur les émeutes de South central consécutives à l’affaire Rodney King. Âpre et parfaitement maîtrisé, Dark Blue détonne au sein de la filmographie de son auteur, qui s’était jusque là plutôt cantonné à des films gentillets et inoffensifs. De cette réussite improbable découle une attente inattendue pour son film suivant puisqu’il renoue pour l’occasion avec le polar avec nul autre qu’Harrison Ford en tête d’affiche.
En cette entame de 21e siècle, l’étoile d’Harrison Ford a bien pâli. S’il demeure une star rentable, son exigence ne semble plus la même et on peine à trouver un fil directeur entre des films comme Air Force One, Six jours, Sept nuits ou encore Apparences. Comme cela avait déjà été le cas avec Ennemis rapprochés, Hollywood Homicide le confronte à une nouvelle star montante, en l’occurrence Josh Hartnett (The Faculty, Halloween 20 ans après). Il est arrivé à un âge où il doit jouer les mentors, même si nous ne sommes pas loin ici d’un certain paternalisme amusé. Avec Hollywood Homicide, Ron Shelton reprend les bonnes vieilles recettes du buddy-movie tout en les accomodant à sa sauce. Ainsi, malgrè une très nette différence d’âge, il n’est jamais question d’un conflit intergénérationnel entre les inspecteurs Gavilan et Calden. Ron Shelton joue plus volontiers des rapports père-fils. Joe Gavilan et K.C. Calden ont suffisamment de soucis en tête sans avoir en plus à se dépatouiller d’une lutte d’égo. Gavilan, divorcé trois fois, peine à joindre les deux bouts, ce qui l’oblige à jongler entre son boulot de flic et celui d’agent immobilier. Quant à Calden, il souhaite quitter la police pour se lancer dans une carrière de comédien. A ces problèmes personnels s’ajoute l’inspection des services qui leur cherche des noises. Dans ces conditions, on comprendra aisément que leur enquête représente le cadet de leurs soucis. Qu’on se rassure, même préoccupés, les deux policiers parviendront à rendre justice, bien aidés en cela par des coupables tout sauf insaisissables.
C’est marrant comme certains films poussent à l’indulgence. Hollywood homicide est de ceux-là. L’intrigue policière a beau être fort mince, on se laisse bercer par le rythme paisible de cette enquête, et on s’amuse des gesticulations de Gavilan, ce dernier mettant plus d’énergie à tenter de vendre la maison d’un riche producteur plutôt qu’à alpaguer les coupables. Toujours à son aise dans le registre de la comédie, Harrison Ford convainc davantage lorsqu’il joue un vieux beau fort en gueule plutôt qu’un super président éradiquant toute présence communiste de son avion. Il se démène comme un beau diable, n’hésitant pas à en faire des tonnes. Et son association avec Josh Hartnett fonctionne plutôt bien, même si ce dernier ne peut que s’effacer devant la prestance et le charisme de son aîné. En ces temps où la surenchère est reine, il s’avère parfois bien sympathique de se plonger dans un film bon enfant, et sans autre prétention que d’offrir un spectacle correct même si dénué d’originalité.